Je mets un moment avant de réagir, je suis prise entre la tristesse et la gêne. Jamais elle ne devait lire cette lettre. Je comptais lui parler de mes sentiments, mais pas par écrit et pas sans mon consentement. Je sors de mes pensées et cours la rattraper. Elle s'apprêtait à sortir de chez moi. Je l'attrape par le bras et la coince contre mon mur. Nos bouches sont à quelques centimètres et Louise me regarde les yeux grands ouverts plongés dans les miens. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à une telle proximité entre nous.
Moi – Tu n'étais pas censé tomber sur cette lettre, dis-je essoufflée par ma course.
Louise – Pardonne-moi, si j'avais su ce qui était inscrit je ne l'aurai jamais lu.
Elle baisse les yeux, je m'éloigne de son visage. Elle est si belle. J'aimerai l'embrasser, lui dire qu'elle me perturbe, que j'adore comment elle est. Mais je ne fais rien. Je reste là, à la regarder partir. Elle est gênée je le vois sur son visage. Mon idéal tombe en ruine. Tout se passait bien jusqu'à présent et là je vois celle que j'aime partir en apprenant ce que je ressens pour elle. Je sens ma gorge se tordre. Les larmes commencent à monter. Louise se retourne une dernière fois avant de partir.
Louise – Je suis désolée, dit-elle les larmes aux yeux.
Je la regarde partir. Incapable d'aller la chercher, de la récupérer. Je m'effondre dans mon entrée. Elle ne voudra plus jamais me parler c'est sûr ! J'entends des bruits de pas qui se rapprochent. Je lève les yeux et aperçois mon père qui cherche inévitablement à comprendre ce qui vient de se passer.
Moi – Papa... Lettre... Louise, murmurais-je recroquevillée sur moi-même.
Papa – Ma puce, reprend ton souffle. Ça va aller je suis là pour toi, dit-il en me prenant dans ses bras.
Sa présence me calme. Ma respiration commence à se réguler. Je pars prendre du papier essui tout dans ma cuisine et me mouche. Je sens mon nez s'irriter à cause du papier mais je m'en fiche. Je me dirige vers mon salon et m'assied. Je souffle un grand coup et me tourne vers mon père.
Moi – Viens t'assoir papa, je dois te parler.
Il s'exécute, s'assied sur le pouf en face de moi et me fixe, attentif à ce que je m'apprête à dire.
Moi – Je crois... Enfin je pense... Non, repris-je. Je suis enfin sûre d'une chose dans ma vie.
Papa – Je t'écoute, tu peux tout me dire tu sais.
Moi – J'aime les femmes, dis-je naturellement.
Papa – Oui et ?
Je reste abasourdie par la remarque de mon père. Il voit mon incompréhension sur mon visage et ajoute :
– Nora, tu vas me dire que tu étais en pleurs, que tu t'es mis dans tous tes états pour m'annoncer que tu aimes les filles ? Raconte-moi plutôt qui est cette fameuse Louise pour toi.
Moi – Merci papa.
Je ne prends pas le temps de répondre à sa question que je le prends immédiatement dans mes bras. On se fait un énorme câlin, il me dit qu'il s'en fiche de qui je tombe amoureuse tant que je suis heureuse. Je pensais que ce genre de réaction n'arrivait que dans les films et les livres. Certes je savais que mon père était compréhensif, mais à ce point-là non.
Moi – Louise est une fille qui est revenue sur Tours depuis le décès de son père. C'est une amie d'enfance à Pêche. Je...
Je prends quelques secondes avant de poursuivre mes propos qui se tordent dans le fond de ma gorge.
Moi – Je l'aime. Si tu savais comment elle me rend heureuse papa, dis-je avec les yeux brillant de joie.
Je réfléchis un instant, mon sourire se dissipe. Je repense à ce qui vient de se passer, Louise qui part de chez moi en pleurs, la lettre, tout. Mon père me sort de mes pensées en mettant ses mains sur mes joues rouges.
Papa – Ne la lâche pas cette Louise, me répond-t-il les larmes aux yeux.
Je ne comprends pas. Pourquoi il se met à pleurer ?
Papa – J'ai... dit-il hésitant. J'ai aimé une autre femme avant ta mère. L'amour de ma vie, des papillons dans le ventre à chaque fois que je la voyais. Je l'ai rencontré durant un voyage en Allemagne avec nos deux classes de terminales. Pendant 2 semaines nous n'avons cessé de nous tourner autour. Nous avons même passé une sacrée nuit où...
Moi – Merci, je me passerai des détails papa.
Papa – Excuse-moi, s'exclama-t-il en rigolant. Je l'aimais de toute mon âme et je l'ai laissé partir sous mes yeux. Elle a déménagé loin de Tours. C'est à ce jour mon plus grand regret et j'ose espérer la retrouver un jour.
Moi – Et maman dans tout ça ?
Papa – Ta mère je l'aime aussi. Mais tu sais Nora, un coup de foudre ça ne s'explique pas et ça nous marque à vie. Qu'est-ce que tu ressens quand tu es avec Louise ? me demande-t-il.
Moi – Des papillons, pleins, mon estomac se tord quand elle est là. J'ai l'impression d'être une machine à vapeur, je n'arrête pas de rougir. C'est mon coup de foudre à moi, dis-je avec un grand sourire.
Après toutes ces déclarations nous nous faisons un gros câlin. Ni lui, ni moi désirons nous lâcher. Quelques minutes plus tard je mets un terme à notre étreinte et repars dans un stresse.
Moi – Comment vais-je annoncer ça à maman ? Elle n'a déjà pas accepté ma dernière relation avec une fille alors lui dire que j'ai quitté Camille car j'aime une femme c'est impensable !
« Ça ne sera pas nécessaire » dit une voix féminine au loin alors que la porte d'entrée se ferme.
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Apprends-moi à vivre
Dla nastolatkówNora, une jeune lycéenne de 17 ans va apprendre qui elle est. Elle a tout pour être heureuse, un copain, des amis, une famille présente. Elle est dynamique, sociable, à l'écoute. A son anniversaire elle va faire la rencontre d'une nouvelle personne...