Une nouvelle qui apporta la fête aux cachots

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Tom Jédusor, 15 ans, préfet en chef, se frottait les mains, ricanant mentalement en repensant à ce qu'il venait de faire : après avoir ordonné au Basilic de tuer cette sale fouine à lunettes, Myrthle (à l'origine ce n'était pas prévu : il était allé, comme à son habitude, dans la Chambre des Secrets pour y écrire dans son journal intime... seulement, il avait entendu la Serdaigle pleurer dans une cabine et avait paniqué, croyant qu'on l'avait suivi... le Basilic avait accouru (façon de parler) dès qu'il avait entendu son cri de peur suraigu, et Myrthle, sortie de sa cabine pour voir ce qui se passait, avait été tuée sur le coup... en même temps, c'était bien de sa faute à elle, elle n'avait qu'à prévenir aussi !), il avait brillamment manipulé Dippet, le directeur, en lui faisant fourbement croire que le meurtre de la jeune élève était le fruit de l'irresponsabilité de Rubeus Hagrid, un gros balourd de troisième année à Gryffondor qui domestiquait d'horribles araignées (Tom n'avait jamais été à l'aise avec ces bestioles et se sentait soulagé d'avoir débarrassé le château de leur oppressante présence). Bien sûr, Albus Dumbledore, qui ne ratait jamais une occasion pour se méfier de lui, n'avait surement pas cru un mot de son histoire ; mais il ne perdait rien pour attendre : dès qu'il aurait fini son apprentissage de sorcier, Tom se promettait qu'il irait défier l'agaçant professeur en duel et le vaincre, pour lui prouver qu'il était le meilleur et que personne ne devait douter de lui !

"Ben alors, Tommy, qu'est-ce que t'as ? le héla soudain une élève de sixième année à Poufsouffle qui passait par là (c'est-à-dire par le couloir du deuxième étage menant aux toilettes des filles). Tu t'es perdu ? Ne t'en fais pas, je vais te montrer le chemin..."

Ces maudits Poufsouffles, toujours bourrés de compassion... Jédusor n'en pouvait déjà plus... Et puis, de quel droit l'appelait-elle "Tommy" ?! Lui, le plus grand sorcier que l'univers ait jamais connu ?

"N...non, ça va, je vais me retrouver, sourit-il, mal à l'aise et bégayant un peu. M...merci !..."

Et, sans demander son reste, baissant les yeux il s'en alla un peu plus vite qu'il ne l'aurait souhaité.

Maudite timidité qui lui pourrissait sa réputation de plus grand sorcier que l'univers ait jamais connu !


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Pendant ce temps, la Salle Commune de Serpentard était pleine à craquer : tous les représentants de la Maison vert et argent s'étaient réunis, ou plutôt agglutinés là, pour tenter de mettre au clair la situation :

"On nous cache des choses ! clamait Mulciber, un élève de cinquième année.

- Ouais, on veut savoir, nous ! approuvait Fistule Bulsrode, troisième année, d'une voix forte.

- On nous dit jamais rien à nous ! renchérissait Jason Beurk, quatrième année.

- On en a gros ! s'écriaient en choeur Eugène Goyle et Alphonse Crabbe, respectivement en cinquième et sixième année.

- Révolution ! s'insurgeait Philippe Marat, quatrième année, bientôt soutenu par plusieurs autres voix. Révolution !!

- Calmons-nous, camarades, essayons de réfléchir froidement et rationnellement, comme il sied à notre rang", les interrompit soudain une voix posée et légèrement moqueuse, celle d'Angua Flint, une élève de cinquième année réputée pour sa ruse et son sens de la diplomatie.

Mulciber, Marat, Bulsrode et les quelques autres qui s'étaient laissés emporter fixèrent honteusement leurs chaussures ; seuls Crabbe et Goyle continuèrent pendant un moment à débiter un flux de grognements mécontents en guise de protestation, qui finit par se noyer dans le bruit de fond que constituait le clapotis du lac sur le plafond de la Salle Commune de Serpentard.

L'Héritier malgré luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant