Όλα Καλά 𑁋 Nekfeu

Partie 2 - Recommencement

Octobre 2017, Louisiane, USA.

[► "Les étoiles vagabondes" ]

Les gars étaient partis en Louisiane pour redécouvrir la musicalité primaire, les bases des instruments qu'ils utilisaient sur des machines, les tonalités qu'ils enregistraient à travers des variateurs. Il n'était plus question de s'enfermer dans un studio sous le ciel gris de Paris. Ou plutôt, il était question de s'enfermer sous le tonnerre américain. Après trois semaines en Californie du Sud à se reposer et à bronzer loin de la foule, il fallait remonter, doucement, et reprendre la route pour aider à écrire. 2Zer et Sneazzy riaient de vieux clips trouvés sur internet pendant que Framal et Doums dormaient à l'arrière. Mekra et Nekfeu écoutaient des sons sur leur téléphone. La route était chaude malgré la fin d'année, surtout en Californie.
Il fallait encore traverser l'Arizona et les côtes du Nouveau Mexique. Ils s'arrêtaient régulièrement sur la route pour que le chauffeur puisse souffler et tourner. Arrivés au Nouveau Mexique après une journée de route, ils arrêtèrent leur voyage dans une chambre d'hôtel. C'était une ville immense dans un désert de sable et de roche à perte de vue. Ils profitèrent d'une nuit reposée pour se rafraîchir une dernière fois avant l'arrivée au Texas. A l'aéroport de Dallas, ils avaient laissé la grosse voiture en location et prit un vol en direction de la Louisiane.
Ils allaient enfin arriver à destination.

– Bon aller, moi j'bouge plus pendant quelques jours arrivé à l'hôtel. Trois jours qu'on est sur la route, il m'a détruit le cul ce siège !

Framal se plaignait du trajet en voiture mais il n'avait pas eu à conduire, une chance car la route n'avait pas pu être aussi ennuyeuse que celle du désert en plein Nouveau Mexique. Si quelques arrêts avaient été obligatoires pour profiter du paysage en soulageant des vessies pleines à plus de 50cl d'Ice Tea, la route avait globalement été assez terne et sans saveur particulière.

– Bahhhh bah bahh... S'était moqué Doums.

Ils prirent une nouvelle location à Shreveport et s'installèrent peu de temps après leur arrivée enfin à l'hôtel. Framal partit directement se doucher et se reposer dans sa chambre, Mekra partit également prendre des nouvelles de sa famille en retrait, après plusieurs jours sur la route et sans trop de nouvelles, et ils laissaient finalement Sneazzy et 2Zer découvrir d'or-et-déjà les lumières de la ville.

– Vous v'nez pas kho, sûrs ? Demanda 2Zer à Doums et Nekfeu.

– Ouais non vas-y kho je verrais ça demain, j'suis mort ce soir.

Doums répondit également d'un signe de la main qu'il laissait tomber les plaisirs de le nuit pour ce soir et ils s'extirpèrent de l'hôtel à deux pour le reste de la soirée.

– Non mais ça va l'faire gros, faut juste souffler encore, c'est trop frais c't'histoire.

– Non mais j'sais bien frère, avait reprit Nek après un long moment d'hésitation, c'est juste qu'elle continue de m'envoyer des messages là, et ça me prend la tête c't'histoire.

– Mais envoies la chier gros ! Elle sait pas c'qu'elle veut cette meuf, r'garde, ça fait deux mois et elle te CASSE les couilles encore ! Doums avait bien articulé ses mots pour les lui faire entendre correctement.

– Ouais non mais j'sais bien...

Ken était perdu dans la tournure des évènements. Son ex copine, avec qui il était depuis près d'un an maintenant, avait mis fin à leur relation dans l'été, lassée d'attendre après lui, lassée de ne jamais passer en priorité, lassée de ne jamais avoir à discuter. Les discutions étaient devenues vaines : le travail, les voyages, les studios, les enregistrements, les phases d'écriture... Tout était prioritaire. La vie personnelle l'était moins. A contre-cœur, il avait compris sa peine et la situation lui brisait le cœur. Il avait compris sa décision et avait fini par l'accepter, ne tentant même plus se battre pour une femme qu'il aimait. Il abandonnait son amour et le jetait du haut d'une tour, l'une de ces tours qui avaient déjà été percutées par plusieurs avions auparavant et qui ne tenaient qu'à quelques débris instables. Il avait eu de la difficulté à gravir les escaliers, tremblant, terrifié à la simple idée de se retrouver à nouveau seul à contempler la vue. Mais il avait dû s'y résoudre, acceptant de rayer à nouveau ses chaussures sur les débris qui l'encombraient.