Chapitre III

4 0 0
                                    

Voilà deux heures que ses yeux s'étaient ouverts. Ils étaient bleus comme l'océan, leur petites pupilles noires fixant le plafond blanc. Elle ne se sentait pas vraiment là, elle avait du mal à reconstituer ce qui s'est passé. Elle se rappelait vaguement avoir été frappée par Jugde, et il lui semblait avoir entendu une autre voix avant de sombrer. Elle n'en était pas sur, elle était seule depuis son réveil, elle avait essayé de parler mais aucun son n'était sorti. Elle n'avait alors même pas voulu tenter de bouger. Elle ignorait depuis combien de temps elle était là, depuis combien de temps elle dormait. Elle ne savait pas bien si elle désirait le savoir. Elle se sentait vide et fatiguée. Seule ses paupière papillonnaient, intervertissant ainsi blanc et noir. Alors sans savoir pourquoi, sa vue se flouta et les larmes dévalèrent la pente de ses joues. C'était une course effrénée, que même le ravin menant à sa gorge ne stoppait pas. Mais alors qu'elle aurait voulu les sécher, une main froide se posa sur sa joue et le fit pour elle.

"- Chhht.. doucement..." lui murmura-t-on.

Elle fut surprise par cette sensation de froid qui glaça doucement sa pommette. Elle détourna le regard pour voir de qui il s'agissait, elle ne connaissait pas cette voix, mais elle reconnaissait ce regard. Elle l'aurai reconnu entre mille. Alors elle le regarda enfin, curieuse de le découvrir. Un jeune homme, sans nul doute plus vieux qu'elle, le teint halé, des cheveux noir, tombant légèrement sur son front. Mais ce qui attira son attention par dessus tout, ce fut son regard. Elle l'avait tant cherché, tant imaginé. Et il était aussi spécial que dans ses rêves, et bien mieux encore. Ses yeux couleur de jade, dans lesquels se mêlaient de fins liserets violets. Elle plongea son regard dans le sien, essayant de descellé un semblant d'information, qui était-il ? Etait-ce Cryo ? Ou bien un autre ? Que faisait-il là ? Était-ce lui qui l'avait aidé ? Qu'elle avait cru entendre ? Mais au fond de lui, elle ne vit que le froid, que le givre, et la mort. Elle aurait pu avoir un mouvement de recul, avoir peur, être déstabilisée. Mais les morceaux du puzzle concordait à merveille, alors malgré un sentiment d'effroi, elle resta à le regarder.

"- Tu... Cryo...?" Souffla-t-elle péniblement mais pleine d'espoir. Sans doute trop pleine d'espoir, mais elle voulait y croire, elle voulait croire qu'elle allait obtenir des réponses. Qu'elle comprendrait enfin se soutient, qu'il aurait un visage, un prénom, un vrai regard dans lequel se rassurer, et pas seulement une sensation. Elle ne décrochait pas son regard de lui, elle pouvait deviner sa respiration calme et régulière.

Il ne fut pas déstabilisé par la question, il retira doucement sa main de sa joue et s'appuya contre la table de nuit. Il sentait comme elle avait besoin de son regard, comme elle se réfugiait dedans, alors il fixait lui aussi ses yeux. Bleu, comme l'océan, comme le givre, comme le bleu du ciel au printemps. Son teint de porcelaine, ses long cheveux d'argent. Elle était belle, semblable à une ancienne poupée de porcelaine que le temps avait bien conservé. Mais il était bien le premier à savoir que le physique ne témoignait en rien de ce qu'il cachait. Une enveloppe avec un beau cachet, pouvait contenir la pire des nouvelles.

"- Oui... c'est moi..." répondit-il curieux de connaître sa réaction, mais la redoutant un peu, suite aux "on dit".

Il était bel et bien là, face à elle, il l'avait touché. Il l'avait aidé, comme elle l'avait pressenti. Elle aurait sans doute espéré que cela lui apporte des réponses, mais cela créa en fait bien plus de question. Elle ne pouvait pas toutes les poser, elle ne savait pas par où commencer. Tout était trop flou.

"- Il est jeudi, c'est 11h30. Tu as dormi presque deux jours entiers." Lui expliqua-t-il. "Tu as assez mal encaissé le déclenchement de ton pouvoir. Tu t'en remettra assez vite... pour tes blessures rien de grave."

"- C'est... j'ai quoi comme pouvoir ?" Demanda-t-elle se souvenant juste d'une apparition lumineuse.

"- Sans doute un pouvoir qu'il aurait mieux fallu que tu n'ai pas Oria." sa voix se refroidit. "Il faudra en reparler plus... sérieusement quand tu iras mieux. En attendant, si on te demande, contente toi de te dire que tu te sers de l'énergie de la terre. Compris ?"

When The Night's OverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant