Une nouvelle journée, morne et inintéressante, se profilait lentement à l'horizon. Les créatures démoniaques les plus diverses, encore emplies de l'excitation malsaine de leur nuit passée à commettre les rites les plus abjectes sous les mélodies impures que faisait résonner leur nature abominable à leurs oreilles perverses, soupiraient et quittaient à contre-cœur les lieux dévastés où s'était répandue leur souillure et exprimés leurs vices pour retourner dans les ténèbres impies que la lumière n'osait effleurer. Et parmi toutes ces choses ignobles et généralement innommables, Dorothée la Basilic sifflotait d'un air absent et repu en traversant les tuyauteries sinueuses en direction de sa chambre - la Chambre des Secrets.
En règle générale, Dorothée était de préférence anthropophage (après tout, elle avait suivi une éducation proférée par un mage noir, vouée à en faire une machine à tuer des gens, donc ses goûts étaient plutôt compréhensibles). Cependant, elle n'avait pas pu demeurer dissimulée pendant presque mille ans en consommant régulièrement les parasites humains séjournant dans le château qu'elle habitait ; ainsi, elle avait su adapter son régime alimentaire en y incluant toute une panoplie de mets en apparence indignes d'un terrible Basilic - de bien menues bestioles telles que des rats, des souris et même à l'occasion des cafards et autres arthropodes - mais qui avaient néanmoins le mérite d'être plutôt nourrissants si l'on s'en procurait en quantités suffisantes, et dont l'ingestion massive favorisait de plus une nette amélioration des conditions sanitaires des élèves, et principalement de celles des Serpentards, premiers concernés par la prolifération de la vermine (qui proliférait de préférence dans les cachots). Et évidemment, ce régime allégé en humains, pourrait-on dire, présentait l'avantage d'être compatible avec la conscience magique de Poudlard, vouée à protéger ses résidents : le moindre petit meurtre, même minime, même perpétré sur un Sang-de-Bourbe, rendait le château pour le moins irritable et elle devait alors subir d'interminables sermons sur la valeur de la vie humaine, la moralité, le respect du corps d'autrui (autrui ne consentant que rarement, pour ainsi dire jamais, à ce qu'en guise de rite funéraire il soit gobé comme un petit pain par un serpent géant, puis lentement digéré pendant plusieurs années)... En général, c'était plus fatiguant qu'instructif pour la pauvre Dorothée, et il fallait bien la comprendre : de son point de vue, tuer des gens n'était pas plus moralement condamnable que, mettons, pour un homme d'écraser des fourmis avec ses pieds (pieds que, par ailleurs, Dorothée enviait beaucoup à tous ceux qui en étaient dotés) !
Mais elle devait bien s'y plier, pour toutes les bonnes raisons énoncées précédemment et aussi parce que son nouveau maître, le petit Tommy (oui oui, elle aussi le surnommait intérieurement ainsi) le lui avait très explicitement ordonné après qu'elle eût tué l'autre Serdaigle, prise d'un élan d'excitation sanguinaire.
Cette nuit, pourtant, Dorothée s'était laissée aller : après s'être faufilée hors du château, elle était partie se promener dans la Forêt Interdite où elle avait gobé quelques... disons, quelques bestioles par-ci, par-là... peu importait la nature des-dites bestioles tant qu'elles étaient bel et bien mortes, exorcisées de ce monde par le biais de l'intestin gargantuesque de la Basilic. La cause de cette petite fête clandestine ? Eh bien : Tommy était à l'hôpital ! Depuis qu'il l'avait réveillée de son sommeil séculaire, Tommy ne l'avait pas laissée un seul instant en paix : c'était toujours "va faire ci", "va faire ça", "hein pas vrai que c'est moi le plus fort", "ouin ouin les gens se moquent de moi"... à la longue, le serpent géant avait fini par s'en lasser quelque peu.
Alors pour une fois qu'il n'était pas là, autant en profiter !ooooo
Tom Elvis Jedusor - ou Judo Silver Meto S., tout dépendait des versions - était effectivement à l'infirmerie de Poudlard, après être inopinément tombé dans les pommes lors de son sort involontaire dans la Salle Commune des Serpentards. A vrai dire, il allait tout à fait bien (inutile de vous inquiéter pour lui) ; mais il avait préféré rester à l'infirmerie, premièrement parce qu'en dehors de Madame Pomfresh, personne ne venait lui parler, deuxièmement parce qu'il pouvait enfin profiter d'une pièce dépourvue du moindre élève exaspérant (par chance pour lui, le match de Quidditch opposant les Gryffondors aux Serpentards n'avait pas encore eu lieu - autrement, l'infirmerie aurait été pleine à craquer), et troisièmement, parce que pour la première fois depuis un mois, il n'était plus confronté à la grosse figure inintelligente de Boris Hagrido... de Rubeus Hagrid !
Cette atmosphère calme laissait du temps au futur Seigneur des Ténèbres pour réfléchir, pour planifier... et ça lui faisait énormément de bien, psychologiquement parlant. Tous les grands méchants ont besoin de calme pour pouvoir se concentrer, établir leurs stratégies de conquête du monde. Le meilleur moyen de vaincre les méchants sans faire aucun dommage collatéral, ce serait sans doute de les obliger à passer nuit et jour dans une grosse salle de discothèque. La discothèque est l'ennemi naturel des méchants. La discothèque et les coctails au taux d'alcool absurdement élevé.
ooooo
"Alors, Emilia, comment ça s'est passé ton contrôle de méta' ?
- Ghââââââ.... ghhhhâââââ....ghâââhahaha ha ha ha !.... Burp....
- Ouais, pareil ! La question un, c'était dur de ouf, avec la formule pour changer un caleçon en petite culotte...
- Ghâââââ.... !"
Biff McLaggen soupira et tapota l'épaule d'Emilia Lowens en signe de sympathie : malgré le fait que son amie avait été lobotomisée par une plante démoniaque depuis deux jours, il ne s'était aperçu de rien et continuait à tenir des conversations à ses yeux tout à fait cohérentes avec la malchanceuse Gryffondor. Les autres membres de leur "groupe d'amis" ne s'étaient pas non plus rendus compte de la baisse des quelques 70 points de Q.I. comptabilisés par leur camarade de classe ; après tout, vu que leurs journées se résumaient à ricaner bêtement, à dormir en classe et à arpenter les couloirs de l'école comme s'ils leur appartenaient, l'intelligence ne leur semblait pas une compétence nécessaire - ni même voulue.
Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, ces Gryffondors écervelés (au sens propre pour Emilia) luttaient activement, pour une raison ou pour une autre, contre les discriminations de tout genre, que ce soit sexistes, homophobes ou racistes, plus particulièrement lorsque lesdites discriminations touchaient des élèves de leur Maison, et ce sans même se rendre compte qu'avec leur attitude de beaufs ils étaient eux-mêmes les causes de la plupart d'entre elles (mais surtout envers les Serpentards, donc c'était acceptable - voire voulu). Et, pour une raison encore plus obscure, ils s'étaient attachés à l'idée d'aider le "petit Tommy" comme tout le monde le surnommait, qui était à leurs yeux opprimé à cause sans doute de sa transidentité.
Chose dont les bienveillants Lions ne pouvaient pas se douter : Tom était certes en quête d'une nouvelle identité, mais cela ne concernait aucunement son genre... mais plutôt son style.
oooooo
.... car oui, au terme de longues et méticuleuses planifications machiavéliques, Tom avait décidé de changer de style.
De style de mise à mort.
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L'Héritier malgré lui
FanficAlors que Tom est tout fier d'avoir créé son premier Horcruxe et d'être parvenu à rejeter la culpabilité du meurtre de Myrthle Warren sur l'innocent Hagrid, les Serpentards commencent à se poser des questions : si la Chambre des Secrets a été ouvert...