J'ai toujours voulu prétendre que tout allait bien. J'aimais ça, passer pour une fille forte, qui vivait une vie parfaite et que tout le monde enviait. J'adorais, que dans la rue, les gens pensent que j'étais intouchable, sûre de moi, heureuse et épanouie, le dos droit, le sourire aux lèvres, le regard ouvert et la démarche rapide. Le cliché parfait de la fille bien. Voilà ce que j'étais, un cliché, un stéréotype, un de plus parmi tant d'autres. Mais à force de sourire pour de faux quelque chose fini par se briser. Quelque chose enfouit au fond de nous qui fait mal. Ne plus savoir comment vivre, ne pensez qu'à respirer et rien d'autre. Plus rien ne m'intéresse, je suis tombée amoureuse, je suis tombée et de très haut.
J'avance sans but précis dans les couloirs, je la vois, le nez dans son casier. Elle le ferme brusquement, fais un demi tour, se laisse glisser contre les casiers jusqu'à être à terre, elle replie ses genoux contre sa poitrine puis pose sa tête dessus. Je ralentis lorsque je la voit se laisser aller. Une chanson me vient à l'esprit, celle ou nous fermions le parfait duo à l'école de chant.
«It's not your fault
We're both so tired
It's not your fault
It's just the way we're wired»
Elle relève la tête, le mascara à coulé, ses yeux sont rouges. Elle me fixe avec incompréhension.
- Pourquoi ? Pourquoi t'es parti ? Pourquoi tu m'as laissé ?
-J'étais pitoyable.
- Je ne voulais pas croire Ethan.
- Tout le monde change.
- Tu es devenu ce que tu détestais!
- Regarde-toi, tu es rien.
- Je suis moi !
- Moi aussi !
- Tu mens ! Elle se relève.
- Pourquoi on s'emmerde ?
- À quoi ?
- À aimer les gens.
Sur cette phrase, je me lui donne une lettre, qu'elle n'a jamais eu. Puis pars.
« Marguerite,
Je suis désolée de te faire souffrir, je te jure je ne le fais pas exprès, si je le pouvais je reviendrais en arrière pour que notre rencontre n'est jamais eut lieu. Car je le vois dans tes yeux, tu n'es pas heureuse, je suis la seule coupable de ton désespoir et je m'en veux terriblement, ça devrait pas se passer comme ça putain! J'avais tout préparé pour que ce soit le moins douloureux possible et au final je n'ai fait qu'augmenter ta souffrance, pardonne moi je t'en prie, je n'ai jamais voulu qu'on en arrive là. Je n'apporte que douleur et souffrance. Vas-t'en. De mon côté je garderais cette image de toi souriante et heureuse que j'ai vu la première fois que l'on s'est rencontrés.
Clémentine»
