13 ❝𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒆𝒕𝒓𝒐𝒖𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒗𝒂𝒊𝒏𝒆𝒔❞

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And togetherness is what we doTogether me and him and you❝❞

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And togetherness is what we do
Together me and him and you
❝❞

     La nuit était épaisse dans le port, sombre, et impossible à percer. Mais cela ne dérangeait pas Elyios, pas vraiment. Les dernières semaines avaient été étranges, à arpenter les recoins de la terre. Et puis ce père qu'elle avait tant désiré, qu'elle avait vu, connu même, s'émerveillait devant elle de la vie qu'ils auraient à passer ensembles. Mais quelque chose la troublait, elle le voyait au travers de ses yeux si mélancoliques et distraits. Peut-être était-il connu par le monde entier comme Arthur Pendragon, roi de Bretagne et du peuple Breton, siégeant en la forteresse de Kaamelott ; mais pour elle, il n'était qu'un homme en quête de savoir, du sens qui donne vie au monde et à l'impossibilité de l'existence. Ce qu'elle décelait, avec son regard si pur, c'étaient les dangers de l'âme troublée et un amour trop vain du passé. Elle avait tenté de le questionner, de l'interroger sur les mystères qu'ouvraient à elle les mentions de la Bretagne, et il y répondait avec émotion ; mais sa voix se voilait derrière l'illusion que tout aurait pu être différent. Elle n'avait pas trop osé lui poser des questions sur le temps où il avait connu sa mère, elle n'en connaissait que des bribes par les conversations qu'avaient entretenus Macrinus et Aconia au fil des années, aux voyageurs et invités. Rome n'était qu'un souvenir pour certains mais un mirage magnifique pour d'autres. Elyios s'imaginait des monuments intrigants, dissimulés dans l'ombre des intrigues de l'Empire. Rome n'était pas qu'une ville, elle était une vie, un art de vivre, un sentiment à atteindre. Parfois, elle s'était imaginée, plus âgée, s'y rendre, comme une sorte de pèlerinage obligatoire sur les traces de la vie de ses parents.

     Elle avait été l'enfant du miracle. C'est ce qu'elle avait cru, c'est ce qu'ils avaient cru. Macrinus et Aconia avaient été mariés jeunes, vingt-deux et dix-huit, une union hasardeuse et maladroite pour des jeunes gens inexpérimentés. On l'avait envoyé en Bretagne à ses vingt et cinq ans, sans la moindre espérance de retour. Eût–il été mort, il n'y aurait eu aucune différence. Aconia avait été malheureuse, avec l'absence de ce mari qu'elle ne connaissait si peu. Elle avait appris à l'aimer et elle avait remarqué au fil des jours qu'il ne souriait plus que pour elle. Lorsqu'il était rentré, il ne souriait plus du tout. C'était cela, le plus douloureux. C'est qu'elle l'avait aimé de tout son être lorsqu'il n'était plus à ses côtés. Elle l'avait aimé pendant treize ans, seule et désespérée. Elle s'était accrochée à son souvenir comme une âme en peine, parce qu'il était plus facile de se dire qu'il était vivant que de ne songer à sa mort. Elle n'aurait pu se le pardonner. Chaque mois, elle se rendait au Sénat, suppliant de le renvoyer, même pour quelques jours. Chaque mois, une seule réponse : cela est impossible, il est trop précieux pour quitter cette terre dangereuse. Elle ne pouvait lui écrire, tout courrier pensé comme alertant des espions. Treize ans de solitude, dans une villa si grande qu'elle s'y perdait, parfois. La seule solution qu'Aconia Minor avait trouvée pour faire passer ce temps si long était de dormir. Elle dormait, errait la nuit, pleurait jusqu'à oublier.

𝐒𝐎𝐋𝐈𝐕𝐀𝐆𝐀𝐍𝐓 | 𝐤𝐚𝐚𝐦𝐞𝐥𝐨𝐭𝐭Où les histoires vivent. Découvrez maintenant