VIII ↬ funerals

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Je ne suis pas allé à ses funérailles. Pas parce que je n'en avait rien à faire, au contraire, mais parce que je sais qu'elle aurait aimé un enterrement où tout le monde se rappelle d'elle avec le sourire, pas avec des larmes. J'avais déjà fait plusieurs allés retours du portail du cimetière jusqu'à l'arrêt de bus avant de me décider à entrer. Je me suis assis là, devant elle, et j'ai parlé. Je sais que j'aurais dû aller directement chez elle afin de prier devant la photo que ses parents ont sûrement mit dans le salon, mais j'avais besoin de me recueillir seul pour lui parler en étant honnête.

C'était compliqué de vivre sans elle, ça me manquait de sortir le soir tard pour ne rien faire à part marcher et avoir des discussions existentielles afin de choisir quel fromage était le meilleur. Venir ici me mettait en colère, pas contre elle, je n'avais jamais été en colère contre elle et je crois que je ne pourrai jamais l'être. Mais voir qu'une simple pierre était censée la représenter m'énervait. Comment est-ce qu'un cailloux pouvait-il représenter les théories foireuse qu'elle tentait de m'expliquer lorsqu'il faisait nuit noire, le visage doux qu'elle abordait lorsqu'elle discutait avec ma sœur, et le corps chaud que j'ai foulé de mes doigts avec l'intention de brûler ma peau contre ce dernier cette nuit là. 

D'ailleurs cette nuit est gravée dans ma mémoire si profond que rien ne pourrait me la faire oublier. J'en ai fait des cauchemars terribles, cette fille est mon cauchemar, c'est sûr. Je me suis écorché sur son corps, et j'en porte encore les traces invisibles. Et plus que ça, je me suis écorché sur son cœur en laissant une plaie béante dans le mien. 

Le jour où elle est venue me voir en me lâchant une bêtise avant de repartir vers ses amies, mon cerveau à bloqué et je n'entendais même plus ce débile d'Atsumu me gueuler dans les oreilles. Au court de la journée je n'avais pas relevé non plus lorsque le blond me suppliait d'aller lui parler et de sortir avec elle, assez idiote comme manière de créer un couple quand on y pense. Puis il y a eu cette fois où je suis sorti fumer devant le sex-shop, je n'aurais pas pu prendre de meilleure décision pour passer le temps. Et après ça on n'a pas arrêté de se croiser, d'ailleurs les clins d'œil que Aran me lançait lorsqu'elle me souriait nous mettait tous les deux mal à l'aise. 

J'ai pas arrêté d'y penser, à elle et à moi je veux dire. 

Depuis qu'elle n'est plus là j'ai arrêté de fumer, je sais qu'elle détestait me voir avec une clope à la bouche. J'ai promis de vivre, alors autant honorer ma promesse le plus longtemps possible. Oui, je l'ai embrassé, plus d'une fois, et j'avoue avoir joué au bad boy pour lui plaire, mais si je ne devais n'avoir qu'un regret, ce serait de ne pas lui avoir dit je t'aime. 

Pourquoi je viens encore ici d'ailleurs ? Pourquoi je parle encore de tout ça en boucle alors que c'était il y a cinq ans ? J'ai une copine maintenant, une copine et un appartement. Je suis adulte, j'ai promis que j'avais fait mon deuil en rencontrant Alisa. C'est une belle fille, intelligente et gentille. Je m'en veux, ce n'est pas elle que j'aime, pas elle dont je suis amoureux. Et je crois que le pire c'est qu'elle le sait. Pourtant elle reste, elle aurait pu partir, plusieurs fois, je ne comprend pas ce qui la pousse à rester. 

Il faut que j'arrête de venir et de ressasser le passer.
Si notre histoire d'amour s'est terminée par des funérailles c'est que l'on était pas fait pour être ensemble dans ce monde.

FIN

   

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𝐆𝐫𝐫𝐫 𝐊𝐫𝐨𝐮𝐧𝐜𝐡 𝐊𝐫𝐨𝐮𝐧𝐜𝐡, 𝗌𝗎𝗇𝖺 𝗋𝗂𝗇𝗍𝖺𝗋𝗈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant