Tears n°12

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Je parcourais le couloir, Jimin à mes côtés. Il marchait sereinement devant moi, il me devançait de quelques pas. J'avais la tête baissée. J'étais en train de vivre un cauchemars mais c'était comme si mon cerveau me disait "t'inquiète pas, ca va aller".

Alors que j'ai plutôt l'impression du contraire. Plus les jours passent et moins les choses ne s'arrangent. Et c'est comme ça depuis ma naissance. 

Je me demande s'il y a une limite à ça. Si un jour j'atteindrais le point de non-retour. Je marchais lentement, mes pieds s'enfonçaient dans l'épaisseur du tapis rouge qui prenait toute la largeur du couloir, et probablement qu'il en faisait tout le long aussi. 

Et maintenant que j'y faisais attention, mes chaussettes n'étaient pas de la même couleur. Après le petit monologue de Jimin devant la porte, ce dernier a jugé qu'il était grand temps pour moi de prendre une douche et de me débarrasser de ces fringues d'une autre époque. 

"Tu dois te sentir à l'aise ici, tu es chez toi désormais" 

C'est ce qu'il m'a dit juste avant de me montrer la salle de bain puis le dressing dans lequel il m'a dit de me servir comme si c'était le mien.

Je ne me souviens pas d'avoir dit quoi que ce soit, ni même m'être extasié devant la baignoire à pied, moi qui avait l'habitude de mon petit appartement où la salle de bain faisait aussi office de toilettes, j'aurais pourtant dû être émerveillé. 

Mais les circonstances étaient pas folles alors non, je ne m'étais pas mis à fantasmer devant cette pièce énorme, cette douche italienne, ces lavabos ni même la ribambelle de produits. 

Je m'étais tenu là, immobile et seul dans cette pièce. Je m'étais déshabillé mécaniquement, comme un robot, m'étais plongé dans la baignoire et m'étais lavé aussi simplement que possible en essayant d'oublier que la dernière fois que je me suis lavé, c'est un pervers qui m'a touché. 

En sortant de cette pièce, je me sentais propre mais vide. J'étais comme en train de me résigner, j'allais rester ici, parmi ces cinglés et peut-être même que Jimin était le pire d'entre eux pour ce que j'en savais. 

J'avais ouvert l'armoire en grand, secouant mes cheveux trempés et j'avais pris des vêtements me foutant pas mal de mettre le bazar. 

J'avais défait deux paires de chaussettes et enfilés une de chaque sur chaque pieds. En sortant, Jimin avait vu ça mais n'avait rien dit. J'avais toujours eu cette habitude bizarre de mettre deux chaussettes différentes et au fur et à mesure, c'était devenu systématique, je ne faisais plus attention à force. 

Je n'aime pas quand les choses sont trop carrées, trop parfaites, quand chaque chose est parfaitement à sa place et nul part ailleurs, ça m'angoisse et me fait stresser pour rien. Alors ce n'était qu'un détail mais au moins je ne faisais pas de fixette sur deux chaussettes noires.

-Tu vas où comme ça ? 

Jimin interrompit le flot de mes pensées inutiles avec sa voix douce. Quand il parlait, c'était comme s'il chantait et maintenant que j'y pensais aussi, la voix dans mon rêve qui fredonnait, c'était la sienne. Celle de ma mère, je ne m'en souviens plus, pas plus que son visage à vrai dire.

Je ne lui répondis pas, mes mains irrémédiablement dans les poches du jean qui ne m'appartenais pas mais où je faisais comme si. Je me tournais vers lui et le rejoins sur la première marche des escaliers que je n'avais pas vu à force de réfléchir.

Il descendit, toujours avec quelques pas d'avance sur moi. Peut-être que mes cheveux mouillés avaient goutté sur le tapis rouge qui s'étendait même sur les marches. Ces gens étaient non seulement fous, des "vampires" paraît-il, mais en plus, ils étaient riches.

Blood, Sweat and...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant