Tout a commencé en 1985, lorsqu'une jeune et belle Irlandaise de 16 ans, Maureen Kelly, élève studieuse, alors en échange universitaire de deux ans en France, tomba amoureuse d'un Français de 21 ans, qui se présenta sous le nom de Loïs, qui après réflexion n'était certainement pas son vrai prénom, son âge non plus d'ailleurs. Maureen pensait qu'il était l'homme de sa vie. Elle commençait déjà à imaginer comment ils feraient pour se parler quand ses deux années seront terminées, quels moyens de transports elle prendrait pour venir le voir pendant les vacances, à moins que ce ne soit lui qui vienne en Irlande, etc...
Il ne lui aura pas fallut attendre longtemps pour la convaincre de coucher avec lui. Puis quelques jours plus tard, il lui a dit qu'il devait aller voir sa mère qui était malade, et qu'il en aurait certainement pour plusieurs jours, et qu'il ne fallait surtout pas qu'elle s'inquiète. Bien sûr elle le cru, elle buvait littéralement chacune de ses paroles.
Au bout de quatre jours, elle commençait à se demander pourquoi il ne l'avait pas appelé, mais ne se posa pas plus de questions. Puis les jours se transformèrent en semaines, et Maureen, qui jusque là avait décidé de lui faire confiance et qui ne s'inquiétait pas, décida tout de même de l'appeler, au moins pour lui demander si sa mère était rétablit. Je vous laisse imaginer sa stupéfaction lorsque la boite vocal lui dit que " ce numéro n'est pas attribué ". Elle retenta les semaines suivantes, puis les semaines se transformèrent cette fois ci en mois. C'est là quelle commença à voir la triste réalité des choses : Loïs n'avait jamais existé et leur fabuleuse histoire d'amour non plus.
C'est finalement le 3 Septembre 1986, lors de la rentré des classes que Maureen eut des mots de ventres atroces, elle demanda alors à aller aux toilettes. Une fois dedans, elle qui avait pensé avoir ses règles se souvint qu'elle les avait déjà eut deux semaines auparavant. Elle retourna alors en classe, pensant que la douleur finirait bien par partir. C'est pendant son cours de sport que la douleur devenait insupportable, mais peut importe la situation le prof de sport les obligeait à courir. Puis c'est quand elle fit un malaise qu'elle eut l'autorisation d'aller à l'infirmerie. Une fois là bas, l'infirmière lui donna un sucre, puis lui dit qu'elle pouvait retourner en cours. C'est alors que la pauvre Maureen commença à se plier en deux de douleur, elle poussait de tels cris que tout l'établissement l'entendait, les infirmières pensèrent d'abord à une comédie pour ne pas retourner en cours, mais c'est quand elle commença à vomir qu'elles appelèrent une ambulance.
Une fois à l'hôpital, personne ne comprit se qu'il se passait, c'est alors par miracle que deux sages-femmes remarquèrent qu'elle avait perdu les eaux et qu'elle était en train d'accoucher. Mais la douleur était tellement forte qu'il lui était impossible de le faire par voies naturelles, le seul moyen était la césarienne. Pendant qu'on l'endormait, une des sages-femmes, Amandine, qui allait procéder à son premier accouchement, lui expliqua qu'elle avait fait un déni de grossesse et que le fait de courir avait déclenché le travail. Mais Maureen était intelligente, et lui demanda de s'approcher. Avec le peu de force qui lui restait, elle agrippa son épaule et lui dit droit dans les yeux :
-" Si jamais l'opération devait mal se passer..." La sage-femme l'interrompu et essaya de la calmer. Maureen lui répondit fermement :
-" Si jamais ça se passe mal ... sauver mon enfant, et prenez-en soin, promettez-le moi. Et si c'est une fille ... appeler la Eloïse comme ma sœur,... Eloïse Marie Kelly." Puis elle se calma et finit par s'endormir.
Et effectivement Maureen avait eu raison, c'était bien une fille, c'était son Eloïse. Mais malheureusement elle avait aussi vu juste sur le fait que ce serait la seule qui survivrait. Et c'est alors le mardi 3 septembre 1986 à 16h12 précisément, que notre protagoniste était née.
L'hôpital chercha d'abord le père pendant plusieurs semaines, sans résultat. L'hôpital avait déjà prévenu la famille de Maureen en Irlande mais aucun des grands-parents ou membre de la famille de la pauvre enfant n'en voulait, car pour eux, c'était elle qui avait tué leur fille chérie. Ils cherchèrent quelqu'un pendant près de quatre semaines avant de devoir la confier pour de bon aux services sociaux. Durant les premiers mois de vie d'Eloïse, des couples venait presque tous les jours pour la rencontrer et peut-être procédé à une adoption, mais à chaque fois ces personnes trouvait toujours la même chose à dire :
-" Nous aurions pu l'adoptée, ... si seulement elle n'avait pas les cheveux roux. Elle est trop différente de nous."
Et ce fut comme ça pendant 6 longues années. Jusqu'au jour où une jeune femme qui approchait la trentaine, blonde aux yeux vert, d'origine allemande demanda à la rencontrer, avant même de la voir, la directrice lui suggéra que si sa couleur de cheveux la dérangeait, elle pourrait toujours lui faire faire une coloration plus tard. La dame s'approcha d'Eloïse, la regarda, et ce fut d'ailleurs la première à voir à quel point ses cheveux et ses yeux pouvaient être magnifiques. Elle lui releva délicatement la tête de sa main gauche et lui dit :
-" Tu es le portrait craché de ta mère, tu sais que c'est moi qui est aidé ta mère à te mettre au monde, tu as été la première de toute ma carrière. Ça te dirais de repartir avec moi ? " En effet la jeune sage-femme décida d'honorer sa promesse et de prendre soin d'Eloïse.
La petite lui répondit " oui " en souriant pour la première fois depuis très longtemps. À partir de ce jour Eloïse devint aux yeux de la loi : Eloïse Marie Garnier.
VOUS LISEZ
La lettre d'Eloïse Garnier
Historia CortaEloïse n'a que dix-neuf ans lorsqu'elle doit écrire ce qui sera certainement la lettre la plus personnelle, complexe, mais surtout la plus importante de toute sa vie.