Anecdote 10 : Éthique

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Ce recueil d'anecdotes était censé s'arrêter avec la partie suivante, qui devait compter comme l'anecdote 10, avec mon ressenti sur ma première publication en ligne.

Mais je me suis rendu compte que je n'avais pas écrit une ligne sur ce qui me fait parfois réfléchir à ce livre encore aujourd'hui : les questions éthiques !

J'ai fait face à 4 problèmes qui m'ont fait beaucoup réfléchir après coup à la manière dont ces passages pouvaient être interprétés par les lecteurs :

- Les références à Dieu : Question peut-être désuète, mais qui m'a fait m'arrêter dans l'écriture : en tant que non-croyante, est-ce que je mets une majuscule à « Il », « Lui », « Seigneur » et autres périphrases ?

J'ai toujours été mal à l'aise dès que j'évoquais Dieu dans ce livre, parce que je ne voulais pas être irrespectueuse pour les croyants, mais je savais bien que je pouvais tout à fait l'être sans le vouloir, parce que je n'y connais rien.

J'ai résolu mon malaise en faisant référence à Dieu de manière assez vague, le plus souvent par la bouche des personnages plutôt que par celle du narrateur, avec le plus de précautions possibles.

- La Justice : Dans le deuxième chapitre de la partie 1, Gabriel fait la réflexion que les membres de la secte qui l'ont enfermé doivent se présenter face à la justice humaine avant de faire face à la justice divine. La formulation m'a fait réfléchir plus tard (bien plus tard, ce qui explique que je ne l'ai pas changé directement en cours d'écriture).

Soyons d'accord, je sais bien que les systèmes judiciaires ne sont pas parfaits. Ils sont plus équitables dans certains pays que dans d'autres, et tout cela va très vite partir en débat politique sur ce qu'est un système judiciaire équitable, et je n'ai vraiment pas envie de le lancer ici.

Pourquoi se plier à la justice humaine serait un passage obligatoire avant la justice divine, alors que les systèmes judiciaires diffèrent grandement d'un pays à l'autre ?

En fait, je n'avais pas toute cette réflexion en tête à l'écriture.

Simplement, comme l'explique Lucifer dans le chapitre 1 de la partie 2, dans ce livre, le salut de l'âme vient d'une rédemption sincère plutôt que de la soumission à la punition en Enfer.

En bref, si Gabriel recommande le passage devant la justice humaine avant celui devant la justice divine, c'est parce que l'âme humaine est plus susceptible d'atteindre la rédemption sincère si elle considère avoir payé pour ses crimes de son vivant.

Tout cela reste, bien sûr, une fiction.

C'est avec tout cela que mon cerveau me maintient éveillée la nuit deux ans plus tard, en se demandant si le message que les lecteurs vont comprendre ne va pas leur donner une fausse image de la justice ou de ce que je pense de la justice dans ce livre.

Je me fatigue parfois.

- Les débats d'idées : Au chapitre 25, Raphaël regarde Lucifer s'éloigner sur cette phrase : « Il n'y a personne de plus difficile à sauver que celle qui ne veut pas l'être. » Cette phrase fait allusion au débat entre Gabriel et Lucifer du chapitre 13, où Lucifer avoue qu'elle n'a jamais souhaité se repentir de sa rébellion.

Je ne sais pas si les débats semblent bien équilibrés entre le frère et la sœur, mais je souhaitais que le point de vue de Lucifer domine, tout en laissant planer le doute sur le bien-fondé de ses actions. Lucifer ne veut pas se repentir, elle n'est donc pas pardonnée, mais c'est surtout qu'elle ne pense pas avoir à se repentir du tout.

C'était un débat philosophique qui m'a fait suer à l'écriture, un moyen de donner de la profondeur au personnage tout en me demandant si les idées que je faisais passer étaient bien les idées que je voulais faire passer.

- La grossesse de Lucifer : Au chapitre 17, Lucifer explique qu'elle a gardé le bébé parce que le père en voulait. Ce message m'a fait suer aussi. Ce que je voulais dire, ce n'est pas qu'une femme est censé garder un bébé même si elle ne le veut pas parce que le père le veut.

Dans ce contexte-là, connaissant tout le passif de Lucifer, ce n'est pas qu'elle ne voulait pas du bébé, c'était qu'elle n'en avait rien à faire. Elle était indifférente à son sort, elle aurait pu l'avoir comme elle aurait pu ne pas l'avoir, mais elle ne voulait pas s'en occuper une fois né.

Donc elle a demandé son avis au père, qui a dit qu'il voudrait bien s'en occuper, donc elle l'a gardée et lui a donné.

Autre petit détail sans importance qui n'est pas apparue dans l'œuvre finale : j'aurais sans doute dû préciser que Lucifer étant un ange déchu avec un corps presque impossible à tuer, il lui aurait été très difficile d'avorter.

Donc voilà. Je ne voulais pas laisser ce détail flou.

Petit détail sans importance bonus pour ceux qui sont arrivés à la fin de ces longues et ennuyeuses réflexions éthiques d'écriture : Le dessin que réalise Maëlle au chapitre 19 est certes une spirale de couleurs étrange, mais c'est aussi une représentation des relations entre les personnages.

Le trait bleu représente Gabriel, très proche du trait rouge de Lucifer. Le trait orange de Lilith est très proche du rouge Lucifer avant de s'en écarter brusquement. Maëlle propose ensuite un trait vert pour lier tous les traits ensemble, qui la représenterait elle, mais comme elle n'est pas certaine d'en être capable, elle propose ensuite plutôt un trait gris pour ce rôle, qui représenterait un personnage inconnu d'elle qui réunirait tous les autres à sa place. 

Le Droit Chemin : 10 Anecdotes d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant