chapitre 1

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Mardi 1 septembre

L'adrénaline bouillonnait dans les veines de Jade Bailly. Elle vidait son armoire pour remplir des valises de quelques vêtements de ville et de ses uniformes. Elle faisait de même avec ses livres les plus importants. Son cœur battait la chamade à chaque fois que ses yeux bleus tombaient sur son bureau, là où reposait la lettre. Elle pourrait réciter les quelques mots qui y figuraient tant elle avait lu et relu.

Chère Jade Bailly,
Nous avons l'honneur de vous convier le premier septembre au sein de Paris pour nous rejoindre à Sonia.
N'oubliez pas vos uniformes ainsi que vos carnets et stylos ( voir la liste ci-jointe ).
À très bientôt chère auteure.

Neuf jours plus tôt, une enveloppe de la part de l'une des écoles d'écriture les plus réputées de France était arrivée dans sa boîte aux lettres. Jade repensa à la folle fierté illuminant les yeux de ses parents, à son bonheur encore plus dingue et à la vague d'amour qu'elle avait reçu en pleine face par sa famille.  Tous ces sentiments l'avaient frappé quand elle avait tenu ce bout de papier au travers de ses doigts et qu'elle l'avait montré à tous. Un sourire étira de nouveau les lèvres de l'adolescente lorsqu'elle s'immobilisa pour admirer cette lettre, encore une fois.

— Jade ! Tu as fini ?

Une voix maternelle la fit sursauter. En levant la tête pour regarder l'horloge, elle se rendit compte qu'il ne restait plus que vingt minutes avant que l'heure fatidique arrive. Son cœur s'emballa de nouveau et une folle envie de danser la prit aux tripes. Elle y était, enfin !

— Deux minutes ! hurla la jeune fille en retour, en se mettant à genoux devant sa valise inachevée.

— Deux minutes ? Il te faudrait plutôt deux heures, répondit la voix d'Élisa, sa mère, dans son dos. Tu ne veux pas de l'aide ?

La mère se tenait sur le seuil de la chambre de sa fille et admirait le joyeux bordel qui y régnait. L'été brûlait à travers la fenêtre ouverte et Élisa décida de la fermer en grondant son enfant. Jade l'ignora. Elle était dans un grand dilemme, Jade hésitait encore sur quels romans emporter et lesquels laisser ici. Elle partait tout de même pour plus de trois mois !

— J'ai trop hâte de découvrir la bibliothèque, maman, glissa Jade en ajoutant la plupart de sa collection Folio dans la valise ouverte.

— Forcément ! Je pense qu'elle sera immense.

Après un bref silence, Élisa reprit, un sourire dans la voix :

— Tellement grande que les livres que tu emportes sont inutiles !

Jade rit, hésita de nouveau avant de faire glisser la fermeture éclair le long du chemin de fer. La pression grimpa d'un coup et l'adrénaline alimenta violemment ses vaisseaux sanguins. Son cœur brûlait autant d'impatience que son cerveau fourmillait à la découverte de cette école tant rêvée. Jade se releva et se frotta les mains contre son short de jean.

Élisa sortit de la chambre chargée de deux valises, elle appela son mari au passage et Jade tenta de porter son bagage plein de livres.

— Oh la vache ! grogna-t-elle en la soulevant de terre.

Elle attrapa la valise, plia les genoux pour puiser de la force dans le sol et força sur son dos afin de soulever le tout. Elle traînait plus le sac qu'autre chose tant il était lourd. Lorsqu'elle arriva à la hauteur des escaliers, elle abandonna carrément la tâche en poussant un long soupir. La blonde retourna dans sa chambre pour s'emparer de la dernière valise d'habits et répéta le même processus qu'avec celle de livres : elle laissa le bagage en haut de l'escalier.

SoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant