TW // violence
Ils s'étaient tous les deux allongés et ils contemplaient les étoiles. Le silence régnait mais aucun des deux ne songeait à le briser maintenant, ces moments de calme révélaient la symbiose, la sincérité qui étaient entre les deux amis. Benjamin se sentait en sécurité, sous les constellations, même s'il se sentait minuscule il savait qu'il n'était pas seul. Il songea que c'était le bon moment pour parler de lui, il se sentait prêt.
- Pierre?
- Oui?
- Tu sais toutes ces fois où tu m'as posé des questions sur moi, sur mon enfance, ma famille, je te répondais toujours vaguement. Je suis désolé d'avoir été aussi vague mais le truc c'est que...
Sa voix se brisa légèrement, les émotions prenaient toujours le dessus.
... J'en ai jamais parlé à personne, parce que à chaque fois que j'essaye d'en parler, j'ai envie de pleurer et je déteste pleurer devant les autres, me montrer vulnérable. Est-ce-que je peux l'être devant toi?
- Ben, oui évidemment que tu peux pleurer devant moi, tu ne devrais même pas te poser la question. Je veux juste comprendre.
- Ok, bon comme tu peux l'imaginer j'ai pas eu une enfance très joyeuse. Jusqu'à mes 12 ans ça allait à peu près, j'avais des problèmes d'enfant de 12 ans tu vois, puis je suis rentré au collège et l'enfer a commencé. Pas forcément au collège mais à la maison. J'étais pas exactementle meilleur élève, je ramenais pas toujours de bonnes notes, surtout comparé à mon frère qui a toujours été premier de la classe. Quand je disais mes notes à mes parents, ma mère, elle, ne disait pas grand chose, elle me demandait juste si j'avais fait de mon mieux et je disais toujours oui parce que c'était la vérité, je faisais de mon mieux. Mais pour mon père, c'était impardonnable j'étais censé être un fils parfait comme l'était mon frère. Un fils qui avait la même vision de la vie, un fils intelligent. Bref, tu vois le genre. Donc ça a commencé par des engueulades entre lui et moi, ensuite il y a eu de plus en plus d'insultes, chaque jour il m'insultait même quand je n'avais rien à me reprocher. Comment un père peu être aussi méchant, je peux même pas appeler ça un père. C'était juste affreux, je commençais vraiment à me sentir mal par rapport à ça, je pensais que.. que ça pouvait pas être pire et que je pouvais supporter ça, c'était pas grand chose finalement. Mais, après les cris et les insultes, il y a eu les coups. de la violence physique, encore et encore. Alors je subissais, j'avais pas d'autres choix que de subir.
Benjamin prit une pause pour essuyer les larmes qui coulaient sur ses joues, il n'osa pas regarder Pierre une seule seconde, il fallait qu'il se dévoile totalement.
- Tous les soirs, je pleurais, j'avais peur, peur qu'il vienne pour me faire du mal, peur qu'à un moment j'arrive à un point de non retour. Cette peur, elle s'est très vite transformée en angoisse, je me suis mis à avoir de l'anxiété, des crises d'angoisse et je n'en parlais à personne. Ma mère n'intervenait pas et je ne lui en veux absolument pas, parce que je sais que si elle se mettait en travers de son chemin c'était elle qui allait devoir subir cette violence et je voulais pas qu'elle souffre. Je pouvais tenir le coup mais elle non, ça aurait été un enfer. Ca a duré 2 ans. 2 ans en enfer. Et encore aujourd'hui j'y pense. J'ai des cicatrices aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Presque tous les jours je me rappelle de ces moments et... c'est tellement dur Pierre, c'est un calvaire.
Pierre regardait Ben du coin de l'oeil, il sentait son émotion et il était sur le point de pleurer à son tour parce qu'il ne voulait pas enregistrer le fait que son ami avait subit tout ça, c'était impossible.
- Ben, je sais pas qu'est-ce que je pourrais te dire pour que tu ailles mieux, je pourrais jamais comprendre ce que tu as vécu. Jamais. Mais ce que je peux te dire c'est que t'es une personne tellement forte, t'as pas laissé tomber et regarde où tu es là maintenant. T'as un métier qui te fait kiffer, tu as des gens qui te soutiennent... Je ne peux pas imaginer ce que tu as enduré mais sache que je t'admire d'être resté aussi courageux.
- Merci Pierre, vraiment merci. Même si ça fait longtemps et même si mon père ne fait plus parti de ma vie, j'en garde des traumatismes qui me pourrissent la vie parfois. Parfois euh, je me dis que je vaux pas mieux que lui, que je suis pas capable d'amour. Que j'aurais jamais une vie stable.
Benjamin se sentait plus libre, comme si le poids qui pesait sur ses épaules était enfin parti.
- Tu ne le ressens peut-être pas mais, t'es capable d'aimer Ben. Je sais que t'en ai capable, ok tu le dis pas de façon clair et nette et parfois on sait pas si tu nous détestes ou si c'est juste des blagues mais moi je sais que c'est des preuves d'amour. Tu ne sais pas le montrer mais, je le ressens. Tous les jours je le ressens. Alors s'il te plaît prend un peu de cet amour pour t'aimer toi.
- C'est vrai tu le ressens?
- Oui et sans jamais défaillir.
- J'ai tout le temps eu du mal à montrer aux gens que j'aime à quel point je les aime. Je sais pas ça doit être un bloquage.
- Sûrement. Mais, rassure-moi, tu te donnes un minimum d'amour à toi-même?
- Non, pas du tout. Je préfère en donner aux autres plutôt que m'aimer moi-même.
- On est pas si différents toi et moi finalement. On a tous les deux nos blessures qu'on essaye de soigner.
- Ouais, une belle bande de bras cassés .
Pierre regardait son ami, il ne savait plus quoi dire alors il prit de main et se rapprocha de lui. Il ne savait pas ce qu'il faisait mais il y allait, c'était le moment ou jamais.
Benjamin sentait la main de son collègue se poser sur la sienne. Il se rapprocha alors de lui et il fit de même.
- Merci du fond du cœur de m'avoir écouter, qu'est-ce que j'ai fait pour te mériter sérieux? Je suis une merde et toi t'as là à propager du bonheur autour de toi.
- T'as accepté de faire une vidéo avec moi et voilà où on en est. On se mérite l'un et l'autre, on se mérite.
Les deux décidèrent de quitter le toit pour aller dormir, la soirée avait été intense et ils étaient fatigués.
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Nos blessures
FanfictionLe manque de confiance, le voilà le gros problème de Pierre, il n'avait aucune confiance en lui. Alors oui, peut-être qu'avec cette âme de leader il trompait tout le monde mais ce qu'il cachait en dessous était bel et bien présent. Personne, vraimen...