CHRIS

Chapitre 3

        Après cette froide journée d'hiver, j'allais au même endroit où nous nous étions rencontrés en espérant que tu y serais, en espérant voir à nouveau tes beaux yeux. Et finalement tu étais venu.

        Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises et ce parc est devenu notre coin à nous. Tous les jours, après l'école, tu m'attendais aux balançoires. Nous parlions pendant des heures et des heures et nous ne nous ennuyions jamais. Lentement, j'avais commencé à m'ouvrir à toi et je te racontais tout sur ma vie.

        C'était bizarre, tu sais, j'avais l'impression que je pouvais tout te dire. De ma journée à l'école, à la façon dont mes parents n'étaient jamais à la maison.

        Jusqu'à présent, j'avais une forte envie d'être avec eux, de me sentir aimée. Je me souviens de regarder les autres enfants à l'école avec jalousie à chaque fois que leurs parents venaient les chercher. Pourquoi n'étais-je pas aimée comme les autres enfants ? Quelque chose n'allait-il pas avec moi ?

        Mais, je n'étais plus la seule. Tu m'avais également parlé de tes parents. Comment ton père battait constamment ta mère quand il était ivre. Comment il te frappait aussi. À l'époque, tu avais encore pitié de ta mère. Elle était une autre victime à tes yeux. Mais plus tard, tu avais commencé à la blâmer aussi, car elle n'essayait pas de l'arrêter lorsqu'il te frappait. Elle restait juste là et le regardait faire sans dire un seul mot. Et bientôt, elle s'était également jointe aux coups.

        Tu venais parfois à moi en pleurant, ta peau douce et claire, meurtrie par la maltraitance de tes parents. Comment des parents pouvaient-ils être si cruels avec un petit enfant impuissant ? Avec leur propre fils.

        Mais à l'extérieur, dans ce parc, tu étais en sécurité, loin de tes parents violents. J'avais commencé à profiter de la liberté de ne pas voir mes parents. Je pouvais rester toute la soirée avec toi dans ce parc. Nous n'avions que l'autre, et nous n'avions besoin de personne d'autre.