Chapitre 8 - Trahison

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Profitant de la confusion générale causée par mon annonce, j'entreprends la marche qui nous mènera de retour au campement grec. Tous les soldats ont les yeux rivés sur moi alors que j'avance aux côtés du prince, main dans la main, et traverse leur rang. Derrière nous, le mur d'armures étincelantes se referme rapidement, nous protégeant du coup d'une éventuelle salve de flèches que mon père pourrait bien décider de lancer vers nous dans sa rage.

Je suis bien consciente de l'audace dont je viens de faire preuve avec mon annonce, mais je n'ai pas l'intention de revenir en arrière. Mon père m'a suffisamment fait souffrir et j'ai bien l'intention de lui faire regretter et ce même si les dieux doivent se dresser contre moi pour cet affront que je m'apprête à faire à ma propre cité.

À mes côtés, je vois bien que Palamède est profondément troublé et je décide donc de lui faire part du plan que j'ai imaginé.

- Je sais que tu es inquiet de l'annonce que je viens de faire, mais tu dois me faire confiance. Nous avons environ vingt-huit jours avant la prochaine lune et cela devrait nous laisser suffisamment de temps...

- Du temps pour quoi au juste? Mon père n'acceptera jamais de lever le siège...

- Et si le fait de lever le camp lui assurait la victoire sur la cité de Troie?

- Pardonne-moi, mais je ne vois pas en quoi la levée du siège nous apportera la victoire...

- S'il y a une chose que j'ai apprise au sujet de mon père dans ma triste existence d'orpheline au temple, c'est que seule sa fierté le guide jour après jour. Il est prêt à tout pour conserver son honneur bien qu'il soit tellement mauvais qu'il mérite totalement de le perdre...

- En quoi cela aidera mon père?

- Si nous lui donnons l'impression qu'il a gagné, il baissera instantanément la garde pour se pavaner devant son père et l'armée grecque aura tout le loisir d'envahir la cité à ce moment précis.

- Je suis désolé, mais je ne comprends pas... Si le siège est levé, il n'y aura plus d'armée pour envahir la cité!

- C'est ce que mon père doit croire en effet.

- Croire?

- N'est-ce pas commun de laisser un tribu lors d'une union entre différents peuples?

- En effet...

- Je viens d'affirmer devant toute la cité que mon père m'a promise à toi pour acheter la paix. Avec ta mère en nos murs et moi parmi vous, nos peuples sont bien unis non? Il serait donc normal de laisser un tribu lors de votre départ...

- Soit, mais, encore une fois, en quoi cela nous aidera-t-il à envahir la cité?

- Vous les grecs, n'êtes-vous pas de formidables charpentiers?

- En effet...

- Mon père adore les chevaux. Il ne saurait refuser un immense cheval dressé à la gloire de sa victoire dans la levée du siège de sa cité...

- Je commence à comprendre où tu veux en venir... Ce cheval devra être immense, mais je crois que cela est entièrement réalisable d'ici la prochaine lune! Nous le construirons sur les berges de la mer avec le bois d'un des navires de mon père!

- Une trentaine de soldats bien armés devraient suffire à conquérir la cité de l'intérieur. Je pense que plusieurs gardes se rendront dès que les combats débuteront. Notre cité est à bout de souffle, j'en sais quelque chose...

- Pourquoi trahir ainsi les tiens?

- Je trahis mon père, certes, mais je ne crois pas que c'est une trahison pour le peuple de Troie. Cette guerre est complètement ridicule et elle est causée par l'envie d'un seul homme qui se croit appuyé des dieux. Le peuple ne s'en sentira que mieux une fois ce despote éliminé...

L'amour en guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant