Chapitre 4 - Amie

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Je dois reprendre mes esprits et ignorer cette étrange chaleur qui m'envahit! Il est évident que cet homme est un grec et ses habits me laissent croire qu'il n'est pas un simple soldat de l'armée d'Agamemnon...

Allez, tu dois retomber sur Terre Merines et lui montrer à quel point il a tout faux avec cette futile assurance qu'il affiche sur son visage en cet instant!

Me motivant moi-même avec ces quelques mots, je profite de l'impression de supériorité qu'affiche ouvertement mon adversaire pour lui faire réaliser douloureusement son erreur. D'un geste rapide et précis, je saisis à mon tour son poignet de ma main libre et j'effectue une rotation fluide de tout mon corps tout en maintenant fermement ma prise sur lui.

Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il se sent brusquement quitter le sol et qu'il termine brutalement sa chute sur le dos parmi les pièces de mon armure encore posée pêle-mêle sur le sol!

Dans une exaltation forcée de la moindre particule d'air de ses poumons, le jeune homme exprime toute sa surprise et sa douleur dans un râle étouffé que je savoure avec le plus grand des plaisirs.

Profitant du choc et de la confusion que j'ai instaurée chez mon ennemi, je ne perds pas une seconde et m'élance à ses côtés avec mon poignard à la main, bien décidée à mettre fin à cet imprévu qui pourrait bien me coûter la vie s'il réussit à alerter la garde du campement.

Posant le genou sur sa poitrine, j'approche rapidement ma lame de sa gorge, prête à la glisser sans aucune retenue sur la chair fragile protégeant la vie qui coule dans ses veines. La vue de ses yeux exorbités par la peur n'est certes pas suffisante pour m'arrêter dans mon geste.

Du moins, c'est ce que j'essaie de me convaincre, mais pourtant j'hésite un bref instant, captivée une fois de plus par le vert profond de son regard que je perçois malgré la noirceur totale de cette nuit sans lune...

Comment est-ce possible que je puisse plonger dans ce regard alors que je ne vois presque rien autour de moi?

Malheureusement pour moi, cette brève hésitation suffit à mon adversaire pour reprendre ses esprits et je me retrouve à mon tour projetée vers l'arrière alors qu'il me repousse violemment par la taille. Dans la surprise, j'échappe mon poignard qu'il s'empresse de saisir avant de s'élancer vers moi, menaçant.

Peut-être s'attend-il à me voir perdre mes moyens alors qu'il vient de me prendre mon arme?

Certainement pas. Je suis vraiment très douée au combat rapproché et ce n'est pas un simple poignard aux mains de ce sombre individu qui va m'impressionner!

En un éclair, je reprends mon équilibre et me tiens droite devant lui en position de combat, les mains tendues devant moi pour le maintenir à distance. Malgré la noirceur qui règne en maître autour de nous, je vois bien la surprise qui s'affiche dans son regard alors que je ne tente aucune fuite devant la menace du poignard qu'il tient à la main. Alors que je jauge sa détermination, quelle n'est pas ma surprise de le voir soudainement prendre la parole!

- Tu ne comptes quand même pas me combattre à mains nues alors que je tiens cette lame à la main?

- Et pourquoi pas...

- Je manie parfaitement ce genre d'arme et je ne crois pas que tu veuilles en ressentir la douleur traîtresse!

- Moi une traîtresse. Sais-tu seulement qui je suis?

- Tu n'es personne. Je t'ai vue devant la tête des généraux et il est clair que tu es une servante qui tente l'impossible pour s'échapper du camp...

- Bien, je dois dire que tu as doublement raison. Je ne suis personne et je cherche bien à m'échapper. Par contre, tu as tort sur un point, ce n'est pas de ce camp que je cherche à fuir!

L'amour en guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant