𝒐6 ❝𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒇𝒇𝒍𝒆 𝒅𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒔𝒕𝒓𝒆❞

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When we are setting their heads on fireThen we'll be even, my dragon pal and me!❝❞

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When we are setting their heads on fire
Then we'll be even, my dragon pal and me!
❝❞

Le régent avait tué un dragon. C'est ce que l'on disait. Ce que l'on hurlait ou murmurait. On disait qu'il l'avait fait ou qu'il était sur le point de le faire. Qu'il avait pour cela l'aide des arts ténébreux que pratiquait l'Enchanteresse. Mevanwi de Vannes. Certains se plaisaient même à dire qu'elle partageait sa couche pour le goût du pouvoir. Les plus téméraires allaient à renchérir : au contraire, le régent la laissait vide pour attendre le retour de son aide de camp bien aimé. Trop aimé. Ceux-là, on entendait leurs cris jusque dans les plus hautes tours du château. Ils ne vivaient jamais assez longtemps pour raconter leur expérience, de toute manière. Personne, dans ces geôles, ne vivait jamais assez longtemps pour raconter ce qu'ils avaient subi. Un temps, Ress avait échappé à ces douleurs. Niall avait été là pour l'en éloigner. Mais avec son absence, il n'était plus protégé. Et puis il ne connaissait pas vraiment grand monde au château. Soit il avait eu peur d'aller leur parler, soit ils faisaient peur et leur parler offrait un sort où la Mort semblait bien douce. L'Enchanteresse... Il ne la voyait que de loin, au détour d'un couloir mais elle semblait pire de jour en jour. Mais aussi plus grande, plus cruelle. Parmi les gardes, on murmurait toute sorte de théorie ; qu'elle s'adonnait à de terribles pratiques, qu'elle cherchait à séduire le régent. Mais Ress, lui, savait. Elle souffrait, c'était cela la réponse. On l'avait privée de sa famille, passée du côté des traîtres. Le clan des Semi-Croustillants, comme ils aimaient se faire connaître. Ils avaient fait des ravages dans la forteresse. Ils avaient volé des stocks d'armes, mis à sac des cuisines et même mis feu aux écuries. Plusieurs soldats étaient morts. Ress avait perdu des amis. Mais il avançait toujours la tête haute, car c'était cela, la vie : plus il s'éloignait du passé, plus il portait le poids des morts sur la conscience. Il passait du temps en dehors de la forteresse, étudiant les visages et les corps. On prenait garde à ne pas chuchoter devant lui, d'aucun ne voulait laisser échapper quelque opinion qui les conduirait en prison. Alors, on se pressait sur des sujets plus importants : que donnerait la dernière récolte ou qu'allait–il advenir des invasions saxonnes, maintenant que le régent voulait lier une alliance avec eux. Non, ce que Ress avait remarqué, c'était la présence d'un corbeau, partout où il allait. Un peu comme une âme qui le surveillait. Il y avait eu quelques petits miracles dont on taisait l'existence, au château. Une fois, Niall lui avait confié avoir trouvé des potions de sommeil, sur le pas de sa fenêtre. Sans jamais aucune note que celle de la bienveillance. Parfois, Ress s'imaginait qu'au delà de ce ciel gris et de cette tempête, une terre arrosée par le soleil l'attendait. Peut-être qu'il pouvait espérer. Car au final, les jours meilleurs viendraient, non ? Il ne savait pas vraiment. La lumière ne filtrait pas des fenêtres tamisées de la salle d'armes. Ses mains étaient calleuses à force de porter son épée. Tous les jours, il s'entraînait : c'était le seul moyen de se défendre. Niall lui avait offert une rapière. Elle n'était pas élégante ou raffinée mais le jeune soldat la chérissait. La garde était lourde, ses traits esquissés presque trop grossièrement. La lame était longue et tranchante. Tous les jours, il l'aiguisait. C'était le simple et seul moyen de garder en vie sa rage.

𝐒𝐎𝐋𝐈𝐕𝐀𝐆𝐀𝐍𝐓 | 𝐤𝐚𝐚𝐦𝐞𝐥𝐨𝐭𝐭Où les histoires vivent. Découvrez maintenant