Chapitre 35 Parfaitement imparfait

827 67 20
                                    

En allant plus au sud le temps se réchauffait, nous avions quitté nos manteaux pour uniquement garder un châle sur mes épaules et une cape sur celles d'Eren. Mon ventre était désormais bien rebondi, il n'y avait aucun doute là-dessus, j'étais bel et bien enceint. Mes pantalons ne me faisaient plus et je ne pouvais plus lacer le bas du corset de mes robes, Eren était aux anges, car il adorait me voir porter des vêtements de femme. Moi, je me trouvais énorme et j'avais hâte que le monstre qui détruisait mon corps sorte de là, même mes pectoraux étaient devenus gonflés et douloureux. Je ne supportais plus de pression dessus, uniquement porter mes vêtements était désagréable alors, Eren devait rester hors de porter de ceux-ci.

Le nombre de fois que je l'avais tapé pour éviter que sa main ne glisse sur mon torse, j'avais cessé de les compter. Malgré toutes ses imperfections, je savais qu'il était fait pour moi, le doute m'avait hanté dans les jours qui avaient suivi notre rencontre, mais maintenant, je le savais, j'étais sa priorité et il allait nous aimer de tout son cœur. Marcher pour moi était devenu éprouvant et les fausses contractions étaient vraiment un désagrément que je pouvais bien me passer. La première fois que je les avais eu Eren à faillit faire dans son pantalon, persuadé que le bébé allait arriver, il était tombé en mode panique, lorsque j'eus repris mon souffle, j'avais dus le rassurer pour une bonne heure que ce n'était qu'une fausse alerte.

Ne parlons pas de ce petit démon qui décidait de faire de mon foie un punchingball la nuit, il m'empêchait de dormir la plupart des nuits et celles dont je réussissais à fermer l'œil, je me faisais réveiller par les mains baladeuses de mon Alpha qui n'était pas foutu de passer plus de trois jours sans mettre sa bite dans mon cul. Parfois la terreur réagissait à la voix du Voyageur et commençait à donner des coups comme si l'autre con pouvait les sentir, j'étais la victime dans cette histoire et non lui. Pourtant je n'avais pas baiser un boxeur, mais bien un Voyageur alors, pourquoi la bête qui se trouvait en moi se défoulait autant sur moi avec ses pieds et ses poings?

Au moins, grâce à l'avancement de ma grossesse, je n'avais plus l'envie de renvoyer tout ce que je mangeais, je pouvais manger les repas qu'Eren préparait sans avoir besoin de tout remettre dans mon assiette sous une autre forme. La fatigue était toujours aussi présente par contre et le chemin avait été vraiment ardu et elle en avait été la cause. Ce que j'adorais, par contre, étaient les massages de mon Alpha. Il savait faire de si bons massages de pied que je pouvais lui pardonner toutes ses conneries de la journée s'il glissait ses mains expertes sur l'arche de mon pied, ça où une fellation m'ouvrait la porte du septième ciel.

Ma moitié détestait que je monte Rouge seul, il avait peur que je tombe de sa monture et perde le bébé, il me surveillait encore plus et se tapait une crise cardiaque lorsqu'il me voyait descendre du canasson. Mon centre d'équilibre était beaucoup plus précaire grâce à la chose qui poussait en moi, mais je parvenais quand même à descendre d'un putain de cheval sans me casser la gueule et en plus, l'étalon prenait la peine de plier les pattes pour m'éviter le choc que causerait un saut. Mon aimé n'était tout de même pas d'accord avec mon procédé alors, je me retrouvais le plus souvent dans ses bras comme une poupée de petit fille. Sauf qu'au lieu que ce soit une petit fille qui me soulevait, c'était un Alpha aux mains aussi grandes que mon visage et qui faisait deux fois ma taille qui me portait comme si je ne pesais rien.

Son agissement me rappelait à quel point j'étais petit et féminin et je terminais toujours par me fâcher après lui. Le traitant de tous les noms possibles qui me passaient par la tête et le tapant, il ne bronchait pas et je finissais par pleurer de ne pas être capable de le faire me lâcher et il me réconfortait comme si ce n'était pas moi le fautif dans cette histoire. Je savais parfaitement que j'étais irrationnel et que c'était justement cette féminité qui rendait mon dominant si amoureux de moi, j'étais aussi au fait que c'était cette masculinité qui me rendait aussi fou de lui. J'étais faible et réduit à une vulgaire marionnette dans ses bras, mais c'était aussi ce qui me faisait bander, savoir que je pouvais contrôler quelqu'un d'aussi fort et grand. Uniquement avec une petite plainte de douleur ou de tristesse, il mangeait dans ma main.

J'étais perdu dans ma tête tout en étant blotti tout contre lui, lorsqu'il embrassa ma tête et me demanda de regarder devant nous je soulevai la tête. Je n'avais pas remarqué que l'air était plus légère et salée, je n'avais pas vu que les arbres s'étaient ramifiés, que le sol ne contenait plus de terre et d'herbe, mais bel et bien du sable, je n'avais pas porté attention à l'absence du chant des oiseaux et la venue du rugissement des vagues. Devant moi, la nature avait laissé place à l'eau, une énorme étendue de bleu à perte de vue. Eren était descendu et me laissa poser mes pieds dans ce sol beaucoup moins dur que celui d'avant.

J'enlevai mes chaussures et relevai mes jupes, je courus pour sentir cette eau sur mes pieds, elle n'était pas glacée comme celle des premiers jours, non, elle était tiède et je me mis à rire. Mon homme venait de me donner l'océan et la chaleur. Je me retournais vers lui pour lui montrer les larmes qui coulaient le long de mes joues. Il fut à moi le temps d'un battement de cœur, s'assurant que j'allais bien, me regardant sous toutes mes coutures et me soulevant de l'eau qui avait enseveli mes pieds. Mes jambes s'enroulèrent autour de sa taille et mes bras autour de son cou, je collais mon front au sien, il essuya mes joues et j'embrassai son nez, son front et rigolai. Je bécotai ses lèvres et le regardai avec mes yeux humides.

- Pourquoi pleurs-tu Prinzessin?

- Parce que tu es parfaitement imparfait Eren Jaeger et que je t'aime à la folie. 

Nouveau mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant