crazy 2

Chapitre 17

Pdv Lucie

« Tu n'es pas sérieux ? Je rigole.

-Je t'assure, j'ai dit à l'employeur de ma mère que sa tête me faisait penser à un poireau. Elle m'avait promis la castration après cela. » Il continue hilare et je le suis en chœur.

Lucien est très brillant, mais il a gardé son cœur d'enfant. Et surtout un franc-parler déroutant de prime abord. Mais on finit par s'y habituer. Il a aussi ce petit côté à la fois mutin et provocateur qui m'a fait craquer.

Il m'a épaulée dans une phase extrêmement difficile. Voir ma mère autant souffrir était une torture et en dehors de Lindsey, il était le seul à être au courant. Il ne l'avait jamais raconté et malgré mon insolence, il revenait toujours à l'hôpital. Et c'est devenu une routine qui me plaisait et une présence tellement chaleureuse. Je me suis rendue compte qu'il était plus que le mec qui disputait Lindsey en classe.

Pourquoi je finis toujours par penser à elle ? Pourtant, je lui en veux encore, terriblement.

A présent avec Théo je me sens bien. Je n'ai plus besoin d'elle.

Je m'arrête au feu, impatiente qu'il passe au vert. Je tapote nerveusement le volant à l'aide de mes deux index. J'observe à travers la vitre une famille traversée la route. La dame tient fermement la main de l'enfant avec un sourire tellement bienveillant. L'enfant le lui rend magnifiquement. J'adore ce spectacle. Je souris avant de regarder à nouveau mon copain dont la simple présence me réconforte.

Je suis toujours impressionnée par sa capacité à s'en balancer des biens matériels. Un autre mec se sentirait honteux de trainer avec une meuf plus riche avec une voiture ou une grosse maison. Lui, il s'en fiche pas mal du regard des autres. Qu'on se moque de lui ou qu'on le prenne pour un profiteur. Et il a bien raison, ces abrutis ne savent pas ce que lui, il a apporté à ma vie. Il a pleins de défauts, mais il est loin d'être un macho. Il sait ce qu'il vaut et je trouve cela tellement sexy. J'ai de la chance d'être sa copine et qu'il m'ait pardonné malgré toute la honte que je lui ai causé. Je souris avant de me concentrer, à nouveau, sur le volant.

Mon téléphone me tire de ma rêverie. Je baisse le visage une seconde pour voir de quoi il s'agit. Un message. Je n'ai pas besoin de voir le nom. Je reconnais trop bien ce numéro inconnu : Lindsey. Elle n'a toujours pas compris ? Je ne veux plus la sentir. Je lève le visage certainement tordu par la colère. Son coup de poignard continue de saigner mon cœur.

Je me hâte de redémarrer, alertée par les klaxons pressants des autres automobilistes. Le feu est passé au vert et ils ne sont pas prêts à patienter une seconde de plus. Théo demande lorsque je suis enfin concentrée à conduire posément :
« C'est elle encore ?

-Oui. Je ne sais plus quoi faire. Je soupire, les yeux rivés sur la route

-Honnêtement, sa persévérance m'inspire un certain respect même si je la déteste. »Il avoue avec un sourire en coin.

Lui aussi n'a pas toujours digéré le sale coup de Lindsey. Il a toutes les raisons de toujours lui en vouloir. Je tourne le visage vers lui et il m'observait déjà. Je lui souris pour le rassurer et change simplement de sujet :
« Et si on allait se prendre ces fameux cocktails dont tu vantes tant les mérites ? »
*****
De retour de notre tête-à-tête, je souris de toutes mes dents. C'était magnifique tout était mis en œuvre pour cela. Les cours de la deuxième mi-journée annulés, un soleil qui s'étalait majestueusement et Théo parfait. Je m'étale comme un sac sur mon lit. Avant, je me disais qu'il fallait des choses extras pour être heureux. Avec lui, j'ai compris ! Des moments, même les plus simples, étaient magiques. Il fallait juste être avec la bonne personne.