Blood, Sweat and...

Tears n°62

J'ouvris les yeux, mes paupières étaient lourdes, j'avais comme une sensation de nausée qui me rongeait le ventre. 

Je tournais la tête à ma gauche, le lit de Lily était proche du mien. De ce que je voyais, elle aussi était en mauvais point. Elle était de plus en plus faible, sa respiration devenait stéréoteuse par moment et parfois, elle geignait de douleur. Je ne me voyais pas, mais je ne devais pas être dans un meilleur état...

En déglutissant, je m'aperçu que j'avais extrêmement soif. Depuis quand exactement est-ce que je n'avais pas vu la couleur d'un vrai repas ou senti une quantité d'eau décente franchir le seuil de mes lèvres ? Au moins une demi éternité.

Autour de moi, tout tournait, le plafond semblait bouger, les rideaux trembler et mon propre lit, tanguer. Quelques rayons du soleil franchissaient timidement les espaces entre les deux pans du rideaux m'indiquant que je venais de passer une nouvelle journée dans cet endroit... 

J'étais complètement déconnecté du temps, je ne saurais même pas dire depuis combien de temps je suis là, ni même combien de secondes s'écoulent entre chacun de mes clignements d'yeux.

J'essayais de rassurer Lily chaque fois qu'elle explosait en sanglot, disant que l'on va crever ici sans aucun espoir de sortie. Mais en vérité... Je commence moi-même à douter... Va-t-il réellement me retrouver ? Plus le temps passe, moins j'y crois. J'essaie de m'accrocher mais j'ai l'impression de délirer sans cesse. 

Cependant... 

Chaque fois que je tombe de sommeil, je m'imagine de nouveau dans le lit de Taehyung, le matin très tôt, au crépuscule. Quand, comme  souvent, je me réveille vers cette heure là, et il est là, il regarde dehors sans réellement prêter attention au paysage, ou il lit un énième livre... Et sa main me caresse les cheveux avec douceur, comme si c'était naturel, habituel entre nous... 

Les retours à la réalité son par la suite assez durs.

Pour l'instant, de ce que j'ai pu remarquer, on a changé ma poche de sang une bonne dizaine de fois. Les hommes ne faisaient aucun efforts pour être discrets et nous réveillaient à chaque fois en claquant la porte comme des brutes. Ils ne venaient jamais seuls, toujours par petits groupes de deux ou trois. 

Je me sentais affreusement faible, mon cœur battait à peine et je dormais quasiment tout le temps.

A mes côtés, j'entendis Lily geindre, elle avait les yeux fermés, ses poings se refermaient, tirant sur ses chaînes dans un bruit aigu. Elle tenta de rabattre ses cuisses contre elle, de plier ses jambes mais les chaînes l'entravait. 

-Lily... -l'appelais-je.

Elle ne m'entendais pas et gémissait de douleur. Son cauchemar devait être vraiment horrible. Comme tous les autres en fin de compte... 

-Lily, réveilles toi ! -dis-je, à bout de force. 

Elle ouvrit les yeux en sursautant, essoufflée. 

-Ca va aller, c'est fini... -dis-je en tentant de la rassurer.

Elle se tourna vers moi, ses yeux verts cernés plantés dans mes yeux. Elle était vraiment pâle, et ses joues me paraissaient creusées...

Elle allait me dire quelque chose quand de nouveau, la lourde porte en métal de notre chambre s'ouvrit avec violence et tapa contre le mur. La lumière s'alluma pour la toute première fois, illuminant la pièce de mille feux. Et c'est là que je les vis.