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Au soir de la diffusion de l'émission, je suis les larmes aux yeux et le coeur battant. Avec les autres finalistes, nous nous parlons sur WhatsApp pour partager nos réactions et nos émotions. En tant que participant, nous voir nous donne l'impression de vivre le moment réellement pour la première fois : nous nous voyons d'un regard extérieur. 

Mes réseaux sociaux s'enflamment depuis quelques heures déjà, mes proches et mon assemblée étant prêt à découvrir si oui ou non j'ai gagné. 

Viens le tour de la présentation de mon portrait : l'équipe de tournage avait eu envie de me présenter comme une petite diva sûre d'elle mais pas méchante. Là, mes mentions sur Instagram explosent : 

* @Mélodie SISISI SISTA ! Trop belle 

@Mélodie Nah mais quelle dame ! Championne * 

@NOMDUCONCOURS YES une congolaise : SOUTIEN YAYA * 

Viens le moment de ma prestation qui dure à peu près 5 minutes. A la fin de celle-ci, je reçois déjà des messages vocaux des frères et soeurs de l'assemblée, des stories, des snaps, des publications. Mon pays que j'étais la seule à représenter découvre ainsi que je passe haut la main le premier tour : me voici en quart-de-finale. 

* @NOMDUCONCOURS YESSSSSSS ! On avance ! Plus haut ma soeur ! 

Elle représente pas que notre pays : c'est MA cousine  ! * 

* @NOMDUCONCOURS : Wow... Cette fille a déjà gagné désolée : y'a pas photo ! 

@NOMDUCONCOURS Arrêtez-tout : on a la gagnante * 

Je vis cette soirée en savourant chaque instant. Mes prestations sont de qualité incroyable et je passe de vrais messages devant des millions de téléspectateurs. De plus, papa a pu quitter l'hôpital le jour de la diffusion. Devant resté allongé, il ne peut regarder avec mes frères et moi au salon mais regarde dans sa chambre avec maman.

------------------------- FIN DE LA SOIREE ------------------------

Et voilà, l'émission est terminée. J'ai été jusqu'à la finale, mes proches étaient certains que j'allais gagner mais je m'incline face à la gagnante. Déjà, les réseaux sociaux s'enflamment pour crier au scandale, à la discrimination voir au racisme. 

Moi qui avait délaissé les réseaux sociaux pour vivre pleinement la soirée, ouvrez enfin ces derniers. Alors que j'étais démoralisée d'avoir raté la première place, j'étais étonnée de voir ô combien mes compatriotes se sentaient honorés. 

Dès le lendemain, moi qui pensait que l'aventure était terminée, me trouvait à recevoir des témoignages et des messages de parfaits inconnus voulant me dire l'émotion qu'ils avaient reçu suite à mes prestations. Ayant posté ma prestation de demi-finale, celle-ci a très vite fait le tour du monde, littéralement. Vu une dizaine de milliers de fois, elle fut si appréciée que même jusqu'en Martinique je recevais des propositions de venir. 

Parmi les messages que je reçois, certains prennent la forme de proposition et invitation professionnelle. C'est ainsi que je me retrouve au coeur de la chaine la plus connue du pays, en train de tourner une vidéo témoignage de mon parcours. Moi qui avait déjà tant accomplie avant, dans l'anonymat le plus total, me retrouvait à témoigner de tout cela devant un pays qui semblait découvrir une perle cachée. Cette vidéo qui avait été faite sans savoir trop à quoi on pouvait s'attendre à atteint 1 million de vues en un temps record, me rendant personnalité publique. 

En effet, cette vidéo témoignait de l'engouement qu'avait la population autour de ma personne et de mon parcours. Ce fut à un point où j'enchainais trois interviews par jour : chaque émission de TV ou de radio voulait une partie de celle qui semblait la nouvelle sensation. 

En deux mois à peine, je semblais être passée sur toutes les émissions et radios possible. Même en cours, on me reconnaissait à ma voix, tant j'avais parlé et échangé sur les plateaux. Au-delà de tout cela, mon humilité dans les coulisses et ma joie de vivre faisait que les gens appréciaient réellement m'inviter et travailler avec moi. Comme quoi, l'humilité précède vraiment la gloire. 

Ceux qui m'avaient barré les routes au sein des organisations autour de mon art, m'harcelaient pour maintenant m'inviter à la dernière minute aux activités qu'ils organisaient : c'était à celui ou celle qui pourrait surfer sur ma notoriété. Alors qu'effacée depuis un moment dans cette organisation et dégoutée des coup bas lors des concours, je me retrouvais à être invitée à tout et par tous pour pouvoir mettre mon nom en avant.

 Les postes qui m'étaient refusés ou dont on m'estimait incapable hier m'étaient soudainement proposés. Une chose qu'ils n'avaient pas saisis :  à chaque saison son opportunité. Eh oui, maintenant que j'étais la plus titrée dans mon art, je n'avais aucun intérêt à accepter des opportunités qui n'en sont plus. Les opportunités d'hier ne sont pas celles d'aujourd'hui et encore moins celles de demain. Par amitié et reconnaissance, je n'avais accepté que les propositions qui venaient de ceux qui m'avaient toujours soutenus : ils avaient misé sur moi, ils étaient en droit d'en profiter. De plus, c'est justement parce qu'ils ne cherchaient pas à en profiter que je leur en donnais la permission. Quant aux autres, on sentait qu'il fallait m'utiliser, et le verbe est juste, tant que j'étais encore sous les projecteurs car ça ne durerait probablement pas. 

Très vite, on commençait à se vanter de me connaître, de m'avoir formé ou de m'avoir carrément construit. On m'inventait des adhésions que j'avais pas, prétendant que j'étais membre d'un lieu qui m'avait pourtant refusé auparavant. 

L'engouement fut tel qu'on me rappela par toutes les organisations qui m'avaient fermé la porte, oui toutes, pour me proposer la place de membre du jury, marraine de concours, présidente du jury ou encore partenaires. J'étais abasourdie de ce que Dieu permettait : je ne le recevais pas avec vengeance mais beaucoup d'humilité. Chaque lieu où j'avais perdu un peu de confiance en moi, chaque échec qui m'avait poussé à quitter l'assurance en mes capacités pour la foi revenait avouer ce que Christ faisait. Incroyable...

Je vivais chaque jour comme si le lendemain serait un retour à la réalité. Dans mon esprit, cet engouement n'était que passager : très vite je replongerais dans l'anonymat alors autant vivre à plein régime cette bénédiction. 

Aujourd'hui, avec le recul, je peux affirmer que je n'avais rien compris... Et je n'étais pas prête pour la suite. 

Confession d'une chrétienne 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant