Léonie

3.2K 93 3
                                    

— Léonie, il faut vraiment qu'on parte sinon on va avoir les bouchons !
— Oui, oui, papa j'arrive !

Je descends les escaliers aussi rapidement que possible. Depuis toute petite, nous allons passer tous les étés au bord de la mer... Quand je dis "nous", ce sont mes parents et moi, enfin c'était... Il y a 5 ans, le 24 juillet, ma mère est décédée dans un accident de voiture. Bien que ce fut particulièrement dur pour mon père et moi, il était inenvisageable de ne pas continuer cette tradition après son décès. Et cette année n'y manquerait pas. Je viens juste d'avoir mon bac (au rattrapage, parce qu'il faut se le dire, je suis loin d'être une fille très brillante, je suis plutôt tête en l'air en fait) et j'avais convenu avec mon père de partir du 20 juillet à la fin août.
En arrivant en bas avec ma petite valise, mon père me dévisage. 

— Tu prends que ça ?
— Tu pensais que je prendrais quoi ? Dis-je en ricanant.
— Je ne sais pas tu es pas mal maquillage, jolie tenue...
— Ne t'inquiète pas, j'ai tout ce qu'il me faut et puis je me ferai une joie d'aller faire du shopping !
— Bon si tu le dis. Tu peux prendre les affaires de Gus pendant que je mets tout dans la voiture ?
— Oui bien sûr !

Gus, c'est notre chien : un magnifique berger allemand super joueur et très câlin. Il a maintenant 10 ans et je passe le plus clair de mon temps avec lui. C'est la seule "personne" avec qui je me sens toujours bien.
Je me lève et vais préparer la nourriture les jouets de Gus qui ne manque pas de venir me lécher le mollet. À peine 15 minutes, plus tard, nous étions partis. Plus que 5 h de route !
Notre maison n'est pas très loin de Bordeaux et c'est sûr que nous allons avoir très beau temps (non que je m'en plaigne, il faut vraiment parfaire mon bronzage.). En arrivant, la première chose qui me vient à l'esprit est de "libérer" Gus, confortablement installé dans le coffre. Je l'attache avec sa petite laisse et on va se promener. Je reprends vite mes marques et mes petits coins habituels. Dont un particulier. J'avais l'habitude de venir avec Manon, ma meilleure amie d'enfance.
Nous nous sommes rencontrées ici, alors que j'avais 4 ans et elle 7. Je ne parlais pas beaucoup, mais j'étais en adoration devant elle, elle était tellement cool ! Finalement, avec le temps, la différence s'est réduite et nous sommes devenues les meilleures amies du monde. Tous les ans, on se voyait durant l'été. Mais l'année dernière, elle n'est pas venue. Ayant maintenant 21 ans et étant en plein milieu de ses études, elle avait décidé d'aller vivre à l'étranger et de travailler l'été (à mon plus grand désespoir). J'ai aussi rencontré un petit groupe d'amis que je vais saluer à chaque fois que je viens.
Gus s'assied à mes pieds gentiment pendant que je regarde la mer un grand sourire aux lèvres. Je décide de rentrer à la maison pour aider mon père à décharger nos affaires, prends ma valise et la monte dans ma chambre en souriant. Des dizaines de photos sont accrochées sur les murs, ainsi que ma planche de surf et quelques coquillages. Exactement ce qu'il me fallait pour me sentir en vacances ! On prépare ensuite le repas pour aller le manger sur notre terrasse composée d'une jolie petite table en bois, de petites chaises et surtout d'une balançoire en bois, parfaite pour les siestes.

— Alors contente d'être ici ? Demandais-je à mon père.
— Oui très.

Son regard s'attriste un instant. Je sais que cela le rend triste les premiers jours. Cette maison est remplie de souvenirs avec maman et puis c'est le 5e anniversaire de sa mort. Je décide de changer de sujet avant de lui demander ce qu'il a prévu. Comme d'habitude, siroter des cafés sur la terrasse en lisant des livres. Que son été va être long ! Moi, j'ai déjà une liste longue comme le bras de choses que je veux faire, mais je n'ai jamais réussi à l'entraîner. Finalement, je vais me coucher complètement crevée du voyage. Le lendemain, je me fais réveiller par la lumière entrant dans la chambre. Je souris jusqu'aux dents. C'est bien le seul endroit au monde où j'aime me faire réveiller aussi tôt. Je m'habille avec un petit short déchiré mes baskets blanches et un petit crop top blanc. Je prends ma casquette, des chouchous, mon appareil photo et je descends les marches quatre à quatre.

— Bien matinale chérie ! Me dit mon père tandis que j'entre dans la cuisine.
— Tu me connais, j'ai toujours mille trucs à faire !
— En parlant de ça, quoi de beau aujourd'hui ?
— Tour sur la plage, photo et puis si j'ai encore un peu de temps j'irai surfer. Je rendrai visite à Antoine, Sasha, Pierre et Maia plus tard. Et toi quel roman ?
— Probablement Robinson Cruzoé
— Tu sais que tu as dû le lire une bonne dizaine de fois hein !?
— Qui dit vacances à la plage, dit ce livre. Tu prends Gus avec toi ?
— Comme ça t'arranges.
— Tu peux le prendre et me le laisser cet après-midi alors.
— Parfait !

J'avale mon petit-déjeuner et sors avec Gus. L'odeur de la mer m'arrache un soupir d'aise bien qu'il fasse déjà une chaleur à tomber. Je marche longtemps, très longtemps avec Gus qui me suit passivement. Finalement, je me pose sur la plage et je regarde la mer. Je pourrais rester des heures assises là juste calmement. Ça me fait du bien de m'éloigner de l'effervescence du lycée, des gens en général. Je rentre pour déjeuner et je décide finalement d'aller faire du surf plutôt que de la photo. Un an, c'est tellement long sans en faire. J'enfile ma combinaison et prends ma planche. Il y a de jolies petites vagues. Je décide de ne pas trop m'éloigner au cas où. J'entre dans l'eau et commence à nager avec ma planche. Je vois une belle vague arriver et je prends mon élan. Je retrouve vite les sensations et parviens à surfer sur quelques vagues jusqu'à ce que je décide de sortir par ce qu'il se fait assez tard. Je m'avance sur la plage et j'entends quelqu'un me parler.

— Salut ma petite blondinette !

Je relève la tête pour remarquer une grande fille avec un jean déchiré, un débardeur blanc, une chemise à carreaux autour de la taille, des cheveux longs noirs attachés en chignon rasés sur les côtés et des yeux que je devine être gris. Je ne la reconnais pas toute de suite, mais je sais qu'il y a une seule personne qui peut m'appeler comme ça. Manon

L'été de nos retrouvaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant