Une princesse sans escorte / Park Woojin Tome 1 saga AB6IX

7. La défiance mère de la prudence

YON SOO :

Ce prince profite de son autorité pour voler mon premier baiser. Je suis agacée que ce soit lui. J'imaginais ce moment avec un homme que j'aimerais et qui serait sincère avec moi. Je le déteste davantage. Il m'utilise pour assouvir ses pulsions, jusqu'où ira-t-il ? En plus de m'accabler de travail, il désire mon attention. Je m'arrête de marcher. La colère me paralyse sur place. J'entends des voix et des pas. Je me cache derrière un arbre. Je surprends le prince sortir de ses quartiers précédés par ses eunuques. Je décide de le suivre. Il entre dans les quartiers du roi.

Je m'avance lentement, en scrutant l'horizon pour ne pas me faire découvrir. Je poursuis mon avancée, on dirait que leur conversation est confidentielle. Il y a peu de serviteurs présents, les eunuques en chef ne sont pas conviés. Ce qui me laisse un peu plus de liberté pour m'approcher davantage. Je tends l'oreille pour tenter de détecter des mots. Je dois m'avancer encore si je veux espérer comprendre le sujet de leur discussion.

Je ne suis pas très à l'aise, et surtout je tremble de peur. Je suis plus proche encore. Et je comprends que le débat est sur l'assassinat du roi de Kogur... Oh non ! Mon père ! Il est mort ! Des larmes coulent sur mes joues. Je ne contrôle pas ma peine, et mes sanglots deviennent bruyants. Je pose ma main sur ma bouche pour étouffer mes gémissements de douleur. Je savais que quelque chose de grave était arrivé. Mon père est mort. Mon cœur marque un temps d'arrêt. Je reprends difficilement ma respiration. Mon plexus solaire est comme serré dans un étau.

Puis, un des ministres poursuit :

"- Toute la famille royale a été détruite, y compris la princesse qui devait devenir votre future femme ! Je me joins à votre peine !".

Le prince baisse la tête et ne répond pas. Le silence devient embarrassant.

"- La mort du roi Yeon Gaesomun ne doit pas rester impunie. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour retrouver et punir sévèrement les auteurs de cet acte cruel !" Intervient le roi Munmu.

Je m'effondre au sol lorsque je comprends que toute ma famille a été assassinée, et également ma servante Ae-Hwa qui s'est fait passer pour moi. Je retiens mon chagrin. Je suis touchée par cette intervention du roi, au moins il pense à venger mon père. Je suis tellement troublée par ce que je viens d'apprendre que je n'ai pas le temps de réaliser que le prince est sorti. Je réagis cependant, et, heureusement, rapidement pour me cacher. Je croise les doigts en espérant ne pas avoir été découverte. Je pars en courant vers le quartier des servantes. Je me prépare pour me coucher, lorsque un eunuque fait son apparition.

"- Le prince te demande de te rendre dans ses quartiers immédiatement !" Il m'ordonne.

J'avale difficilement ma salive. Il a dû me voir ! Je me sens vraiment très mal. Je ne souhaite pas y aller, mais le regard sévère de mon supérieur, le chef des eunuques ne me laisse pas le choix. Je le suis, le dos courbé par la culpabilité. Mes mains tremblent lorsque je pénètre dans la chambre du prince Woojin. Il ne semble pas m'avoir remarquée. Je m'avance timidement pour ne pas le déranger et le surprendre.

"- Tu peux rester où tu es  ! Je dois te parler !" Il m'effraie.

Le ton de sa voix est sévère. Je relève mes épaules et rentre ma tête.

"- Pourquoi tu nous as espionnés ?" Il me questionne.

Je ferme les yeux et je serre mes poings. Je dois trouver une répartie immédiatement.

"- Je voulais savoir ce qu'il était advenu de la famille royale de Koguryo parce que j'ai été enlevée et retenue prisonnière et ensuite achetée par vous ! Je n'inquiétais beaucoup pour eux !" Je lui confie en toute sincérité.

Son visage se détend. Il comprend ma curiosité. Il s'avance vers moi. Je baisse la tête. Mes larmes, les traitresses coulent de mes yeux. Je garde le regard fixé au sol. Il pose ses doigts sous mon menton et relève ma tête. Mes larmes redoublent. Il contemple ma douleur quelques secondes puis m'enlace. Je laisse ma tête se poser sur son torse. Quand je suis consciente que le prince me réconforte, l'espace d'un instant j'ai oublié le fait que je me faisais passer pour une servante. Alors, je m'éloigne de lui. Il continue à m'observer. Puis, il m'informe :

"- Personne ne doit savoir que tu étais la servante de la princesse Yeon Yoo Son, sinon ta vie serait en danger ! Tu comprends !" Il insiste.

Je hoche affirmativement la tête. Mais, au point où j'en suis, seule au monde, ma famille massacrée. Mourir ? Je hausse les épaules.

"- A quoi penses-tu ?" Il me questionne.

J'avais oublié que je n'étais pas seule.

"- Les personnes qui étaient importantes pour moi sont mortes !" Je lui dis le regard perdu dans le vide.

"- Comment ?" Il est surpris.

Je sursaute, je me ressaisis.

"- Je n'ai connu que la famille royale et surtout ma....Heu, la princesse. Ils m'ont très bien traitée ! J'ai tout perdu désormais !" Je lui réponds en fondant en larmes.

Il m'enlace à nouveau. J'apprécie sa sollicitude, mais je ne supporte pas sa tendresse. Je m'écarte de lui, encore. J'évite son toucher. Déjà ses lèvres ont souillées les miennes.

Je le salue et l'avertis que je désire rentrer dans mes quartiers. Il retient mon bras.

"- Excusez-moi votre majesté, j'ai besoin de m'isoler un peu et de me reposer." Je répète.

Il lâche mon bras, et je me hâte de sortir et de m'éloigner de lui. Je me couche enfin. Je m'allonge, les larmes inondent mon visage. Je suis orpheline à présent. Mon père, ma mère et ma très chère Ae-Hwa ne sont plus de ce monde. Je suis secouée par des spasmes nerveux à force d'avoir pleurer. C'est douloureux physiquement et mentalement. J'ai tout perdu, tout ce qui avait une réelle valeur à mes yeux. Je me tourne sur le côté afin que les autres servantes qui partagent ma chambre ne se doutent de rien. Ma souffrance m'arrache le cœur.

Qui est responsable de ces assassinats ? Qui a gâché ma vie ? Je dois le découvrir. Le prince serait le parfait suspect, j'ai même pensé au roi au départ. Mais, depuis que j'ai entendu leur conversation, je ne suis plus trop certaine que ce soit lui. Comme je le pensais en premier lieu, quelqu'un de ce royaume était contre ce mariage et n'a pas hésité à saccager Koguryo pour parvenir à ses fins. Quand je pourrais dévoiler mon identité et récupérer mon royaume, je serais sans pitié contre les investigateurs qui ont prémédité la fin de ma famille.

Je serre les poings, je dois rebondir, et venger les miens. Je dois être courageuse et endurer le caractère et les manières déplacées de ce prince autoritaire, sans scrupule. Je suis à ses yeux une servante, j'ai réussi à l'amadouer un peu ce soir. Il a compris ma douleur, et j'avoue que de sa part je prends cela comme une prouesse. Bref, ce n'ai pas toujours facile d'affronter cette vie de servitude alors que j'ai grandi dans le grand luxe. Je mets ma fierté de côté et j'avance vers mon objectif : la vengeance.

Je ferme les yeux et des souvenirs de mon enfance viennent hanter ma mémoire. Mes lèvres tremblent par la tristesse, je ne pourrais jamais plus les voir, parler avec eux, les enlacer. Je mordille ma lèvre inférieure, je dois être forte, sinon je serais découverte et exécutée. Ma famille sera morte sans consolation. J'essuie mes larmes. J'inspire et expire fortement. Je suis une jeune femme forte, je n'ai jamais eu à me battre auparavant, mais aujourd'hui mon existence est différente.

J'avoue que je suis secouée par ce revers de la vie. Quelle en est la signification ? Je referme avec force ma main sur le drap de mon lit. Je canalise ma colère pour ne pas sombrer dans la haine. Cette situation ingrate me fait découvrir la dure réalité de la vie. Je dois relever le défit de m'en sortir seule et de reprendre la place qui me revient. Plus rien d'autre ne compte ! Ma détermination revient, j'ai la conviction que ma position ne restera pas toujours ainsi. Plus je connais le prince et plus je pense que j'aurais souffert avec lui. Tous les jours, je dois le supporter. Je sais qu'il me pousse pour m'humilier, il a pourtant des attentions. Je secoue ma tête, je ne me laisserais pas atteindre par lui, par personne d'ailleurs. Mon cœur s'endurcit, et je ne le donnerais à personne......................................