L'Héritier malgré lui

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"Aujourd'hui est un grand jour, mes amis, déclarait Celeborn Greengrass d'une voix vibrante d'émotion. Aujourd'hui, après tant de siècles de mépris, de rabaissements, de moqueries, nous allons enfin retrouver Celui qui nous guidera vers la suprématie de notre maison sur toutes les autres... Aujourd'hui, je voux prie d'accueillir parmi nous...

- RUBEUS HAGRIIIID !!!" hurlèrent presque les Serpentards surexcités, agglutinés où ils le pouvaient dans les cachots de Poudlard, le plus près possible de l'escalier pour tenter d'apercevoir leur sauveur tant attendu.

Bien que le demi-géant ait été exclus de l'école de magie, les parents des Serpentards (eux-mêmes d'anciens Serpentards d'ailleurs), occupant pour la plupart des postes prestigieux ou influents au sein du ministère, avaient habilement manœuvré dans l'ombre - comme ils savaient si bien le faire - jusqu'à parvenir à persuader Armando Dippet, l'actuel directeur de Poudlard, d'accepter exceptionnellement un nouvel élève : le jeune lord Boris Hagridov.

Bien évidemment, Boris Hagridov n'était nul autre qu'Hagrid, habilement déguisé, rasé, épilé et doté d'une perruque qui le grattait atrocement. Les Black lui avaient temporairement créé cette identité - celle d'un jeune noble d'Europe de l'est ayant étudié ses cinq premières années à Durmstrang (ils ne pouvaient pas le faire passer pour un gamin de treize ans, son véritable âge, sans que cela n'éveille de soupçons, puisqu'il mesurait déjà pas loin de deux mètres de haut). Hagrid pourrait reprendre son vrai nom une fois ses études terminées ; de toutes manières, d'ici là, il aurait largement l'occasion de s'affirmer en tant qu'Héritier et de mener Serpentard vers sa domination légitime.

Rubeus avait fini, tant bien que mal, par comprendre en partie ce qui lui était arrivé, et il en était mort de trouille : il avait fini par se rendre à l'évidence que tous ces lords et politiciens anglais le prenaient pour l'un des leurs, et que pour cela ils le traitaient avec respect. Cependant, son quotient intellectuel étant ce qu'il était, il s'était persuadé, d'une façon ou d'une autre, qu'il était en réalité le frère caché de Celeborn Greengrass qu'ils venaient enfin de retrouver après des années, ce qui expliquait pourquoi la lady Greengrass avait été la première à venir l'aborder. De plus, puisqu'on lui donnait un nouveau nom, il avait fini par en déduire - non sans mal - que sa véritable identité devait demeurer cachée auprès de son frère, probablement pour lui éviter le choc de brusques retrouvailles. Étant, malgré les apparences, quelqu'un de très attentionné et empathique, Hagrid s'était juré de faire son maximum pour veiller sur son grand frère - lui qui avait toujours rêvé d'avoir une famille avec laquelle il pourrait s'entendre !

 Accompagné du lord Black et d'un autre homme qu'il ne connaissait pas, mais qui, à sa manière de se frotter les mains tout en marmonnant d'étranges paroles dans sa barbe, semblait parfaitement fiable et digne de confiance, Hagrid - renommé Boris - pénétra dans le vénérable bureau du vénérable Armando Dippet.

Introduisons d'abord cet atypique personnage qu'était Armando Dippet : après des études brillantes - bien que pas tant qu'on le prétendait parfois, Dippet souffrant depuis toujours d'un trouble de l'attention assez perceptible qui le handicapait dans sa réussite - Armando avait quelque peu tâtonné avant de trouver sa véritable voie ; de petit fonctionnaire de bureau à magi-botaniste, en passant par journaliste à la Gazette du Sorcier et vendeur de Poudre de Cheminette, il s'est finalement épanoui dans l'honorable profession de jardinier de Poudlard. Notamment réputé pour avoir planté du bruyère et un parterre de fraisiers aux fruits remarquablement sucrés dans le parc de l'école, il a fini par accepter la proposition de poste de professeur de botanique - à condition qu'on le laisse exercer son activité favorite, à savoir planter des concombres et autres cucurbitacés. 

De fil en aiguille, il avait acquis en ancienneté et en respect en tant que professeur et, lorsque le directeur de l'époque mourut d'une mystérieuse attaque cardiaque - on le retrouva pendu par les pieds, ligoté et bâillonné dans son bureau, le cœur transpercé de plusieurs couteaux de cuisine, causes de l'arrêt cardiaque comme conclut l'enquête menée à l'époque - Dippet était le mieux placé pour lui succéder - à savoir, le seul professeur à ne pas être impliqué directement ou indirectement dans la crise cardiaque fatale de son prédécesseur (il se chargea par la suite de renouveler toute l'équipe éducative, au profit d'enseignants plus jeunes et dynamiques - et avec moins de pulsions meurtrières, aussi).