•× Chapitre 8 ו

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~ Loup-Ange ~

Toujours chez Maxime, le silence avait pris possession des lieux. Évidemment, j'avais de multiples questions à poser, mais ma curiosité m'ayant conduite ici et regrettant la situation, je m'absteins de poser la moindre question.

Le lieutenant, dont la nudité était toujours couverte de mon simple manteau, m'observait avec insistance. 

Je tentai de me relever, il fallait que je quitte cet endroit, mais il me retint par le bras. 

- Vous êtes encore faible. Je pourrais vous soigner, mais j'ai peur que vous vous échappiez avant que nous n'aillons eu une conversation, dit-il.

- Alors conduisez-moi chez moi. Je veux quitter cet endroit ! Et chez moi, je ne pourrais pas fuir ailleurs ! Répondis-je.

Il sembla peser le pour et le contre et réfléchir à ma requête. 

- Je vais vous conduire chez vous.

- Ma voiture est dehors, lui appris-je.

- Nous n'en aurons pas besoin... au point où nous en sommes, je peux bien me permettre de faire une entorse au règlement. 

Je l'interrogeai du regard, ne comprenant pas où il voulait en venir. Il était hors de question pour moi de rentrer chez moi dans une voiture de flics !

- J'espère que vous ne souffrez d'aucun mal des transports.

Je n'eus le temps de répondre.  Il me serra dans ses bras avant que l'on  soit littéralement aspirés dans une lumière vive et blanche.

A peine un battement de cil plus tard, nous nous trouvâmes dans mon salon. 

- Comment avez-vous fait ? M'étonnai-je.

- Je suis un ange, répondit-il simplement. 

- Vous êtes un loup, je vous ai vu, répliquai-je.

- Je suis un ange ET un loup, me corrigea-t-il.

- Mais bien sûr ! Vous voulez simplement que je chante, vos louanges, lâchai-je dans un rire hystérique. 

Ça  y était, je craquais. Je devais être folle à lier pour m'imaginer de telles choses ! Parce que je les avais imaginées, c'était obligé ! De telles choses ne pouvaient pas exister. Des loups et maintenant un ange... J'avais perdu l'esprit ! En plus, j'avais un sens de l'humour plus que douteux ! Me risquer à un pathétique jeu de mot - Loup-ange, sérieusement ? - Que quelqu'un me sorte de là !

- Ce n'est pas la première fois qu'on me la fait, répliqua mon hôte. 

- Les loup-garou ne font-ils pas partis des créatures de l'enfer ? Vous ne pouvez pas être l'un et l'autre, soulignai-je entre deux crises de rire.

- Vous feriez mieux de vous calmer !

Sa voix menaçante me fit arrêter tout net, lui laissant le temps de s'expliquer sur sa condition - si je ne rêvais pas, ce dont je doutais sérieusement - et sur ce qui m'était arrivé. 

- Nous les anges, vivons depuis des millénaires.  Pour nous fondre dans la masse, nous utilisons des enveloppes corporelle humaine. Mon corps d'emprunt a été contaminé au siècle dernier. J'aurai pu en changer, mais ce corps me plaisait. La " maladie " ne m'empêchant pas de faire mon travail, j'ai décidé de garder ce corps.  Ce corps vieilli, il mourra un jour, mais la lycantropie freine la croissance,  je pourrais ainsi utiliser mon corps pour deux ou trois siècles supplémentaires avant qu'il n'arrive à son terme. Pour ce qui est de ma mission sur Terre, je suis ce qu'on appelle un Ange Régulateur. Je ne suis pas de ceux qui vous murmure à l'oreille vos bonnes actions, je suis de ceux qui luttent contre les créatures de la nuit tel que votre ami. Je protège les humains de ce fléau depuis des millénaires !  M'expliqua-t-il.

- Il n'était pas vraiment mon ami... Il est mort ? Demandai-je.

- Son loup est mort, sa malédiction aussi. Il va se réveiller dans quelques heures avec de sacré trou de mémoire, me rassura-t-il 

- Mais... tout ce sang ?

- Son loup, pas lui. Bien qu'il ait tué un homme, sa mutation n'était pas achevée je pouvais le sauver de son état.

- Comment ?

- C'est compliqué.  Disons que le loup et l'humain sont deux entités distinctes qui partagent le même corps. Avant la fin de la mutation, l'un et l'autre s'apprivoisent, il est alors possible de tuer l'un sans tuer l'autre. Si ton ami était mort en humain avant la fin de la mutation, un loup enragé aurait pris sa place.

- Je n'y comprends rien ! Comment tout cela est-il possible ?

Perdue. J'étais perdue. Ce monde auquel je n'arrivais pas à donner de sens. Ce monde que je rejetais et que j'espérais être un rêve... Il était bel et bien réel, mes bleus et ma tête en témoignaient ! Alors pourquoi ne parvenais-je pas à comprendre et à assimiler la chose ?

- Bon nombre de vos légendes sont vraies. Sans toutes te les nommer, sache que les loup-garou existent. Ils se divisent en plusieurs "races".
Ceux de naissance, sont généralement plus discrets et plus réfléchis. On ne peut pas les séparer de leur loup.  Il ressemble d'ailleurs bien plus au loup commun. On les appelle les Lycans.
Ceux qui, comme moi sont mordus ou griffés, ne peuvent pas non plus être dissociés de leur loup. Ils ont bien plus de point en commun avec les loup de naissances qu'avec les autres espèces.  On est simplement plus gros. On les appelle les Infectés.
Ensuite, il y a les Maudits. Des familles entières qui, au moindre faux pas, basculent d'un monde à l'autre.  Étant des entres-deux depuis la naissance, ils peuvent être l'un ou l'autre pendant le premier mois après leur première transformation - souvent dû au meutre mais pas uniquement-, physiquement ils sont très imposants mais pas autant que les infectés.
Comme évoqué, il y a les loups Dissociés de leur hôte maudit. Ils sont dangereux car assoiffé de sang et sans conscience humaine. Il ressemble à un loup commun atteint de la rage.
Enfin, il y a ce qu'on appelle les Métisses, issus d'un mélange rarissime entre les différentes espèces. Ce sont les monstres de vos films d'épouvantes : velus, marchant à deux pattes et mangeur d'Hommes.

- J'ignorais qu'il y avait tant d'espèces... m'horrifiai-je. 

- Il y a tant de chose que vous ignoriez... maintenant je dois vous demander quelque chose.

- Quoi dont ?

- Voulez-vous que j'efface votre mémoire ? Habituellement je ne demande pas le consentement pour retirer les souvenirs de notre monde aux humains... avoua-t-il.

- Pourquoi me demandez-vous alors ?

- Je l'ignore.

- Qu'oublirais-je au juste ?

- Tout ce qui se rapporte aux mystérieux décès de votre client. Vous n'aurez même plus envie d'en savoir plus.

- Vous oublierais-je vous aussi ?

- Oui.

- Alors non merci,  je vais digérer la pilule.

Il hocha la tête avant de se redresser. 

Il chuchota quelque chose que je n'entendis pas... Je sombrais déjà dans les méandres du sommeil.

Mystic Creatures : Le commencement.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant