Chapitre I

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Elle venait d’arriver devant ce gigantesque portail de fer. Elle se sentait petite, il est vrai que c'était impressionnant, alors qu'elle n'était encore rien ni personne. Elle tenait ses maigres bagages décorés de dizaines de stickers. Son cœur palpitait dans sa poitrine, elle pouvait le sentir tant il s’affolait. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’elle faisait là, elle avait juste écouté ce qu'on lui avait dit sans réellement réfléchir à ce que cela impliquait. On lui avait assuré qu'elle serait bien, et même si elle y croyait moyennement, elle s’était laissée guider, n'ayant rien à perdre.

Elle contemplait le portail. Il était définitivement immense, fait de barrières de fer peintes en noir, on apercevait au centre le blason de l'établissement. Un quartier de lune givré. Elle passa ensuite son regard à travers les barreaux, elle vit alors nettement l'immense allée qui s’offrait à elle et qui menait jusqu'au bâtiment. Les parterres de fleurs étaient taillés à la perfection et la pelouse tondue sans imperfection. Elle eut soudainement envie de s'enfuir en courant, persuadée qu’elle n’avait rien à faire ici. Cette école semblait si prestigieuse, et elle était si misérable depuis toujours, elle ferait tâche si elle s’avisait de pénétrer ces lieux. Elle s’imaginait les étudiants tous en uniforme, les filles coiffées avec des chignons irréprochable, tous surdoué faisant ainsi la fierté de leurs parents. Mais alors qu'elle saisissait la poignée de sa valise pour partir, une silhouette se dessina au loin. Elle avançait dans sa direction et les portes du grillage s'ouvrirent devant elle, sectionnant le quartier de lune en deux. Devait-elle avancer ou attendre sagement que l'on arrive à sa hauteur ? Elle osa avancer alors seulement de quelques pas, dépassant à peine le seuil du portail. Mais ces pas étaient significatifs de son entrée officielle dans cet établissement. Le fameux point de non-retour. Sa respiration s'accélérait et elle sentait la tension compresser ses omoplates et ses cervicales. Elle hocha rapidement la tête espérant ainsi être plus discrète. Mais cela ne changea rien et cette sensation se renforçait à mesure que la silhouette se dessinait, jusqu'à ce qu'elle devienne parfaitement nette. Une femme, plutôt petite, pourtant chaussé d’une paire de talon. Elle était comme elle l’avait imaginé, vêtue d'un tailleur jupe pourpre, avec sous sa veste une chemise blanche, et une broche de l'insigne de l'école sur le cœur. Ses cheveux grisonnant coupés au carré avec une frange, et ses lunettes rectangulaire lui donnaient une allure stricte. Sa démarche assurée n'avait rien pour rassurée la nouvelle arrivante. Elles étaient si différentes. Elle se sentait honteuse de se présenter ainsi. Avec ses cheveux mi-long aux couleurs d’argent et ses piercings sur le nez et la lèvre inférieure. Ses vêtements n’avaient rien de plus présentable. Un vieux tee-shirt noir qui laissait voir son ventre, surpassé par une veste bariolée, un pantalon taille haute noir et de simple basket. Elle remit alors en vitesse quelques mèche de cheveux qui tombaient sur son visage puis la voix de son allocutrice l'interpella, la forçant à relever la tête.

"- Bienvenue mademoiselle Sinklade. Je suis Myriam Brouge, l’adjointe du directeur. Vous avez fait un bon voyage ?" Sa voix douce et chaleureuse apaisait un peu les pensées agitées de la jeune fille qui articula la bouche sèche.

"- Très bon, merci. Même si je dois avouer que c'était un peu long.."

"- Je vous comprends. Ne vous en faites pas, vous allez avoir le temps de vous reposer. Nous allons vous montrer votre chambre immédiatement." Elle se remit en marche, rebroussant chemin, en direction du bâtiment. L’arrivante la suivit de prêt, ne souhaitant pas se retrouver seule dans un si grand endroit, encore inconnu. "Je voulais d’ores et déjà m'excuser, je ne pourrais pas vous faire moi-même visiter notre campus, nous avons une réunion de la plus haute importance. Mais nous avons demandé à Avelyne Siñerra, une de nos étudiantes, de vous montrer tout ce qu'il y a à voir."

"- Merci... et ne vous en faîtes pas... Je suis certaine que cette ... Avelyne sera très bien."

"- Oh c'est certain ! Cette enfant est un vrai bijou ! Je suis sûre que vous vous entendrez bien."

When The Night's OverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant