Passage à l'acte

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Le Chef des Serpentards avait décidé d'offrir une charmante petite virée à l'extérieur des cachots à sa royale personne. D'un côté, cela avait du bon : Hagrid était enfermé depuis plus de trois semaines dans les sous-sols presque sans se lever de son siège, si cela continuait il finirait certainement par ressembler à un roi Gobelin obèse (un peu comme celui du Hobbit, mais avec plus de poils).

Cependant, cette décision préoccupait grandement sa garde rapprochée, composée de Sorento Selwyn, de Barabas Lee, de Crabbe et de Goyle, qui décidèrent donc à l'unanimité de faire appel à davantage d'effectifs ; c'est ainsi que Gorgone Baker, une rouquine de quatrième année, et Angua Flint, en cinquième année, se retrouvèrent enrôlées dans cette "unité d'élite", l'une pour ses redoutables talents de duelliste, l'autre pour sa ruse et son sens remarquable de la diplomatie dans des situations délicates. Cette dernière, méfiante depuis quelque temps vis-à-vis du prétendu Héritier, avait de plus accepté ce poste pour pouvoir l'observer de plus près, souhaitant s'assurer qu'il s'agissait véritablement de leur chef légitime. 

La sortie était prévue pour le lendemain de l'allocution d'Hagrid. Il fallait se montrer d'une prudence extrême : le demi-géant avait été renvoyé de Poudlard et il était actuellement officiellement enregistré en tant que Boris Hagridov, élève de cinquième année à Serpentard - et non plus troisième année à Gryffondor. Les élèves ne craignaient pas tant le directeur Dippet que plutôt son sous-directeur, Dumbledore, dont la méfiance et l'hostilité envers les membres de la Maison vert et argent était de notoriété publique. Il fallait à tout prix que le professeur de métamorphose ne reconnaisse pas son ancien "petit" protégé - auquel il avait personnellement épargné la peine de prison après la mort de Myrthle Warren.

Mais toutes ces préoccupations étaient totalement étrangères au demi-géant, qui ne songeait plus qu'à aller faire sa promenade au cœur de la Forêt Interdite et retrouver son bien-aimé petit Aragog.

ooooo

Tom Jedusor se fichait éperdument de cette balade programmée, et avait seulement envie de cracher de dégoût au visage de tous les Serpentards dont il croisait la route - se ravisant à chaque fois et baissant ses yeux maquillés en rougissant, toujours entravé par sa sociophobie. Il avait emporté tous ses livres de magie noire volés dans la Chambre des Secrets, où Dorothée le basilic s'amusait parfois à les feuilleter lorsqu'elle s'ennuyait (il l'avait surprise une fois à la recherche du mot "pied" dans l'index d'un grimoire traitant de métamorphose et de création de chimères). 

Il ne parvenait pour l'instant pas à trouver ce qu'il cherchait - à savoir, un sortilège lui permettant de modifier sa personnalité pour le rendre extraverti - mais trouvait malgré tout tout ce savoir interdit absolument passionnant.

"Cher journal, écrivit-il dans un moment de pause dans sa lecture, j'ai réussi à voler un tas de livres de magie noire. Les dessins sont sympas. J'adore le look des cobayes humains dans les livres sur la torture et la mutilation, c'est super gore mais super classe ! J'aimerais bien avoir un costume dans ce genre pour Halloween ou pour Mardi Gras... sauf que j'ai pas de parents pour m'en acheter. Bref, c'est pas ça le plus important : je suis tombé sur des photos et des représentations de vampires et franchement, je les trouve trop magnifiques ! J'aimerais tellement être un vampire, ou au moins en rencontrer un ! Cette peau pâle comme la neige, ces paupières tombantes et cerclées de noir, ces magnifiques pupilles rouge sang...et puis leurs vêtements sont super beaux ! Cette nuit, j'ai rêvé qu'un beau vampire pâle comme un linceul était venu dans ma chambre, dans mon lit et... je me suis réveillé, avec la sensation qu'il m'avait caressé sur le bras. Par Merlin, je crois que je commence à fantasmer sur les vampires..."

Le jeune mage noir s'étira en soupirant, perdu dans ses pensées : assis, le dos appuyé sur le flanc de Dorothée qui faisait sa sieste en émettant un ténu sifflement en guise de ronflement, son esprit voguait vers un pays imaginaire idéal, une caverne obscure inondée d'un lagon verdâtre où se prélassaient des basilics, peuplée de beaux vampires souriants... et surtout, dépourvue de gens.

L'Héritier malgré luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant