semaine du 9 septembre au 18 septembre
C'était mercredi et les cours battaient leur plein. Français et écriture. Durant ce dernier cours, Jade avait écrit à s'en déchirer les doigts. Elle avait réussi à remplir son quota de mots journaliers mais elle ne s'était pas arrêtée pour autant. L'adolescente voulait avoir de l'avance pour se permettre un jour de repos.
Landry n'avait pas cessé de l'embêter. Elle avait finalement craqué et lui avait balancé un livre dans l'épaule assez fort pour qu'il se taise enfin. Elle n'en pouvait plus de lui et espérait finir au plus vite son roman pour qu'il s'en aille.
— Landry Jenkers, qu'ai-je dis à l'instant ? interrogea Léon Proust en s'avançant vers leur bureau.
— Qu'est-ce que j'en sais moi ? Vous croyez que votre cours m'intéresse ?
— Rien ne plaît à monsieur Landry, grogna entre ses dents Jade.
Elle reçut un coup de coude dans les côtes, ce qui la fit grimacer de douleur. Elle aurait voulu renvoyer un coup bien placé mais elle n'en avait pas le moral. Elle n'avait pas à se rabaisser à son niveau intellectuel très bas.
— Peut être que ça ne t'intéresse pas, mais ne dérange pas ceux qui sont intéressés.
La voix du professeur était aussi sèche que le désert et ses yeux aussi sombres que la nuit. En croisant son regard, Jade comprit qu'elle avait réellement fauté en faisant tomber le personnage dans ce monde.
— Monsieur ? Est-il possible que vous nous expliquiez correctement comment l'arrivée de Landry est possible ? pointa Juliette, son habituelle tresse habillant son dos droit.
La créatrice de Landry soupira. Elle n'avait aucune envie d'entendre une nouvelle fois ces explications qui la montraient ouvertement du doigt. Léon Proust ignora ses soupirs et se lança dans une explication claire et nette. Au fil de son récit, les regards coulaient en direction de Jade. Cette dernière ne cessait de rougir à chaque nouveau mot prononcé par l'homme de lettre.
— C'est techniquement impossible, lança Thomas à la fin de l'histoire.
Jade releva les yeux de son clavier pour regarder son ami, puis le professeur. C'était exactement ce qu'elle pensait depuis presque une semaine. Elle y pensait tellement fort que même ses nuits se blanchissaient.
— Pourtant si, Thomas. Ce n'est pas la première fois que ce phénomène arrive ici.
Le silence s'assit parmi les étudiants et les observa. Personne n'ouvrait la bouche. À court de mots, de questions ou même de pensées, Jade était soulagée de ne plus entendre une once de voix.
— Quand vous dites que ce n'est pas la première fois, qu'entendez-vous par là ? Jade n'est donc pas la seule tête en l'air de l'école ? se moqua avec douceur un adolescent dans le dos de Jade.
Un sourire étira les lèvres pleines du professeur.
— Non, Jade n'est pas la seule tête en l'air. En presque cent ans d'existence, l'école a connu une vingtaine de chutes de personne et une dizaine d'absorption d'auteurs, prononça Léon Proust. La sœur de la directrice a elle-même fait atterrir son personnage dans l'école étant plus jeune.
Le cours prit fin à la suite de nouvelles explications confuses. Jade avait littéralement fui la salle pour se réfugier dans la bibliothèque, seul endroit réellement apaisant. Landry l'avait rejoint en silence et avait lu un roman policier, celui rédigé par Alye.
Le vendredi était arrivé en courant, prenant Jade par surprise. Son habituel réveil matinal l'avait tourmentée au point qu'elle avait décidé de ne pas se lever pour écrire. Retombant dans les bras de Morphée, la culpabilité avait attrapé l'adolescente par les pieds et l'avait sortie de son lit sans manière. Finalement, Jade avait atterri à la bibliothèque à huit heures pétantes.
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Sonia
ParanormalIntégrer l'école d'écriture la plus prestigieuse de France : tel est le rêve ultime de Jade Bailly. Rêve qui se réalise le jour où son corps passe le portail de fer de l'établissement. Mais ce songe change de couleur lorsqu'elle brave la règle d'or...