L'été de nos retrouvailles

Manon

Léonie revient de la salle de bain. Elle reste assise silencieuse dans le canapé sans rien dire. Et vers 18 h, la sonnette sonne. Je reste figée sur place en sachant de qui il s'agit. Je lâche échapper un soupir tandis que mon père va ouvrir. Quelques secondes plus tard, une grande brune avec des lunettes fait son entrée dans le salon. Elle m'observe avec un petit sourire en coin.

— Eh bah alors bébé, tu ne viens pas me saluer ?
— Oh si si.

Mes joues s'empourprent. Je dépose un rapide baiser sur sa bouche, mais ça ne semble pas la convaincre puisqu'elle me ramène a elle pour un baiser plus appuyé. Je ne me sens vraiment pas bien. Elle se détache de moi et va saluer tout le monde.

— J'aimerais dire que je suis contente de te voir Cassandre mais c'est pas le cas donc... dit Cléa

Cassandre ne s'en formalise pas et l'étreint un instant. Elle se dirige ensuite vers Léonie à qui elle tend une main.

— Cassandre et tu es ?
— Léonie.

Cassandre se tourne vers moi pour me questionner.

— LA Léonie ? Demande Cassandre.

Je hoche la tête. Je ne me sens pas bien que Léonie l'ai appris comme ça. Elle se permet d'ailleurs de me fusiller du regard. J'articule un « je suis désolée » mais ça ne semble pas l'apaiser.

— Contente de te rencontrer répond Léonie
— Moi de même.

Cassandre s'éloigne et finit par monter sa valise dans la chambre.

— On devrait probablement vous laisser dit Martin. Bonne soirée !

Il fait un signe de la main et sort sans rien ajouter avec Léonie. Je suis tentée un instant de la rattraper pour discuter de ça, mais je ne sais même pas ce qu'il y a à expliquer. On mange ensuite rapidement puis je remonte dans la chambre. Je m'allonge sur le lit et fixe le plafond. Cassandre me rejoint. Elle commence à coller sa bouche contre mon cou.

— Pas ce soir, je suis fatiguée.

Elle se retourne sans rien dire. J'ai du la vexer mais je ne m'en sentais pas capable... Le lendemain, je reçois un message de la bande qui m'invite à une petite sortie à la mer... J'accepte sans hésiter. Cassandre me fait bien comprendre qu'elle désapprouve mon choix, mais j'ai juste envie de profiter pour l'instant. Ne voulant quand même pas la quitter en étant fâchée, je fais son petit déjeuné puis je sors les retrouver. Quand j'arrive, ils sont déjà sur les jets skis. Je reconnais Antoine, Maia, Pierre et Léonie. Sasha n'a probablement pas pu venir. Ils finissent par me voir et se dirigent vers moi.

— Tu veux en faire ? Demande Pierre.
— Ouais carrément !
— Tu as ton permis ?
— Ouais.
— Bah viens prendre ma place alors !

Je me retrouve sur le jet-ski avec Léonie. Ce sera l'occasion de discuter. Je lui adresse un grand sourire qu'elle ne me rend pas. Je m'installe. J'attends, mais ne sens pas ses mains s'accrocher à moi.

— Je suis pas sure que ne pas te tenir te sauve d'une chute.

Elle ne change pas de position. Je décide de donner un petit coup d'accélérateur. Ca fait son petit effet puisque presque automatiquement ses mains viennent s'entourer autour de moi. Je souris malgré moi et redémarre. Je fais exprès de prendre des virages serrés pour l'embêter. Au bout d'un petit moment, on est assez loin et je décide d'arrêter le moteur.

— Passes devant.

Elle ne me répond pas alors je laisse échapper un long soupir. Je m'avance un peu et passe ma jambe au-dessus du volant. Je parvins après de longs mouvements fastidieux, à me retourner. Le jet-ski n'étant pas très gros, je me retrouve les jambes à moitié sur celles de Léonie. Elle n'a pas bougé. Je l'observe un instant..

— Écoute, je suis désolée de t'avoir dit les raisons de mon départ maintenant, et que tu découvres comme ça que je suis en couple...

Je sais qu'elle m'en veut, je décide de me confier un peu.

— J'ai rencontré Cassandre l'année dernière. On travaillait ensemble et franchement, c'était vraiment devenue ma meilleure amie. D'ailleurs, je suis sure que tu t'entendrais super bien avec elle..

Elle relève pour la première fois ses yeux vers mon visage et les lève au ciel.

— Tu me soûles Manon.

Je souris et lève mon bras pour lui pincer la joue, je sais qu'elle déteste ça. Finalement, elle sourit.

— Fais-moi un câlin demandais-je.

Depuis toutes petites, on a pris l'habitude de se faire un câlin pour se réconcilier. Et elle ne se fait pas prier. Elle me serre fort dans ses bras tandis que je lui rends son étreinte. Elle sent la mer et ça me faire sourire. Je m'éloigne d'elle avant qu'elle ne remarque mon trouble.

— Bon tu veux conduire ?
— J'ai pas le droit, j'ai pas de permis.
— Pas grave je t'apprends si tu veux et puis promis je répéterai pas.

Elle me sourit et essaye de se lever. On a beau dire, mais c'est super dur d'échanger de position sur un jet-ski. Après des dizaines de mouvements, elle parvient enfin à s'asseoir. Je me place juste derrière elle.

— Mains sur le « guidon ».

Elle s'exécute.

— Main droite qui sert à accélérer. Et pour freiner, tu relâches, il n'y a pas de frein sur ce modèle-là. Aller va y.

Elle appuie sur l'accélérateur, mais tellement fort que je pars en arrière et manque de tomber. Elle relâche automatiquement et je m'écrase contre son dos. Je suis hilare.

— Attend, je vais te montrer, essayons d'éviter un accident.

Je passe mes bras autour des siens. Comme je suis un peu plus grande qu'elle, je n'ai pas de mal à atteindre les poignées. Je place mes mains sur les siennes. Je la sens frissonner et ça m'arrache un sourire.

— On va y aller doucement, chuchotais-je.

Je presse sa main dans la mienne pour la faire accélérer. On avance. Je relâche ensuite ma prise pour ralentir.

— J'ai l'impression de pas servir à grand-chose rigole Léonie.

Je souris en lâchant ses mains. Elle continue à avancer toute seule. On finit même par faire de petits sauts sur les vagues. Elle se débrouille. On décide de rechanger nos positions avant d'arriver au bord pour ne pas se faire prendre. Elle descend pendant qu'on va rendre le tout aux propriétaires et retrouver nos amis.

— Alors t'aimes bien ? Demandais-je à Léonie.
— Trop cool ! Et vous alors ? Dit elle en se tournant vers le groupe.

Tous répondent à l'affirmative. On décide d'enchaîner avec le surf. Mais ça finit vite en discussion sur nos planches parce que les vagues ne sont pas très intéressantes. On sort et on s'installe sur la plage. Les filles, on bronze et les gars jouent. Avant d'aller chercher l'alcool pendant qu'on va chercher des tacos avec Maia.

— Tu l'aimes bien Antoine hein ? Dis-je à Maia.

À voir la façon dont elle sourit, elle l'aime bien.

— Si évident que ça ?
— Carrément rigole Léonie. Tu comptes faire quelque chose ?
— Jamais eu la bonne occasion. Et vous deux alors ?
— Quoi nous ? Demande Léonie.
— Oh arrêtez, vous vous tournez autour depuis genre 10 ans !
— N'importe quoi ! Et figure toi que Manon est en couple dit Léonie en rougissant
— Ah ouais ?
— Ouais, elle est ici en ce moment d'ailleurs, répondis-je.
— Demain on fait une fête chez Sasha normalement, amène là, on serait très content de la rencontrer !