5

985 44 8
                                    

PDV Louis

-"Putain mais elle va me saouler celle-là je le sens !" m'énervais-je.

Je claque la porte du garage et trouve mes parents au bas de l'escalier.

-"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Sa journée ne s'est pas bien déroulée ?" s'inquiète ma mère.

-"J'en sais rien et je m'en fou."

-"Louis ! Tu nous parles autrement !" gronde mon père.

Je monte les escaliers par deux et rentre précipitamment dans la chambre de ma nouvelle colocataire.

Elle venait d'enlever son t-shirt et se retrouve seulement vêtue de son soutien-gorge et de son short à fleurs.

-"Mais toi alors, putain, t'es incroyable !" s'écrit-elle, en rigolant, nerveusement.

-"Écoute moi bien, ça, plus jamais tu le refais."

Je claque la porte derrière moi et elle lance son t-shirt contre moi, que j'évite de justesse.

-"J'en ai vu passer des meufs ici mais toi alors, toi t'es sacrément gonflée !"

-"J'ai pas demandé à venir ici !" se défend Amanda.

-"Pourtant, tu y es ! Maintenant, c'est à toi de choisir. Soit tu as le comportement adéquat qui te fera rentrer chez toi au plus vite, soit tu continues de faire des conneries et tu finiras dans une prison pour mineurs !"

Elle me regarde, retirant son air hautain de son visage, ce qui la rend beaucoup plus mignonne, et croise ses bras sur sa poitrine.

-"C'est elle qui a commencé."

-"C'est comme ça que tu justifies tes actes ? Tu ne te rends pas compte. Je ne sais pas comment sont vos écoles en France mais ici, tu peux être retirée de ta classe pour plusieurs jours et pour bien moins que ça." la menaçais-je.

-"Casse toi."

-"Pardon ?"

-"Sors d'ici !" crit-elle, plus fort.

Quelqu'un toque à la porte et je prie pour que ce ne soit pas mes parents.

-"Tout va bien ?" murmure Millie, qui vient d'ouvrir la porte.

-"Toi, va-t-en. C'est pas le moment."

Je claque la porte sur son nez.

-"Je sortirai pas d'ici, bordel. Je suis chez moi, c'est toi qui est l'intrus entre nous deux." rappelais-je.

-"Je le dis et je le répète : je n'ai jamais voulu venir ici. J'en ai rien à foutre de ta maison, de ta chambre, de tes affaires et de toutes les conneries que tu possède. J'étais heureuse en France, quand je ne vous connaissez pas !" s'écrit Amanda.

Elle prend un débardeur de sa valise, qu'elle n'avait d'ailleurs toujours pas vidée comme si elle comptait partir, et tente de passer pour sortir.

-"Tu n'iras nul part." rigolais-je.

-"Mais t'es qui toi ? Tu te prends pour mon père. Je n'ai d'ordre à recevoir de personne, encore moins de toi."

Elle me pousse et finit par réussir à me faire décaler de la porte. Amanda sort, j'essaie d'attraper son poignet mais elle court jusque dans l'escalier.

Issie passe au même moment, nous regardant de travers, et je continue de courir pour la retenir.

-"Mais qu'est-ce qu'il se passe encore ?" s'énerve mon père, qui laisse reposer son cigare dans le cendrier.

Il ferme son journal et se lève.

-"Rien, tout va bien." pestais-je.

-"Votre fils est seulement un connard !" jure-t-elle, à voix basse.

Elle prend la porte, s'amuse à la claquer dans son dos et je perds patience.

-"On a vraiment accueillie la pire des salopes sous notre toit !" m'écriais-je.

Ma mère s'empresse de venir.

-"Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu vas finir par nous le dire ?" s'énerve-t-elle.

-"Elle s'est battue avec Angéline decant le lycée ! Elle va faire que des conneries, je vous le jure ! Elle est tarée cette fille !"

-"Ne parle pas d'elle comme ça. Elle a eu des moments difficiles dans sa vie, que toi tu n'auras sûrement jamais à vivre." calme mon père.

-"Mais dites moi ce qui lui est arrivé ! Je ne peux pas l'aider si vous ne me dites pas !"

-"Tu n'as pas à le savoir. C'est notre travail à nous de l'aider à se socialiser et à se sentir bien dans notre famille. C'est le début, les premiers jours. Tout va finir par s'arranger, je te le promets. En attendant, concentre toi sur tes études avant de repartir en tournage." conseille ma mère.

Ils m'insupportent tous, à me considérer comme un enfant, à ne pas me prendre au sérieux.

Je monte de nouveau, me dirige vers le bureau de mon père et ferme à clé derrière moi. J'ouvre les tiroirs, à la recherche de quelque chose en particulier.

Je finis par le trouver. Son dossier de suivi.

Je l'ouvre, m'assois dans le fauteuil et commence à lire.

Amanda Ivanovitch
né(e) le 18 Juin 2003, à Paris ;
de nationalité Russe et Danoise

parent 1 : Vigga Hansen
parent 2 : Sasha Ivanovitch

• premier délit commis à l'âge de treize ans : vol à l'étalage
• amanda est arrêtée, en état d'ébriété sur la voie publique ; elle injure les forces de l'ordre et se retrouve à passer la nuit dans une cellule de dégrisement
• dans la nuit du 18 Juin, Amanda est retrouvée seule, les vêtements déchirés, sur une route de montagne : elle dit s'être perdue mais des examens prouveront qu'elle a été agressée sexuellement ; elle refuse de porter plainte
• le 12 Juillet, Bryan Gacilly succombe à ses blessures, abattu par une batte de base-ball ; celle-ci est retrouvée quelques mètres plus loin, dans une contre-allée, ensanglantée : Amanda avoue le meurtre, passe en commission et est acquittée (légitime-défense selon la Cour), elle doit néanmoins payer une amende pour la famille de la victime
• Amanda est de nouveau arrêtée, consommant des substances illicites

Je m'arrête là dans ma lecture, ferme brutalement le dossier et le jette à mes pieds.

Cette nana est pire que je ne le pensais.

Je descends précipitamment et prend les clés de ma moto.

-"Tu vas où comme ça ?" s'inquiète ma mère.

-"Je dois aller la chercher." lâchais-je, en me précipitant dans le garage.

Mes parents me suivent.

-"Ce n'est pas à toi de le faire. Elle va finir par rentrer, elle ne connait personne et aucun endroit où aller."

-"Justement, c'est la raison pour laquelle je dois m'empresser de la retrouver."

Je n'attends pas de réponse de mes parents et démarre en trombes, faisant ronronner le moteur.

Je parcours les rues de Los Angeles jusqu'à la tombée de la nuit et la trouve finalement sur la plage.

Je me gare et l'observe de loin.
Elle est assise et regarde l'océan au loin.

Comme nous sommes un soir en pleine semaine, personne n'est présent sur la plage, ce qui me rassure.

Je la surveille et m'approche doucement, lorsqu'elle se relève.

Elle défait ses cheveux de son chignon, qui tombent sur ses épaules, puis s'avance vers l'eau.

-"Mais qu'est-ce qu'elle fait ?" m'étonnais-je.

À cette période de l'année, l'eau est toujours chaude mais les rouleaux de vagues s'écrasent contre les rochers.

Si j'avais su - Louis PartridgeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant