chapitre 19

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Rachel: Au début, c’était probablement parce que je pleurais à chaque fois que j’y pensais. Si j’en parlais c’était pire.
Et puis avec le temps, c’est devenu différent. J’ai toujours de la peine bien sûr mais maintenant je m'y suis faite.
Je sais que c’est son destin, enfin mon destin et c’est ainsi. Je vais la voir au cimetière une fois par semaine.  C’est là où je lui parle. Je me dit qu’elle est dans un monde meilleur.

Aline: C’est une très bonne chose, vous avez fait le deuils.

Rachel:  Je pense que oui. Mais j’ai peur tout le temps.

Aline:  Pour votre bébé n’est-ce pas ?

Rachel: Oui. Je me dis que plus je me rendrai compte que c’est réel, plus la perte sera horrible.

Aline: Pourquoi envisager de le perdre ?

Rachel : Pour me préparer. Ce sera moins douloureux si je l’imagine. C’est quelque chose d’horrible je sais mais…

Aline lui donna un mouchoir que Rachel pris dans les mains.

Aline: Prenez votre temps.

Rachel pris le verre d’eau et but quelques gorgée.

Rachel: J’ai tellement souffert à la perte de ma fille. J’ai dû accoucher de façon naturelle, par voie basse. J'entendais tous les autres bébé pleurer à côté mais pas moi. Elle n’a pas… pleuré.  Je crois que même quand on m'avait dit que c’était terminé. Je n'y croyais pas vraiment. Je devais accoucher deux jours après. Je m’imaginais encore qu'ils s’était trompé. Qu’à la dernière minute ils me diraient que le cœur fonctionné. Qu'ils se serait trompés. Je l’imaginer vraiment. Et puis après tout était fini. Je ne l’entendrait jamais rire ou pleurer. Jamais elle me dirais maman,  pas de première anniversaire, de fête des mères.  C’est la pire douleur au monde. Je pense que je ne survivrais pas si je devais le revivre une seconde fois.

Aline:  Oui, je comprends. Vous m’avez également dit que vous faisiez partie de groupe de discussion sur ce sujet.  Est-ce que ça vous aide ?

Rachel: Oui, le fait que des personnes aient pu ressentir et vivre ça m’aide énormément. Je me sent moins seule. Mais je m’en veux énormément surtout par rapport à Alec.

Aline:  Pourquoi cela ?

Rachel:  Il est heureux de devenir père. Moi j’ai seulement peur. Parfois je mets ma main sur mon ventre et je me dis qu'il y a un bébé. Et quelques secondes après, je l’enlève ma main et je me dis que ça n’existe pas.

Aline:  Est-ce que ça vous aide ?

Rachel: Non . J’ai l’impression de gâcher cette grossesse d'une certaine façon. J’aimerais pouvoir aller dans les magasins et acheter quelque chose pour le bébé mais je n’y arrive pas.

Aline: C’est tout à fait normal. Beaucoup de personnes se retrouve dans ce type de situation. Mais il vous faudra réussir à accepter cette grossesse. Vous êtes belle et bien enceinte et peu importe comment se terminera cette grossesse. Il faut réussir à profiter de chaque instant. Que ce soit pour vous ou pour votre mari et pour votre enfant également.

Rachel: Oui, c’est ce que je souhaite à tout prix. Je ne veux pas rester comme ça. Je trouve cela épuisant.

Aline: Vous pouvez faire un exercice.
À la prochaine séance, vous viendrez avec un objet que vous aurez achetée pour votre enfant. Disons une tétine ou une paire de chaussettes. Un petit quelque chose que vous choisirez pour lui.

Rachel souris en s’imaginant acheter quelque chose sans être angoissée. Elle acquiesça et son rendez-vous se termina comme cela. Elle verrait la psychologue deux fois par semaine. Étrangement, en sortant de son rendez-vous, elle se sentait plus légère. Elle décida de faire quelques courses et de rentrer à la maison. Elle attendait impatiemment Alec. Même si ils ne se parlaient qu’avec des messages, elle voulait à tout prix s’excuser et qu’il soit près d’elle.

Du désespoir naît l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant