Chapitre 4

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        Quelque temps avant mon 16e anniversaire, tu m'avais demandé de te rencontrer au parc à 5 heures. Cela faisait une semaine que tu étais constamment dans mon esprit. Chaque fois que j'essayais de me concentrer sur quelque chose, j'étais distraite par l'idée de te voir. Je ne pouvais pas arrêter de penser à toi. Chaque minute et chaque seconde de la journée. Je ne pouvais pas dormir correctement la nuit. C'était comme si tu étais une drogue. Mon cœur battait la chamade au son de ta voix grave. Je sentais des papillons dans mon ventre chaque fois que tu me regardais dans les yeux. Quelque chose n'allait pas chez moi ?

        J'avais décidé devenir un peu plus tôt, car j'avais hâte de te voir. J'étais arrivée à notre endroit habituel. Cependant, cette fois, je m'étais assise à l'une des tables de pique-nique près de l'aire de jeux pour enfants.

        J'avais posé mes paumes contre la table douce et fraîche en attendant ton arrivée. J'avais regardé le terrain de jeux où nous jouions. Tout était couvert de neige comme si personne n'y avait joué depuis un certain temps. Je me suis soudainement sentie nostalgique alors que des souvenirs de notre enfance me traversaient l'esprit.

        Auparavant, nous avions joué dans ce même terrain de jeux sans grand souci, du moins dans mon cas. Les choses avaient empiré pour toi à la maison. Ton père vous avait abandonné.

        Au moment où tu étais arrivé, il faisait déjà nuit. Il faisait aussi beaucoup plus froid. J'avais soufflé sur mes mains en essayant de me réchauffer. Tu avais pris ton écharpe et tu l'avais enroulée autour de mon cou. Ta proximité faisait battre mon cœur. Tu t'étais assis à côté de moi sur la table de pique-nique grise.

        Nous étions restés là pendant un moment, dans un silence total. Un silence confortable. Le vent soufflait doucement dans mon oreille. Je m'étais arrêtée pour regarder ta main sur la mienne. Devrait-elle être là ? Les amis ne se tiennent pas la main comme ça, n'est-ce pas ? Tu n'avais jamais été aussi affectueux. Tandis que je regardais, tu avais levé la main rapidement, comme si tu venais de réaliser qu'elle était là aussi.

        « Pardon ». Tu avais haussé les épaules, mais il y avait un scintillement dans ton œil qui m'avais fait sourire. Tu avais posé à nouveau ta main, à quelques centimètres de la mienne. Je pourrais déplacer mon petit doigt pour la toucher.

        Alors que tu jetais un coup d'œil sur le côté, j'avais dégagé le morceau de cheveux derrière mon oreille, le laissant tomber sur mon visage et je m'étais mordue les lèvres pour les rendre un peu plus rouges. Tu t'étais retourné et tes yeux s'étaient posés sur les cheveux sur mon visage. Tu avais hésité, mais tu t'étais penché et tu l'avais remis derrière mon oreille.

        « Désolé, je... », tu avais murmuré, incapable de terminer ta phrase. J'avais remarqué que tes joues avaient un peu rougi. Tes doigts s'attardaient sur ma tempe. Je pouvais sentir à quel point tes mains étaient chaudes sur mon visage et j'avais rougi quand tu avais frotté tes doigts contre mon oreille. Ton doigt s'était ensuite déplacé vers mon menton. Tu l'avais poussé avec ton pouce pour me regarder, presque comme si tu étais en train d'étudier mes traits. La façon dont tu m'avais regardé avait fait battre mon cœur. Il allait me transpercer les côtes. Il y avait quelque chose dans tes yeux qui m'avait coupé le souffle. Ma peau brûlait sous ton contact et c'est là que j'avais remarqué à quel point je voulais t'embrasser. 

        Tu avais lentement incliné ton visage et m'avait attiré vers toi. Je t'avais laissé. Nos bouches étaient si proches. J'avais senti ton souffle chaud, senti la lavande. En fermant les yeux, j'avais senti le toucher doux de tes lèvres sur les miennes. Tu avais le goût de fraises fraîches et sucrées. J'avais passé mes doigts le long de ton bras et j'avais glissé ma main sous ton manteau, voyageant jusqu'à ton torse, sentant ta chaleur. J'avais agrippé ta nuque. Mes doigts se tordaient dans tes doux cheveux noirs. Je me sentais tellement détendue. Tout autour de nous avait semblé disparaître.

CHRISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant