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Mon réveil sonne et je coupe le son agressif en grognant. Je ne veux pas aller à l'école. Je ne peux pas. Premièrement, je ne connais pas la ville, ni ses habitants, donc je ne connais pas l'école. Deuxièmement, Amaelis n'est pas là pour me supporter comme avant... C'était elle la forte entre nous deux. C'était elle la plus extravertie, la populaire, celle que les filles enviaient et que les garçons voulaient être avec. Moi, je ne suis rien sans elle.

Je me lève et va dans ma salle de bain. J'observe dans le miroir mon visage et je suis surprise par ce que je vois. Je n'y vois plus les deux grands yeux bleus perçants et joyeux. Je ne vois plus le sourire illuminé. Je ne vois plus la belle peau, pâle mais éclatante. Je vois maintenant des yeux, toujours bleus perçants, mais ternes et mort. Je vois maintenant un rictus triste, que même l'anneau qui le traverse n'arrive pas à rendre joyeux. Et je vois maintenant un teint plus pâle qu'à l'habitude, et ce, malgré le soleil de Sydney. Je suis morte. Je me chuchote:

«J'attends toujours qu'ils viennent me chercher...»

***

Après avoir pris ma douche, j'enfile un skinny jeans noir et troué, une camisole noire sur laquelle on peut lire ''All Time Low'' dessus et mes converses complètement noires. Je termine mon ensemble par une tuque grise sur mes cheveux roux vifs naturellement bouclés et par mon sac adidas en bandoulière. Je sors de la maison, prenant la route vers ma nouvelle école.

L'école est immense et des centaines d'élèves se promènent sur le campus, racontant leurs vacances et riant, heureux de leurs retrouvailles. Moi, je me fais toute petite, évitant tout contact humain, et je trouve le bâtiment de l'accueil. Je m'asseois dans une chaise libre, apeurée. Je l'entends. J'entends Amaelis m'encourager à continuer, mais je sais qu'elle n'est pas là. Les larmes me montent aux yeux. Un bruit attire mon attention et je lève les yeux sur un garçon. Ses yeux. Bleus perçants.

- Non papa, reste avec moi!

- Je t'aime Aislinn. Je t'aime.

Les larmes roulent sur mes jouent. Je fixe les yeux bleus de mon père alors que je vois la vie les quitter.

Je recule plus, calant complètement mon dos sur le dossier de la chaise. Vas-t-en. Ne me regarde plus. Le garçon hausse les épaules et sors du breau, alors qu'une dame appelle mon nom.

''Aislinn O'Toole?

Je me lève et entre dans une deuxième pièce.

''Bonjour Aislinn'' me dit la dame - la directrice, je crois - derrière ses lunettes.

Je ne réponds pas, me contentant de regarder le plancher.

''Je suis désolée pour ce qui est arrivé à votre famille'' me dit-elle. ''Je crois que vous allez vous plaire ici. Nous allons faire en notre possible pour bien vous intégrer''.

Elle met devant moi des papiers aux couleurs de l'école, un horaire (sûrement le mien) ainsi que des fiches à faire remplir par «mes parents».

''Me plaire ici? Vous voulez qu'une fille morte soit heureuse? Ça n'arrivera pas!'' Les larmes coulent maintenant le long de mes joues. ''Ma vie est partie en même temps que la leur, le monde est juste trop cruel pour m'avoir laissée les rejoindre!''

Je ramasse mes papiers et sors du bureau en courant, en même temps que le son de la première cloche. Je regarde rapidement mon horaire, puis le plan, et me dépêche de trouver ma première salle de classe. Anglais.

J'entre et je donne ma présence à la femme derrière le bureau. Je vais directement m'asseoir dans le fond, tâchant de sécher mes larmes. Je sens le regard de la professeure sur moi, curieuse d'en apprendre plus sur sa nouvelle élève. Eh bien, ça n'allait pas arriver.

Alive Again || Michael CliffordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant