Without title #731

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Une pièce. Un seul de ses minuscules bout de métal brillants aurait suffi à sauver ma fille. À la sauver de la mort venue lui rendre visite trop tôt, quand elle était frigorifiée dans mes bras. Nous marchions dans la forêt et au détour de l'un de ses virages où disait-elle pouvait se cacher une fée se trouvait plutôt un trou rempli de cette matière indispensable et pourtant si mortelle. Son pied a glissé sur un pan de glace qui s'est écroulé sous son poids pourtant si faible, son minuscule pied a glissé, la menant, elle et son corps vers une mort si injuste, cruelle et vicieuse. Dès que son abdomen eu touché l'eau, elle poussa un cri de détresse à la fois léger et pris de vulnérabilité de sa voix aiguë si embêtante pour certains, indispensable pour d'autres. Sa voix raisonna dans la forêt comme celle d'un animal avant de recevoir le coup fatal de son prédateur l'ayant traqué parfois pendant des heures. Un volume fort, avant de s'évanouir quand son menton et sa bouche eurent touché le liquide frigorifié. Celui-ci s'infiltra par tous les pores de sa peau, fit réagir ses transmissions nerveuses, glaça son sang dans tous les sens. Tous mes muscles s'activèrent en même temps. Mes sens en alerte, je retourne à une forme primitive de l'humain, celle conçue uniquement pour sa survie et celle des autres, mon cerveau n'ayant plus qu'une seule priorité, sauver celle que j'ai mise au monde. Je fléchis mes genoux, tendis mes bras et essaya d'agripper ses mains que je tenais dans les miennes il y a seulement quelques secondes. Je tâtonnai quelques secondes dans l'eau gelée avant d'agripper sa peau douce semblant s'être gelée au contact du liquide meurtrier. J'attendis de tenir fermement ses deux mains entre les miennes avant de tirer de toutes mes forces, mes muscles se tendant sous le froid et l'effet de l'adrénaline. Quand sa tête et une partie de son torse fut immergé, je la pris par la taille et réussit enfin à la tirer de l'eau. Ce qui avant était un visage rougit par le froid, tendu grâce au rire cristallin de ma fille ne fut plus reconnaissable. Une masse bleue, gonflée, ressemblant à penne à ce que j'eu connu, mais je savais que je la tenais, j'avais presque la certitude que tout était finit, mon cerveau tâchant de se concentrer sur la survie de ma fille et non la pensée égoïste que me fait mon cerveau en se demandant ce que je ferais sans elle. Roulée en boule dans mes bras, aussi fragile que du verre, elle ne réussit qu'à prononcer ces quelques mots, probablement les derniers que j'eu entendu d'une personne qui aurait pu en connaître bien d'autres, jonglant avec dans ses discours : « Merci, je t'aime. » Certaines personnes dans mon entourage se plaignent, souvent sous l'effet de la drogue et de l'alcool que leurs enfants les énervent, qu'ils font exprès et qu'ils devraient être battus plus souvent, mais si j'avais ne serait-ce l'option que d'entendre une seule fois ma fille me crier depuis la chambre du haut en claquant la porte : « Je te déteste ! » je tuerais pour l'obtenir. Toutefois, je n'ai pas le temps de me perdre dans mes pensées, je dois la sauver, à tout prix. J'appose mon oreille contre son torse et je constate que son petit cœur bat encore, se battant contre l'emprise du froid qui tente de l'arrêter. Les larmes me montent aux yeux. Je sais que si je continue, elles vont geler sur mon visage, mais je ne peux rien faire, elles coulent à flot pendant que je cours le plus rapidement possible dans les sentiers de la forêt, espérant me rendre à temps au marché noir que je fréquente, les magasins classiques n'acceptant pas les gens de ma trempe, ceux qu'on appelle communément « les drogués » faisant une généralisation, les gens ne comprennent toujours pas dans un monde où nous sommes capables de voir aux confins de l'univers que parmi ces gens réellement mauvais, il existe encore des personnes qui ne font qu'essayer de survivre un jour de plus avec leur fille, seule chose à qui et à quoi ils peuvent se rattacher, constatant qu'il ne leur reste que cela. Ma femme est morte il y a déjà un long bout de temps sous les griffes des réels drogués, ceux-ci l'attaquant pour son joyau, perle rare que j'ai réussi à dénicher dans la décharge du coin, décidant de la tuer plutôt que de laisser vivre une innocente qui s'est vu manipuler et extraire de la société des gens modernes, acceptés et acceptables. Tous les soirs obligés de dormir sous un pont avec ces gens, ça me rend fou, moi étant le seul avec ma fille à ne pas l'être dans la réalité, ceux-ci étant dans leur monde parallèle, se droguant de plus en plus pour oublier les crimes que les grands de ce monde les obligent à commettre pendant qu'ils gaspillent de la nourriture. Si seulement ils savaient ce que l'on mange, ils comprendraient que la petite tache brunâtre sur leurs fruits n'est pas si grave quand je constate que les miens sont constitués en plus grande quantité d'insectes grouillants, finalement aussi affamés que nous dans ce désert de glace. J'y arrive enfin. Les étals d'objets en tous genres se dressent devant moi, accompagné de fruits pourris et de viandes probablement chassées il y a quelques semaines à en juger par l'odeur pestilentielle qui y règne ce qui n'empêche pas de multiples personnes d'y arpenter les recoins les plus sombres, essayant de trouver de la nourriture dans les déchets des étals qui se servent déjà dans les déchets des pauvres magasins de la ville principale qui n'est pas si riche non plus. Ça me dégoûte. Les gens du grand monde pensant de nous que nous ne sommes que nous ne sommes que des déchets et que nous méritons de vivre ici, mais si c'est le cas, je me demande très sincèrement qui est l'ordure dans le dilemme. C'est pourtant ce qui arrive et les gens tombent encore sous le charme des grandes compagnies et fondations qui se disent lutter contre ce genre de torture humaine. Je peux supporter ça, mais elle, non. Elle est humaine comme les autres et n'a même pas le droit de manger sans risquer de se piquer sur un morceau de verre ou être empoisonnée par ce que les grands restaurants mettent sur leurs déchets pour s'assurer que personne ne les volera ou, je dirais même, pour nous envoyer le message que même les déchets sont trop bons pour nous. Je porte avec douceur ma fille, enveloppée dans tous mes vêtements, moi préférant mourir plutôt que de laisser mon enfant congeler dans l'eau glaciale. J'arrive finalement devant l'échoppe que je cherche. Je sais que cette personne vend des couvertures et que si elle a un cœur, elle en prêtera une pour ma fille. Je commence à lui raconter ce qui est arrivé avant de me rendre compte finalement qu'elle n'a toujours pas bougée, sûrement sous l'emprise d'une drogue encore non répertoriée dans mes connaissances. « Est-ce que vous êtes réveillée, parce que je tiens quelque chose qui va mourrir si vous ne faites rien. » Aucune réponse. Je commence à me servir jusqu'au moment où j'entends une voix féminine rauque et grave, semblant venir d'une tombe. « Touche pas sauf si t'as de la viande ou une pièce. » Je commence à hurler, à lui expliquer le plus rapidement possible ce qui arrive, de la hargne dans ma voix, des larmes coulant à flots sur le bord de mes yeux, mais il est déjà trop tard. Je sens la boule que je tiens dans mes mains prendre du volume une dernière fois, avant de se contracter pour ne plus jamais bouger. La tête en suspension au-dessus de mon avant-bras se pose et je sais que je l'ai déjà perdue. Tous ses moments avec elle, perdus. Tous les modestes apprentissages que je me suis démené pour lui donner, tous ces mots que son cerveau encore en développement a pu enregistrer, perdu. Toutes les habitudes, les petits moments et le mouvement de ses petites jambes encore frêles, perdu à jamais, envolées de ce qui n'est maintenant seulement plus qu'une masse froide, encore gorgée d'eau, si frigorifiée qu'en une petite pression, elle se briserait comme du verre, ses cheveux bruns coiffés en couettes retenues par les deux seuls élastiques roses sur laquelle j'ai pu poser ma main. Je hurle. Un hurlement que même la ville doit entendre, pensant probablement que c'est un loup qui adresse une prière à la lune, mais non, c'est un humain qu'il sait qu'il vient de perdre tout ce qu'il avait, son bonheur, mais aussi sa raison de vivre. Je suis brisé, comme les neurones de ce qui repose sur mes bras. Je n'en peux plus. Ce monde qui me méprise depuis le début et ses habitants me dégoûte. Quelque chose grandit en moi. La rage. Une rage qui remonte dans ma gorge comme une bile acide qui vient me brûler l'œsophage. Je n'en peux plus. Je lâche ce qui n'est maintenant plus qu'une coquille vide et j'empoigne ma dernière arme, mon couteau de chasse. J'oriente la lame vers la tueuse de ma fille, qui ne s'en rend pas compte, encore emprisonnée dans son rêve hallucinogène et je contracte tous les muscle de mon bras qui se raidit comme celui d'un robot avant que la lave me perfore la peau de celle que je considère plus comme une humaine. Du sang souille ma lame et la femme perd immédiatement la vie dans un dernier souffle rauque avant de s'écrouler derrière son échoppe. Je n'en peux plus. Je saute par-dessus la table, croulante de choses que même un rat d'égout New-Yorkais ne toucherait avant de tomber sur ma victime et de la percer comme un ballon de baudruche à un anniversaire d'enfant, sans même me rendre compte du meurtre sanglant que je commets. La lame troue vingt-huit fois ma victime avant que ma main ne fasse un demi-tour controlé, réfléchit depuis beaucoup trop longtemps, avant de me sectionner les deux veines du cou, me menant vers un coma presque instantané duquel je ne reviendrais jamais, la haine et la mort m'emportant dans un monde où je pourrais enfin manger à ma faim et revoir ma fille et l'éduquer comme tous ses parents tellement riches qu'ils en oublient leurs enfants.

L'heure noire | Without titles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant