Is it love James

Chapitre Trois (Part 2)

Le soir venu, chez ma mère, je mets la table tandis qu'elle s'occupe de découper le rosbif qu'elle a préparé pour le dîner.

Rose : "Alors, tu as fait des casting dernièrement ? Je vais avoir la chance de te voir à la télé ?"
Selena : "Non, pas trop. C'est pas si simple d'en trouver. Sinon, à propos de comédie, on a eu cours de théâtre dans le métro aujourd'hui."
Rose : "Dans le métro ?? C'est-à-dire ?"
Selena : "Notre professeur a tenu à ce qu'on joue dans des conditions compliquées. Pour assurer en toutes circonstances. Il tient à ce qu'in parvienne à capter l'auditoire, quel que soit le contexte. C'était un peu comme si je faisais la manche..."
Rose : "Et t'as été à l'aise malgré le métro ? Tu t'en es bien sortie ?"
Selena : "Ma prestation a plu au prof, mais j'étais pas trop à l'aise, non. Ma passion me permet pas encore de gagner ma vie. Et tout ce que j'en retire, c'est quelques piécettes et billets. Quand c'est pas des déconvenues et des échecs..."
Rose : "N'exagère pas, tu es en voie de percer. Même su tu n'as pas encore de villa à Beverly Hills."

Ma mère est responsable de caisse pour un petit cinéma spécialisé dans les fils d'auteur. J'y ai passé beaucoup de temps ado. Et grâce à elle, j'ai vu des centaines de grands classique, mais aussi les films des jeunes réalisateurs coréens sélectionnés à Cannes. Je me suis fait toute ma culture cinéphile grâce à elle... Et c'est clairement ça qui m'a donné envie de devenir comédienne.

Au fond de la salle, contre le cabine de projection, j'entendais le bruit des veilles bobines qui défilaient à toute vitesse... Cela avait un sacré charme... Bien différent des salles gigantesques où tout ce qu'on entend ce sont les bruits de mâchoires avalant du pop-corn. Etant donné notre discussion, j'ai peut-être une ouverture pour faire parler un peu ma mère du Secret Palace. Je dois tenter le coup...

Selena : "Oui, c'est sûr. Mais, tu vois, un  salaire fixe avec un boulot sympa comme le tien, c'est quand même rassurant aussi. A quel moment t'as commencé à travailler dans ton cinéma, déjà ?"

Ma mère me lance un regard en coin, tout en continuant de découper des tranches de viande. Elle semble sur la défensive.

Rose : "C'était autour de 2002. Tu étais encore toute petite."
Selena : "Et qu'est-ce qui t'a motivée à travailler là ? T'as changé de boulot à cette période ?"

Ma mère reste silencieuse, concentrée sur le rosbif. Je l'observe, attentive à ses moindres réactions. Et, de là où je suis, je la sens tendue, sa mains me semble presque tremblante. La façon dont la conversation dérive sur cette période de sa vie n'a pas du tout l'air de lui plaire. Pire, j'ai la sensation que c'est en train de m'affecter. Bien évidemment, ce n'est pas ce que je souhaite. Mais, même si ça chagrine ma mère, il faut parfois savoir aborder des sujets douloureux.

Selena : "Maman ?"

alors qu'elle l'enfonce dans la viande d'une main fébrile, le couteau que tien ma mère dévie de sa trajectoire. La lame vient lacérer son pouce, créant une entaille rapidement ensanglantée.

Rose : "Aïe ! C'est pas vrai !"

Du sang coule par petites gouttes sur le plan de travail. J'ai encore entaché une de nos rencontres avec mes questions...

Selena : "Ca va ? L'entaille a l'air profonde ! Tu devrais désinfecter !"
Rose : "Ca va, ça va... Je m'en occupe. Finis de mettre la table en attendant s'il te plaît."

Ma mère quitte la pièce et se rend dans la salle de bain. Je la suis du regard. Que j'évoque de près ou de loin le Palace ou cette période, je ne parviens pas à avoir de discussion à ce sujet avec ma mère. Je viens de blesser ma mère... Encore... Et cette fois-ci au sens propre ! Je dois faire bien plus attention.