𝐆𝐫𝐫𝐫 𝐊𝐫𝐨𝐮𝐧𝐜𝐡 𝐊𝐫𝐨𝐮𝐧𝐜𝐡, 𝗌𝗎𝗇𝖺 𝗋𝗂𝗇𝗍𝖺𝗋𝗈

II ↬ detention

Ce vendredi avait mal commencé, et il était sûrement destiné à mal se finir. Je m'étais réveillée trop tard et malgré ma fausse bonne volonté pour ne pas arriver en retard en cours, ce qui devait arriver arriva. Alors que je pensais finalement pouvoir rentrer chez moi pour commencer ce qui s'apparentait à être la meilleure sieste de ma vie au vu de la semaine épuisante que je venais de passer, on ne me laissa pas sortir de l'établissement. J'avais apparemment une heure de colle en fin de journée dû à mes nombreux retards. Je m'était donc rendue dans la salle où je devais encore passer une heure déjà interminable. 

J'ouvris la porte et m'installai à un bureau dans un coin de la salle en traînant des pieds. L'endroit était éclairé d'une simple ampoule suspendue au plafond, le sol, les murs et les bureaux étaient sales et il faisait assez froid pour que je garde ma doudoune. J'étais seule dans la salle, un surveillant n'ayant peut-être même pas remarqué que j'étais rentrée veillait à ce que je ne parte pas avant la sonnerie. 

Alors que je commençai à m'ennuyer, la porte s'ouvrit sur un visage familier. Le pion ne releva pas la tête vers la personne, trop occupé à faire je-ne-sais-quoi sur son téléphone. Le garçon me jeta un coup d'œil et marcha vers moi avant de s'installer à mes côtés. Je le regardai faire, silencieuse. Sans m'adresser un mot il fouilla dans son sac et en sortit un livre qu'il me tendit. 

- Salut, commença-t-il, c'est pour toi, m'indiqua Suna en baissant les yeux sur le livre avant de les ancrer une nouvelles fois dans les miens.

- Tu lis toi ? Lui demandais-je perplexe. 

- Ouais, plutôt sou-, le surveillant le coupa en soufflant un chut, les nez toujours dans son écran. Plutôt souvent, reprit-il moins fort.

Je baissai les yeux sur le livre et le prit en mains. Nos doigts s'effleurèrent lorsqu'il me passa l'objet et je relevai mon regard sur lui une seconde avant de reporter mon attention sur la couverture du roman. Je le retournai pour lire le résumé et fus finalement conquise par celui-ci. 

- Merci, le remerciai-je en commençant à ouvrir l'ouvrage.

- Non attend, dit-il en coupant mon mouvement par sa main sur la mienne. Ouvre le quand tu seras chez toi, me recommanda Suna en rompant le contact de nos peaux.

Nos regards s'accrochèrent et nous nous fixâmes jusqu'à ce que je reporte mon attention sur l'horloge, brisant le contact visuel que nous venions d'avoir en souriant légèrement. Avec Suna à mes côtés l'heure me semblait vraiment être moins longue. Je balançais mes pieds sous la table tout en parlant de moi au brun puisqu'il me l'avait demandé. Lorsque ma chaussure frappa celle du garçon à mes côtés je m'arrêtai de parler pendant quelques secondes, le regardant en attendant une quelconque réaction de sa part. Son pied vint heurter le mien par vengeance, je crus d'abord à un accident, mais le sourire en coin qu'il arborait me prouvait le contraire. Nous nous bâtâmes alors silencieusement pendant un temps, ma basket contre son tibia, la sienne tapant ma cheville. . .

- Au fait, pourquoi t'es là ? Me demanda-t-il.

- Trop de retards, et toi ?

- Je dors trop souvent en cours apparemment, c'est mon problème si les cours de maths sont ennuyants à souhait ? Il souffla et je pouffai face à sa réaction digne d'un enfant. D'après eux ça fait une semaine que j'ai cette heure de colle, mais on ne me jamais prévenu.

- Moi aussi, soupirai-je, administration de merde, il hocha la tête en lâchant un simple "ouais".

Je sortis discrètement mon téléphone de ma poche en le sentant vibrer dans celle-ci. C'était une notification comme les autres. Cette dernière me donna une idée, et le surveillant sortant de la salle pour passer un appel dans le couloir rendit la chose plus facile.