Alive Again || Michael Clifford

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Michael se retourne vers moi, prêt à commencer. Je décide de l'ignorer et de dessiner des petits dessins sans importances sur mon cahier de musique.

''Aislinn, peut-être qu'il faudrait commencer...''

Je me retourne vers lui et soupire. Je ne veux pas travailler avec lui. Ni avec personne d'autre d'ailleurs. Je veux rester seule. Je ne peux pas m'attacher à quelqu'un si c'est pour m'en aller et les abandonner, non?

''Mouais... Tu joues quoi comme instruments?''

''Je joue de la guitare. Toi?''

''Piano, et un peu de guitare. Mais je suis nulle. Mon père était en train de m'apprendre à en jouer avant qu'il...'' Je me tais. J'en ai trop dit. Les larmes me mouillent les yeux. Je détourne le regard, gênée de pleurer devant Michael, qui n'est qu'un inconnu après tout. Mais il en a décidé autrement. Il prend mon menton entre ses doigts et retourne ma tête pour que je lui fasse face.

''Aislinn...''

''Lâche-moi!'' Je retire violemment sa main de mon visage et me lève. ''Ne me touche plus jamais de ta vie, compris?'' Sur ces mots, je sors de la classe, sans mes choses et sans l'accord de la professeure. Je sors du bâtiment et m'écrase sur la pelouse, pas très loin de l'entrée. Je m'accote contre un tronc d'arbre et pleure. Je suis tannée de pleurer. Je suis tannée d'être seule. Pourquoi ai-je été laissée derrière? Pourquoi ne m'ont-ils pas amenée avec eux?

Après quelques minutes, je me calme. Je m'apprête à me relever et retourner en classe lorsque je vois une tête blonde et noire courir hors de l'école. Michael. Il s'arrête et regarde autour de lui, comme s'il cherchait quelque chose. Comme s'il me cherchait, moi. Lorsqu'il pose finalement ses yeux sur moi, il se met à avancer dans ma direction. Non! Pourquoi?

''Aislinn, ça va?'' Il s'asseoit à côté de moi.

''J'ai l'air de bien aller? Et qu'est-ce que tu fais ici? Tu devrais être en classe. Retourne voir Calum ou Luke. Ils pourront sûrement travailler avec toi, et c'est ce que tu veux, n'est-ce pas?'' Je commence à jouer avec les grains de gazon.

''La prof m'a envoyé te chercher.'' Il fait une pause, soudain plus sérieux. ''Mais j'ai pas envie d'y retourner tout de suite. Je me demandais... Que t'est-il arrivé?'' Il détourne le regard et regarde ses pieds, gêné par sa question.

''J'attends. C'est tout. J'attends que l'on vienne me chercher.'' Je regarde droit devant moi.

''Te chercher? Tu as appelé ta mère?''

''J'aimerais tellement pouvoir...'' je murmure.

Michael tourne sa tête vers moi, surpris par ma déclaration. J'imagine que je n'ai pas murmuré assez bas. ''Je suis désolé...''

Je sens une larme rouler le long de ma joue. D'un coup de pouce, je l'essuie. Michael en a déjà trop vu.

''Je sais à quel point tu peux être blessée, le père de mon ami Ashton est parti lorsqu'il était jeune. Il a grandi sans lui et j'imagine la douleur de vivre sans un parent...'' Non. Je me sens dégoutée tout d'un coup. Je me lève rapidement, choquée par les propos de Michael.

''QUOI?! NON, TU NE CONNAIS RIEN DE MOI MICHAEL CLIFFORD, RIEN. NE ME COMPARE PAS AUX AUTRES PARCE QUE CE N'EST PAS DU TOUT LA MÊME CHOSE, OK?''

Je retourne en classe. La prof me regarde, inquiète, mais je l'ignore et rassemble mes choses.

''Mademoiselle? Vous allez bien?'' Toute la classe nous observe, fascinée par la scène. Michael arrive sur ces entrefaites, complètement perdu.

''Oui, madame, je vais bien. J'ai téléphoné à ma mère, je retourne chez moi. Ça ira sûrement mieux demain. Bonne journée.'' Je tourne les talons et bouscule Michael au passage, qui est resté dans le cadre de la porte.

''Votre mère? Mademoiselle O'Toole, revenez ici tout de suite!'' Mais trop tard. Je suis déjà partie loin, hors de l'école.

***

Je rentre «chez moi» et je claque violemment la porte d'entrée. Je suis en avance d'au moins 30 minutes, on s'entends que j'ai quitté l'école avant le temps et vu que j'habite tout près de l'école, je me suis rendue en un rien de temps.

''Aislinn? C'est toi?'' Je soupire à l'appel de ma tante. Oui, c'est moi. Qui d'autre entre comme ça chez elle? Elle est célibataire et selon mes expériences, les amis cogne avant d'entrer.

''Oui.'' Je ne réponds rien d'autre et vais dans la cuisine me prendre un verre d'eau. Je bois une gorgée de ma boisson, me retourne et vois ma tante qui se tient devant moi, les bras croisés sur la poitrine et un regard qui dit «des explications et vite» sur le visage. Oh-oh.

''L'école se termine dans 20 minutes Aislinn. Qu'est-ce que tu fais ici? Je te jure, si tu me dis que tu as manqué ta dernière période, je vais...''

''Tu n'es pas ma mère.'' Je la regarde droit dans les yeux. Mes paroles m'ont fait mal, mais je dois me montrer forte.

''Non, mais je suis sa soeur, et tu vis avec moi maintenant. Tu me dois le respect.''

''Je vis ici en attendant qu'ils viennent me chercher, Brittany. Après, tu vas te retrouver seule à nouveau.'' Elle me regarde avec un regard triste dans les yeux.

''Aislinn, quand vas-tu te rendre compte qu'ils ne sont plus là, qu'ils ne reviendront plus? Ils sont morts, Aislinn, morts et enterrés. Tu ne les reverras plus.''

''NON! ILS NE M'ABANDONNERAIENT JAMAIS! JE SUIS ICI PAR ERREUR!'' Je bous en dedans de moi, mais pas seulement de colère. Je suis triste, parce qu'ils sont partis sans moi. Je suis perdue, parce que je ne les vois plus tous les jours même si j'ai besoin d'eux. Je suis en colère parce que tout le monde veut «m'aider», et ce, même si je n'ai pas besoin d'aide. Je suis dépressive et mal dans ma peau. Qu'ont-ils fait pour mériter de finir comme ils ont fini? Qu'ai-je fait pour mériter de rester ici, seule et perdue?

''Je suis désolée, Aislinn. La vérité fait mal à entendre, mais tu dois ouvrir tes yeux. Tu as besoin d'aide pour t'en sortir. Pas nécessairement d'un psy, mais peut-être d'un ami, où...''

''JE NE VEUX PAS D'AMIS! Je n'en veux pas...'' Les larmes coulent plus que jamais. ''Je ne mérite personne. Je suis un monstre, je vis alors qu'ils sont tous partis. Je suis une terrible fille. Une terrible soeur. Je ne vaux rien...''

Je sors de la cuisine en courant et monte à l'étage. Je m'enferme dans ma chambre. Je ne veux pas voir personne, ni parler à personne. Je veux juste oublier. Oublier la douleur que je ressens depuis un mois maintenant. La douleur intérieure, celle de mon âme brisée.

Je me lève et vais aux toilettes. En me lavant les mains, je le vois sur le bord du lavabo. Mon rasoir. Tout d'un coup, la lame me semble très attrayante... Je démonte le rasoir et me retrouve avec la lame dans mes petites mains pâles, qui tremblent. Une grosse larme s'écrase contre le lavabo et j'appuie la lame sur mon avant-bras. Et je la glisse. La douleur est aigue, mais beaucoup moins douloureuse que celle de mon âme. Donc, je continue. Deux lignes, puis trois, puis quatre. J'en fait aussi sur mon autre bras. Puis, je lâche la lame et m'écrase sur le sol.

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Je suis désolée si ce genre de sujet vous met mal à l'aise, mais cette histoire n'est pas rose bonbon. C'est plus sérieux, plus triste. C'est une histoire d'espoir. Sachez qu'il y en a toujours. Ce qu'a dit Brittany est vrai: il faut en parler. À n'importe qui. Je vous aime toutes (et tous?) xx