Chapitre 29 Brûlure

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J'arrivais assez rapidement au ruisseau, la nuit était tombée, uniquement les étoiles et la lune étaient là pour me voir. J'avais chaud malgré le fais que je voyais mon souffle à chaque respiration que je prenais, ma cage thoracique se soulevait de façon saccadé, je ne savais si la cause était les larmes qui descendaient silencieusement sur mes joues où l'inconfort de mes chaleurs. Tout ce dont j'étais certain, était le vide qui me hantait, mon corps démontrait des émotions que ma tête ne ressentait plus. Tristesse évaporée à la réalisation qu'il ne m'aimait pas, Douleur partit par cet engourdissement, Désir a été déchiré par Tristesse et son amie Colère, Angoisse n'avait été qu'un mirage de quelque seconde.

J'avais cette odeur de terre et de feuilles mouillées sur moi, cette fragrance d'automne que j'aimais tant, maintenant... Maintenant quoi? Je ne savais mettre les mots sur ce qu'elle représentait pour moi, cette arôme si chaude et pourtant si froide et sale. Je ne savais que penser, toujours cette chose, la réflexion, j'étais plus souvent dans ma tête qu'ailleurs ces derniers temps. Je n'étais plus dans mon corps comme avant. Avant... Est-ce que je voudrais retourner dans le temps? Est-ce que je désirais reculer au moment où mes clients me défonçaient uniquement pour échapper à leur femme qui les attendaient à la maison?

Je retirais mes vêtements, mes yeux ne lâchant pas les étoiles, si belles et si loin là-haut dans le ciel, un frisson parcourut ma peau, un vent frisquet m'avait effleuré. Une fois dénudé, je m'attardai à ma besogne, humidifiant ma nuque en premier, mon visage, mes bras, mon torse, mes jambes... Je retournai la tête lentement entendant un craquement de branche plus près de moi que je ne l'aurais pensé. Il était là, à me regarder faire, toujours aussi silencieux, toujours aussi sérieux.

- Tu es venu pour le spectacle?

Il ne me répondit pas mais, ne me quittant pas du regard, toujours aussi captivé par moi et ma nudité, si je n'étais qu'une pute alors, aussi bien agir comme tel. Toujours dans ma tenue d'Adam, je m'asseyais dans les galets du ruisseau peu profond pour être face à lui. J'écartai les jambes le laissant voir ce qu'il y avait à regarder et je commençai de lent va et viens sur mon sexe. J'écartai mes lèvres après les avoir léchés, laissant de petits gémissements s'échapper de ma bouche. Ses iris verts toujours à me contempler, il ne bougea pas d'un centime.

Je ne prononçais pas son nom, que des petits bruits d'extase pour mon plaisir solitaire, une fois ma masculinité bien dressée malgré la température de l'eau glaciale, je m'agenouillai et suçai mes doigts, il savait ce que j'allais faire, j'étais heureux qu'il ne puisse pas enlever son regard de sur moi. Même s'il ne me touchait pas, même s'il ne m'aimait pas comme je l'aimais, il me désirait malgré le fait que je n'étais qu'un simple fantôme d'autre fois pour lui. Je glissai mon premier en moi mordillant ma lèvre inférieur et n'arrêtant pas mes mouvements sur ma verge.

Je le vis se décoller du tronc d'arbre lorsque je fus rendu au troisième, il s'approchait de moi, je n'étais pas près de l'extase, j'en étais même très loin. Ce fut sans un mot qu'il m'arrêta et m'enleva de cette eau qui givrait sur les bord, il m'enveloppa dans la couverture que j'avais retiré plus tôt. Il murmura quelque chose que je ne comprendrai probablement jamais et me ramena vers le campement. Il me portait comme l'on prenait une princesse, me tenant serré tout contre son torse. Ce fut à ce moment que je vis ses mains meurtries de petites coupures de branches et de roseaux, j'entendis son cœur qui battait la chamade, je sentis son odeur qui annonçait la fin de l'été et je vis son visage. Sa peau était plus pâle, elle avait perdu cet éclat de chaleur, des cernes profondes et noires étendu au-dessus de ses pommettes, l'éclat de ses prunelles était parti.

- Eren?

Il s'arrêta et pour la première fois il me regarda, ce n'était plus de la colère qu'il y avait entre nous, quelque chose était brisé, ce fil qui nous retenait l'un à l'autre n'était plus. Nous le savions mais, malgré cela, aucun mots n'étaient prononcé, aucune discussion n'était entreprise. Allions-nous réellement laisser cela glisser comme si rien ne s'était passé? Je l'entendis et le sentis soupirer, le mouvement de son torse ne pouvait pas le cacher. Il s'installa par terre avec moi toujours contre lui, je sentais sa voix vibrer dans sa poitrine, elle était rauque comme s'il... avait pleuré?

- Je ne suis pas le meilleur Homme Levi, je ne parle pas émotion où besoin, j'ai quitté une vie et j'ai beaucoup perdu. Je n'ai jamais fait mon deuil et voilà que tu sors de nulle part devant moi. C'est déstabilisant de te voir, tu es la plus belle chose que je n'ai jamais vu, je... C'en est presque une torture Levi. J'essaie de résister, de me dire que ce n'est pas bien et que je... J'ai envie de t'enfermer dans un endroit où tu seras en sécurité et dont seul moi connaisse l'endroit. Je te veux pour moi et uniquement moi. Je suis possessif envers toi, j'ai envie de tuer tous ceux qui osent te toucher, ils ne le méritent pas. Je crois que si je voyais tes anciens clients je leur ferais la peau. J'essaie de rester distant car, si ce n'était que de moi, tu serais toujours sur moi, contre moi...

Je ne pouvais plus l'écouter, il essayait de fuir pour me laisser ma liberté mais, ce que je voulais moi, c'était lui, une vie avec lui et rien d'autre. J'avais réussi à me défaire de son emprise pour le regarder me parler et non plus uniquement l'écouter. Il y avait tant de tristesse et de douleur dans ses yeux, c'était ce que je lui avais fait vivre. Repousser pour ensuite tirer, ramener. Ma main caressa sa joue, retirant la larme qui y glissait, je collais mon front au sien et embrassais son nez. Il me fit rire à dire qu'il tuerait les bâtards qui me baisaient et je l'embrassai ne pouvant plus l'écouter me dire à quel point il me voulait. Il n'avait pas réagi immédiatement mais, lorsque je gouttais ses lèvres, il me serra contre lui découvrant mes jambes et dévorant ma bouche.

Ses mains se glissèrentsur ma peau, l'incendiant au même moment, le volcan qui s'était endormis dansmon ventre créant un vide se réveilla. Je gémissais dans sa bouche et tiraissur son manteau essayant de lui retirer ne regardant pas du tout ce que je faisais,trop occupé à bruler de l'intérieur, à me consumer tel un phénix.

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