Manon

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Après la discussion avec Cassandre, j'ai besoin d'aller réfléchir un peu. Elle a raison, ça a toujours été Léonie. Je pensais après deux ans avoir réussi à l'oublier, mais en passant du temps avec elle, je me rends compte que mes sentiments sont encore présents et plus forts qu'ils ne l'étaient. Mais je n'ai jamais eu ma chance avec elle. Dès qu'il y a un quelconque rapprochement, elle me fuit. C'est à sens unique et ça me détruit. Je n'ai pas le courage d'amener Cassandre à l'aéroport et je rentre chez moi vers 16 h. J'ai faim puisque je n'ai pas mangé depuis hier soir. Je m'avance vers la terrasse et vois une ombre assise sur les marches. Je me fige à quelques mètres. Léonie se lève et s'avance vers moi.

— Je suis désolé de m'être enfuie hier soir chuchote-t-elle
— C'est moi je .... Je t'ai dit que j'étais amoureuse de toi il y a deux ans et je pensais sincèrement que c'était du passé tout ça, mais le fait est que deux ans après je suis toujours amoureuse de toi et je n'arrive pas à me tenir quand tu es à coté...

Le silence s'installe un instant.

— Je sais.

Je fronce les sourcils avant de la détailler. Elle a les cernes creusés et semble exténuée. Elle n'a du que peu dormir.

— J'ai croisé Cassandre ce matin continue Léonie.
— Tu m'as attendue ?
— J'avais rien à faire donc... oui. Elle m'a fait comprendre quelques trucs. Je....

Elle soupire comme si ce qu'elle s'apprêtait à me dire était une épreuve pour elle.

— Je tiens énormément à toi Manon, tu le sais. J'ai passé mon temps à jalouser Cassandre, à vous observer... J'ai jamais voulu assumer qu'il y avait quelque chose d'autre entre nous. Mais Cassandre à raison sur ce point, ça me fait terriblement peur. Notre relation me fait peur. Alors je sais pas ce que ça veut dire, ce qu'il va se passer, je veux juste qu'on arrête de passer notre temps à se fuir et à se disputer. Je veux retrouver ma meilleure amie.

Ses yeux sont voilés de larmes et j'ai conscience qu'elle a dû prendre beaucoup de courage pour me dire tout ça. La porte n'est pas fermée et ça suffit à me rendre heureuse. Je me dirige rapidement vers elle. Je glisse mes mains dans son dos et la prends dans mes bras. Sa tête vient se nicher dans le creux de mon cou. Ses bras s'enroulent autour de ma taille pendant que je lui caresse gentiment les cheveux. On s'écarte et je lui adresse un sourire en essuyant les petites larmes qui coulent sur ses joues.

— Aller viens, on va regarder un film.

Je la tire à ma suite dans la maison. Cléa est dans le salon et nous observe avec un sourire en coin. J'espère vraiment que Léonie ne l'a pas remarqué. On arrive dans ma chambre et c'est sans grande surprise que Léonie choisit un dessin animé. C'est marrant, il n'y a qu'avec elle que j'en regarde. Je l'insère dans mon PC et je le pose au bout du lit. Léonie s'allonge à côté de moi. Elle semble complètement captivée par Raiponce. Je l'observe un petit sourire aux lèvres.

— Quoi ? Me demande telle en se retournant.
— Rien rien.
— Bah si tu me fixes depuis tout à l'heure !

Elle attend une réponse, mais je n'en fais rien. Je souris et l'attire contre moi. Sa tête sur mon épaule, mon bras autour de ses épaules. Elle se détend au bout de quelques secondes.

— Je dois avouer que tu es vraiment confortable ricane Léonie.
— Tant mieux parce que je compte bien te garder ici.

Je la vois sourire puis reporter son attention sur le film. Quand le film se termine, on reste dans notre position sans bouger encore quelques instants. Il doit être pas loin de 18 h.

— Je vais rentrer dit Léonie en se levant.

Je la laisse se remettre debout et lisser ses vêtements.

— Tu fais quoi demain ? Demandais-je.

Elle pose son regard sur moi avec un petit sourire.

— Je sais pas encore pourquoi ?
— Tu passes la journée avec moi ?
— Laisse moi regarder mon agenda.

Elle sort son téléphone. Je me lève du lit et la rejoins un petit sourire aux lèvres.

— En fait je te laisse pas le choix : passe la journée avec moi demain dis je en souriant.
— Si j'ai pas le choix alors sourit Léonie.

Elle dépose un rapide baiser contre ma joue et sort de ma chambre. Elle laisse une effluve de son parfum dans ma chambre et je ne peux m'empêcher de sourire niaisement. Quand je descends un peu plus tard, j'ai encore le droit à ce fameux regard de Cléa.

— Bon vas y accouche, qu'est ce qu'il y a ? Demandais je.
— T'as enfin conclu ?
— Hors de question de parler de ça avec toi !!

Je lui lance un coussin qu'elle esquive avec brio.

— Je prend ça pour un oui alors. Bien joué grande sœur !

Je me retourne pour lui répondre

— Détrompe toi, il ne s'est rien passé du tout.

Je l'entends souffler un « ouais, ouais » tandis que je vais dans la cuisine. Je m'endors le soir même tiraillé entre Léonie et ce que j'ai fait à Cassandre. Cependant, je me force à voir uniquement le positif et c'est avec une bonne humeur légendaire que je me réveille le lendemain à 10 h. Je décide pour une fois de lâcher mes cheveux. J'enfile un débardeur à emmanchures tombantes noires, un petit pantalon militaire à poche blanc et des baskets noires. Je noue un chouchou à mon poignet et je sors de chez moi. J'arrive quelques minutes plus tard chez Léonie et étrangement, je suis super nerveuse. Son père est sur le perron comme à son habitude.

— Bonjour Martin !
— Manon, je ne savais pas que tu venais.
— A vrai dire je kidnappe Léonie pour la journée. J'espère que ça pose pas de problèmes.
— Non bien sûr que non ! Tu peux monter, elle est réveillée.

Il m'adresse un clin d'œil entendu qui me fait sourire et je rentre dans la maison. Je monte les marches quatre à quatre et me retrouve dans l'embrasure de sa porte. Elle se prépare attentivement. Je la vois essayer différents colliers pour changer à chaque fois, ça me fait sourire une fois de plus.

— Mais dis moi, serais tu en train de te faire belle pour notre journée ? Dis-je un sourire en coin.

Elle sursaute et lâche son collier.

— Bon sang annonce toi Manon, j'ai eu super peur !

Pour la première fois, son regard se pose sur moi et je me sens belle à ses yeux. Elle reporte son attention sur son collier.

— Et pour répondre, qui sait qui on peut croiser. Je vais peut-être rencontrer l'homme parfait ! 

Mon sourire s'efface doucement avant qu'elle ne rajoute.

— Je rigole Manon !

Je lui tire la langue et m'approche d'elle.

— Besoin d'aide pour ton collier ?
— Oh, euh... oui je veux bien.

Elle me le tend pendant que je me place derrière elle. Mes doigts frôlent sa clavicule volontairement puis son cou. Je l'entends retenir sa respiration et le fait que je la perturbe autant m'enthousiasme au plus haut point.

— C'est fait dis je en chuchotant à son oreille.

Elle me sourit et je m'éloigne. Elle prend son appareil photo et on sors de la maison. Martin nous adresse un signe de la main.

— T'as déjà fait de la plongée ? 

L'été de nos retrouvaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant