Une princesse sans escorte / Park Woojin Tome 1 saga AB6IX

28. Décevante révélation

YON SOO :

Je suis au service de Dae-hwi depuis ce matin. Le prince lui a donné son accord pour me prendre pour servante privée. Je suis choquée par cette décision. Dae-hwi est très enthousiaste, je le suis moins, notamment depuis sa confession. Je lui ai parfaitement expliqué les raisons de ma réserve. J'ai peur que de jours en jours, il tente de me séduire ou même de m'imposer de lui appartenir. La déception que j'ai ressenti me bouleverse encore. Bien plus que je ne l'imaginais, j'ai de réels sentiments pour le prince Woojin.  J'ai pourtant lutter pour que ce ne soit pas le cas. Comment puis-je gérer cet amour indésirable ? J'avais envisagé d'être en couple avec lui auparavant. Je me méfie encore du clan de la reine, et je crois que c'est pour ma sécurité que le prince m'a affectée auprès de son cousin.

La reine me déteste parce que je lui ai résisté à deux reprises. Je suis consciente qu'elle a idée de ne pas me laisser vivre. Dès que cela sera possible pour elle, elle ne m'épargnera pas du tout. Je ne rivalise pas contre ces personnes très haut placées. Moi, une faible servante comment pourrais-je leur échapper ? Ils ont des alliés partout. Alors, j'accepte ma condition pour ma survie, en plus Daehwi est un maître plutôt calme et sympathique. Il m'appelle justement. Je lui souris, il écarquille les yeux surpris. Je réalise que je devrais contrôler mes moindres faits et gestes qu'il pourrait interpréter par des marques d'intérêt.

Je stoppe devant lui, il me tend un paquet à livrer au prince. Je le contemple étonnée par cette requête.

"- Tu dois délivrer ce paquet au prince Woojin, rapidement. Le chef des eunuques va t'escorter !" Il ajoute pour me rassurer.

Je m'incline et suis mon supérieur qui m'attend à l'extérieur. Nous marchons côte à côte en silence. Je me sens très mal à l'aise. Je sais que les autres serviteurs m'envient. Je suis mal vue parce que je bénéficie de privilèges que certains mettent des années à obtenir. Je les sens leur regards méfiants, et plein de reproches sur moi. Je n'ai presque pas d'amis parmi eux. A la limite, si je n'étais pas proche du prince et du cousin du prince, je serais certainement mal traitée pour mes acquis. Ils n'osent pas me nuire par peur des représailles. Je suis parfaitement au courant de leurs pensées nuisibles à mon égard. Je n'attends rien de personne, et surtout pas de personnes auxquelles je tente de ressembler pour pouvoir garder mon secret.

L'eunuque stoppe, et se tourne vers moi.

"- Qui es-tu ?" Il me questionne soupçonneux.

"- Personne !" Je lui réponds de manière très braque.

"- Pourquoi suscites-tu autant d'intérêt auprès de la famille royale ?" Il poursuit son interrogatoire.

Je hausse les épaules.

"- Je n'en ai aucune idée !" Je m'exprime.

"- Méfie-toi de cet intérêt ! Ils vont en attendre beaucoup de toi !" Il me met en garde.

"- Je n'imagine pas vraiment cela !" Je m'impose.

"- Si tu les déçois, ils te traiteront très mal !" Il rajoute.

" J'en doute !" Je songe. "Je serais partie avant !" Je me réconforte mentalement.

Je ne lui réponds pas. Il soupire, puis reprend la marche. Je me tiens toujours à ses côtés, et toujours en silence. Les quartiers du prince se dessinent à l'horizon. L'eunuque me salue et m'informe que je dois y aller seule. Il m'attendra plus loin. Je m'avance lentement, en tremblant légèrement. Mon cœur bat la chamade. Ce n'est plus la peine de se manifester, je suis au courant que j'aime le prince. Je pose ma main dessus dans l'espoir de ralentir les battements dans ma poitrine.  J'avance pas par pas, lentement. Je n'ai aucune envie de le voir parce qu'il m'effraie. Je progresse vers ses quartiers, et je me tiens dans le couloir lorsque je surprends une conversation entre lui et son général. Je ne fais pas de bruits et je tends l'oreille.

"- Il en existe encore !" Le général informe le prince.

Je ne sais pas de quoi il parle ! Il taquine son ami et ironise sur le fait qu'il n'ait pas suivi un de ses ordres. Le général garde le silence quelques secondes avant de répondre :

"- Justement !".

Et, j'ai l'impression que le sol s'ouvre sous mes pieds et que je m'enfonce sous terre, lorsque j'entends Jeon Woong lui répondre.

" - Je n'ai pas tué la princesse Yeon Yon Soo ! " Et je n'ai pas entendu la suite.

Les battements de mon cœur résonnent dans mes tempes. Qui a essayé de m'assassiner ? Le général, sous l'ordre de qui ? Je comprends lorsque le prince lui réponds qu'il ne sait pas s'il doit se réjouir ou pas qu'il n'ait pas suivi son ordre. Je serre les poings. Il a essayé de me tuer, du moins ma servante qui se faisait passer pour moi ! Je suis sous le choc de cette révélation. Puis, je réalise qu'Ae-hwa est encore en vie. Ce qui me réjouit, en dépit de la trahison du prince. Est-ce qu'il a également ordonné l'assassinat de ma famille ? Je sens que je défaille. Si tel est le cas, je dois sans perdre de temps partir loin d'ici. Mais, je me souviens d'une conversation avec le roi, il pensait que le clan de la reine était à l'origine de la disparition de ma famille. Je ne sais plus quoi penser.

Pourquoi devais-je mourir ? Pourquoi se débarrasser de moi ? Il devait m'épouser ! Je ne parviens pas à assimiler ce qui a bien pu le pousser à désirer ma mort ! Il est hors de question que je l'épouse. Quel hypocrite ! Je suis très en colère, et je souffre en même temps. Parce que s'il a commandité l'assassinat de ma famille, je devrais me venger de lui et de Silla. Je m'apprête à partir, lorsque je réalise que je n'ai pas encore livré le paquet que Lee Dae-hwi m'a confié. Je ne peux pas lui faire face après ce que j'ai découvert. Je serre mes lèvres et plisse mes yeux. Je n'ai pas le choix, si je désobéis à l'ordre du cousin du prince, je serais sévèrement punie. Je ne dois être qu'une servante aux yeux de tous. Je m'avance davantage et j'attends à l'entrée de la pièce que le prince m'autorise à entrer. Je fixe le sol, je ne peux plus le regarder en face, sinon il découvrira dans mon regard toute ma colère.

Il m'aperçoit, et m'invite à entrer. Je m'incline et lui tend le paquet. Je ressens son regard intense sur moi. Je conserve ma tête baissée. Il s'approche de moi, et attrape le paquet. Nos doigts rentrent en contact, mes poils s'hérissent. Je retire immédiatement mes mains, et je m'incline à nouveau avant de prendre rapidement la fuite. Il m'interrompt :

"- Je ne t'ai pas dit de partir !"

Je stoppe net, et je reste de dos. Il m'ordonne de lui faire face. Je soupire et m'exécute, je n'ai pas le choix. Il dépose le paquet sur une table à ses côtés et s'avance vers moi. Je courbe le dos, je ne vais pas tolérer sa proximité. Il s'arrête devant moi, les bras croisés dans le dos. J'ai l'impression qu'il va me tester. Je n'ai aucune envie de poser mes yeux sur lui. Alors, il pose ses doigts sous mon menton et m'oblige à relever mon visage. Il plonge ses yeux dans les miens. Je fuis son regard. Il fronce les sourcils, contrarié, il me semble. Il s'approche encore plus de moi, j'ai envie de le repousser violemment. J'ai un goût de bile dans ma bouche, je ne supporte pas ses doigts sur moi. Je me bats avec moi-même pour cacher mes émotions. Il relâche sa prise et me demande de transmettre ses remerciements à son cousin. Je hoche affirmativement la tête, m'incline et m'échappe le plus rapidement possible de son emprise.

Je m'arrête devant la porte de sortie, et je reprends mon souffle. L'envie de vomir de tout à l'heure refait surface. Ce royaume de Silla est habité par des traitres. Je sors et rejoins l'eunuque en chef. Il s'avance vers moi et m'escorte jusque mes quartiers. J'ai beaucoup de difficultés à suivre son rythme de marche parce que mes jambes tremblent, elles ne me supportent pratiquement plus. Je suis meurtrie dans ma chair, me sentant cruellement trahie par l'homme que j'aime. Je retiens mes larmes et refoule mon chagrin.

Lorsque je regagne enfin ma chambre, je laisse libre court à ma déception. Je réfléchis à mon statut, à tout ce qui s'est passé depuis mon arrivée dans ce royaume. A aucun moment, je n'ai soupçonné le prince d'être à l'origine de tous mes malheurs. Il est en définitive mon pire ennemi. En quelque sorte, je suis reconnaissante à Daehwi d'avoir fait en sorte que je ne sois plus au service de ce traitre, briseur de cœur........................................