Chapitre 6

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5 années passées à Poudlard et à l’orphelinat plus tard…



Toutes mes peurs furent confirmées lors de la cinquième année de Tom Jedusor à Poudlard.

Cinq ans étaient passés, durant lesquels il avait passé tout son temps à Poudlard. Enfin, presque tout son temps. Il avait été autorisé à rester à l’école lors des vacances qui avaient lieu pendant l’année scolaire, mais pendant les grandes vacances, il n’avait pas eu le choix. Il avait été forcé de retourner à l’orphelinat. Cet endroit qu’il haïssait tant n’avait pas changé. Toujours aussi triste, lugubre, sale… Tom n’y avait toujours pas sa place et il y était toujours aussi seul. Sauf que plus il apprenait à maîtriser ses pouvoir à Poudlard, plus il se sentait supérieur et il était mesquin avec les autres orphelins.

Toujours est-il que pendant ces cinq ans, Tom avait toujours mené la même vie à Poudlard. Il allait en cours, fuyait les autres, cherchait la solitude et se documentait toujours plus sur le sujet qui était devenu une véritable obsession pour lui. Il avait appris des centaines de choses sur la magie noire et je pense qu’il en savait désormais plus que la majorité de ses professeurs sur ce sujet funeste. Je préfère ne pas énoncer toutes les méchancetés qu’il avait déjà faites à ses camarades, en particuliers aux moldus de l’orphelinat. De la manière dont il écrivait tout cela sur mes pages, on aurait dit que la magie noire était plus fascinante qu’abominable. Je luttais de toutes mes forces pour garder à l’esprit que ce n’était pas une bonne chose et que je ne devais pas me fier à mon propriétaire, toute tentative difficile que ce soit. Je m’efforçais de me rassurer en me disant qu’il n’avait que quinze ans. Sauf que je me répétais déjà cette phrase lorsqu’il avait onze ans et malgré tout, les choses ont empiré.

L’adolescent m’avait reparlé de la Chambre des Secrets. Au début, à ma plus grande satisfaction, il ne trouvait aucune information. Evidemment, j’avais affaire à Tom Jedusor. Il ne s’en tenait pas là. Après tout, la détermination faisait également partie des qualités décrivant un Serpentard.

Le jeune Fourchelang savait désormais que grâce à ce pouvoir rare, il pourrait contrôler le Basilic. Il savait que si on croisait le regard de ce serpent géant, on mourait sur-le-champ, et que si on apercevait ses yeux dans un reflet ou ce genre de chose, on était pétrifié.

Le pire était que Tom avait dit que Salazar Serpentard avait créé cette chambre secrète et y avait placé un monstre aussi cruel pour que son héritier puisse s’en servir. Or, le créateur de la maison du serpent pouvait parler aux serpents, un don qu’il léguerait à son héritier, et mon jeune propriétaire possédait ce don. Le sachant très rare, aucune coïncidence n’était possible. Le hasard pouvait s’immiscer partout, mais pas là. Je n’y croyais pas, et Tom non plus. De plus, sa mère, paraissait-il, était la descendante d’une longue lignée de sorciers au sang-pur qui étaient tous passés par la même maison : celle du serpent.

J’étais entre les mains de l’héritier de Serpentard. C’était sûr et certain.

Rien ne pourrait donc l’empêcher de pénétrer dans la Chambre des Secrets, d’apprivoiser le Basilic, et d’agresser les sangs-de-bourbe.

Enfin, pour le moment, si. Un élément ne jouait pas en sa faveur : il ignorait où se trouvait la chambre -si elle existait véritablement, mais sur ce sujet, le doute était à peine permis-. Je priais, tout au fond de ma toute petite plume de phénix, pour qu’il ne la trouve jamais.



Un soir, Tom fut invité pour l’énième fois à une petite soirée dans le bureau du professeur Slughorn. Celui-ci appréciait inviter quelques élèves triés sur le volet à venir dîner avec lui. D’habitude, c’était un des rares lieux où il ne m’emmenait pas -je n’en ai jamais compris la raison-, il me laissait généralement dans son sac de cours lors de ces soirées. Cette fois-ci, ce fut différent.

Alors que Tom revêtait une tenue qui ajoutait encore à son habituelle élégance, il me prit dans ses mains et me rangea dans la poche droite de sa veste noire parfaitement taillée pour lui. Il sortit de son dortoir, traversa la salle commune imprégnée de la lumière verte du lac, poussa la porte de la vaste pièce, longea le couloir, monta les escaliers pour arriver dans le hall d’entrée. Cette fois, il s’engagea dans le couloir menant à la salle de potions et enfin, toqua à la porte du bureau de son professeur favori.

-Entrez.

Toujours ponctuel, Tom était le premier. Le professeur Slughorn paru ravi de voir arriver son élève préféré et l’invita à s’asseoir avec une tape amicale dans le dos. Son élève lui donna la boîte de gâteaux qu’il lui avait apportée.

Bientôt, la dizaine d’élèves attendus furent arrivés et on commença à diner. J’étais curieux de voir comment la soirée allait se dérouler. Les discussions étaient animées autour de la table et le repas avait l’air succulent.

