La lourde porte s'ouvrit dans un grincement aigu, provoquant de grands frissons dans le dos de l'adolescente. Jade s'avança et jeta sa tête en arrière pour lancer un large sourire à sa famille. Une forêt claire et accueillante l'attendait, décorant un large chemin de terre beige ressemblant à du sable. Ses pas étaient absorbés par cette texture moelleuse et une esquisse souriante tira ses lèvres.
Ses pas se faisaient énergiques, sa tête tournait de droite à gauche pour observer ces arbres gigantesques regorgeant de vie, ses oreilles étaient à l'affût du moindre bruit. Lorsqu'elle vit l'arrière-train de ce qui lui semblait être une biche, l'envie de tirer son carnet et son stylo la démangeait pour dessiner et écrire ce qu'elle ressentait. Sauf qu'elle n'avait pas son carnet sur elle. Elle se contenta de s'immobiliser pour observer en silence cet animal innocent et inconscient.
En voulant s'approcher un peu plus, une brindille craqua sous sa semelle et fit fuir la biche. Jade se frappa le front mentalement.
— Sinon c'était pas marrant ! Faut toujours que tu mettes les pieds aux mauvais endroits ! pestait-elle à haute voix en reprenant sa marche.
— Tu parles souvent toute seule ? interrogea une voix chantante mais grave dans son dos.
Un cri incontrôlé s'échappa de la gorge de la blonde. Elle se retourna vivement pour accueillir l'auteure de cette voix. Ses yeux bleus rencontrèrent une jeune femme d'une beauté à couper le souffle. Ses cheveux bruns tombaient dans son dos, encadrant un visage rond et des joues d'enfants. En retour, la brune avait le regard fixé sur la chevelure de Jade et cette dernière rougissait. Chacune dévisageait l'autre en silence, jusqu'à que Jade n'en puisse plus.
— Qui es-tu ? osa-t-elle demander en arrêtant de détailler cette fille.
— La politesse voudrait que tu répondes en premier à ma question, mais je suis Kaïna Tillier, prononça la brune avec un accent sudiste au bout de la langue.
La fameuse Kaïna s'avança et contourna Jade pour continuer son chemin sans plus de manière. Jade resta immobile quelques secondes, ne sachant quoi faire ou quoi dire. Ça commençait bien...
Finalement, Jade se décida à suivre les pas de la brune pour arriver à sa hauteur.
— Je ne parle pas seule, déclara simplement Jade.
Aucune réponse ne traversa les lèvres de Kaïna et Jade haussa les épaules, continuant à observer les arbres autour d'elle. Sa hâte d'arriver était de plus en plus croissante et elle n'arrivait toujours pas à croire qu'elle allait réaliser son rêve le plus cher.
— Tu es ici parce que tu écris ? interrogea Jade, histoire de briser le silence installé entre elles.
— Non, pour faire du cirque.
— Mais...
Jade comprit son idiotie. Généralement, dans une école d'écriture, les élèves écrivaient... La blonde se mordit les joues du bout des dents, la honte brûlait ses pommettes pâles. Quand on est bête, ce n'est pas seulement à moitié.
— Désolée, glissa Jade.
Kaïna rigola en attrapant le poignet de Jade avec douceur, elle le serra avant de le relâcher. Ses doigts étaient froids.
— Ne t'en fais pas, le stress et le silence ne font pas bon ménage. Tu habites à Paris ?
— Oui, depuis toute petite et toi ? Marseille, non ?
— Effectivement, je suis de Marseille. J'y suis née, j'y ai grandi et j'espère y donner la vie ensuite.
Les deux adolescentes discutèrent une dizaine de minutes avant de quitter la fraîcheur de la forêt. Un énorme château en pierre grise leur tenait tête, une rivière coulait sous un pont menant à la noble bâtisse et lui mouillait les pieds. Le soleil s'abattait sur le paysage et le faisait rayonner, ne lui donnant pas d'autres choix que de luire sous ses rayons. Jade en eut le souffle coupé tant la beauté brûlait ses iris clairs.
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Sonia
ParanormalIntégrer l'école d'écriture la plus prestigieuse de France : tel est le rêve ultime de Jade Bailly. Rêve qui se réalise le jour où son corps passe le portail de fer de l'établissement. Mais ce songe change de couleur lorsqu'elle brave la règle d'or...