-Merci beaucoup pour les gâteaux à l’ananas, Tom, ce sont mes préférés, remercia le professeur Slughorn en goûtant aux gâteaux que le jeune Serpentard avait apportés. Comment l’avez-vous deviné ?

-Une intuition, siffla Tom entre ses lèvres, comme s’il était un serpent.

Evidemment. Ses intuitions étaient toujours les bonnes.

La soirée dût passer relativement vite pour les jeunes sorciers ; au bout d’un moment, le professeur de postions s’exclama en donnant des intonations exagérées, comme à son habitude :

-Oh, nous n’avons pas vu le temps passer, il est déjà tard ! Vous devriez aller vous coucher si vous ne voulez pas que Rusard ne vous donne une nouvelle retenue.

Un à un, les élèves se levèrent de table et quittèrent le bureau, remerciant leur professeur qui fit de même. Avec son habituelle discrétion, Tom fit en sorte de se lever mais de rester à l’intérieur de la pièce. Il s’approcha d’une longue et étroite table sur laquelle était posé un étrange sablier. Des serpents enroulés autour de lui l’ornaient d’une manière élégante, mais le sable vert pomme qu’il contenait ne s’écoulait presque pas. Lorsque le professeur Slughorn referma la porte derrière le dernier élève, il fut pris au dépourvu lorsqu’il remarqua Tom, debout près de lui.

-Tu es encore là, Tom ? Tu ne devrais pas, tu n’es pas censé traîner dans le château à cette heure-ci.

-Je voulais vous parler…, annonça le garçon en guise de réponse. A quoi sert ce sablier ? demanda-t-il en désignant l’étrange objet qui paraissait le fasciner.

-Son sable s’écoule en fonction de la qualité de la conversation.

Justement, à cet instant-ci, seulement quelques grains verts descendaient de la première partie du sablier à la seconde.

Tom s’éloigna de la table en marchant d’un pas lent et en regardant ses pieds. Chacun de ses gestes était réfléchi, j’étais bien placé pour le savoir.

-J’étais dans la bibliothèque, l’autre soir. Dans la réserve, en fait, confia-t-il. Et, j’ai lu une chose assez étrange sur une forme de magie très rare, alors, j’ai pensé que vous pourriez m’éclairer. Les autres professeurs ne sont pas comme vous. Ils pourraient se méprendre. Ça s’appelle, si j’ai bien compris, un horcruxe.

-Je vous demande pardon ?

Cette fois, le professeur de potions paru déconcerté, et même effrayé.

-Un horcruxe, répéta Tom. Je suis tombé sur ce mot dans un texte, et, je ne l’ai pas totalement compris.

-Je ne sais pas ce que vous lisez, Tom, mais c’est de la magie très noire, vraiment très noire.

-C’est pourquoi c’est vous que je suis venu voir, précisa Tom.

-Un horcruxe est un objet dans lequel une personne a caché une partie de son âme, expliqua le professeur Slughorn.

-Mais je ne vois pas très bien comment ça fonctionne.

La voix de Tom était réellement comme celle d’un serpent, ça en devenait effrayant parfois. Si j’avais pu frissonner, je n’aurais pas pu m’en empêcher. Le professeur Slughorn avait l’air profondément effrayé par ces révélations, mais il était bien trop généreux pour ne pas fournir d’explications à son élève préféré, même sur un sujet aussi noir. Je vis son regard se poser sur le sablier à l’intérieur duquel le sable coulait abondamment avant de le reposer sur le jeune Serpentard.

-On sépare son âme en deux, on en cache une partie dans un objet. En faisant cela, on est protégé même si notre corps est détruit…

-Protégé ?...

-La partie de l’âme qui est cachée continue de vivre. Autrement dit, on ne peut pas mourir.

Tom se tourna vers la cheminée dans laquelle un feu brûlant crépitait.

-Et comment fait-on pour séparer son âme en deux ?

-Je pense que vous connaissez déjà la réponse, Tom.

-Un meurtre…

-Oui. Tuer déchire votre âme. C’est un acte de contre-nature.

Tom passa ses longs doigts fins sur la bague qui avait appartenu à son grand-père, sorcier au sang-pur, sur son doigt.

-On ne peut diviser l’âme qu’une seule fois ? Par exemple, est-ce que sept fois…

-Sept fois ? Par la barbe de Merlin, c’est suffisamment horrible de penser qu’on peut tuer une seule personne, alors diviser son âme en sept morceaux !... Tout cela est purement théorique, n’est-ce pas, Tom ? Ce n’est qu’une hypothèse ?

-Bien sûr monsieur, assura Tom après un infime silence, un sourire tellement faux qu’il fit frissonner le professeur déconcerté. Ce sera notre petit secret.

Une effroyable pensée me vint alors à l’esprit, et je fus incapable de la chasser.

Un journal comme moi était un petit objet facile à dissimuler qui paraissait banal au premier coup d’œil.

J’aurais fait un parfait horcruxe.

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