8h00 du matin
Le coeur lourd et l'âme en peine, je passe les portes vitrées pour la unième fois cette semaine. L'ambiance mortifère de l'endroit me frappe tel un boxeur expert enragé. L'ascenseur à l'odeur questionnable m'amène à l'étage demandé. En sortant je met tout en oeuvre pour ne pas voir ce que les portes entrouvertes du couloir me propose d'observer. La tentative est inutile car mes oreilles entendent lamentations, plainte ou voix fatiguées. Porte 56, j'y suis. Je prends une forte inspiration, m'affuble d'un faux sourire et toque avant de rentrer.
Il est là, au milieu de tubes, allongé sur le lit. A ses côtés, celle qui est tel un roc dans cette épreuve délicate. Tout deux tentent de faire bonne figure mais la fatigue se lit sur leur visage.
Moi - Comment tu vas papa ?
Papa - ça va, je suis content que ça se soit bien passé Dieu merci.
Maman - On vient de lui apporter à manger, ses paramètres vitaux sont bons. Tu as garé où ?
Moi en tendant les clés - juste à côté tu vois la voiture d'ici si tu regardes par la fenêtre.
Dormant avec papa à l'hôpital, maman avait le besoin de rentrer à la maison chaque jour pour prendre une bonne douche, se changer et préparer. Elle n'avait ni besoin de faire le ménage ni de cuisiner, puisque j'étais là, mais je sentais qu'elle avait besoin de pouvoir se sentir présente à la maison malgré son absence. Etant la seule des trois enfants à avoir le permis, je venais donc lui passer la voiture et rester avec mon père en attendant. C'était l'occasion pour moi de rester à ses côtés, bien que notre relation faisait qu'on ne se parlait pas énormément. Mes deux frères venaient souvent après leurs cours, quant ils pouvaient : le bus qui passait près de la maison passait également en face de l'hôpital où mon père était hospitalisé.
Oh, je ne vous l'ai pas dit mais l'hôpital n'est pas loin de la maison : 2 kilomètres et demi à peine.
Cela fait des jours que papa est ici. Après un an de lutte contre son cancer, il n'avait pas eu d'autre choix que de devoir se faire opérer afin de retirer la tumeur. Le plus compliqué était qu'il ne voulait pas du tout que " les gens" soient au courant. Il suffisait de croiser une connaissance, ce qui n'est pas compliqué dans cette ville, pour qu'ils se mettent à nous demander si nous avions parlé. Ils avaient même peur que la curiosité des gens soient si grande qu'ils nous suivraient dans les couloirs de l'hôpital pour venir voir qui nous venions visiter. Bien que je respectais leurs sentiments, je pensais sincèrement que l'on virait sur une légère paranoïa, comme si nous étions le centre d'attention des gens.
Ce silence me pesait sur le coeur en ce que j'étais de ceux qui pensent qu'ensemble nous sommes plus forts et que, sans avoir à le crier sur le toit, certains pourraient nous accompagner dans la prière, surtout que ni mes frères ni mon père ne priait et que maman était catholique. A la maison, avant de partir, mon père avait allumé une bougie avec la croyance que, tant qu'elle resterait allumée, sa vie n'était pas en danger. Maximilien, le plus jeune de la fratrie s'était donnée la mission de veiller à cette bougie. La débilité de cet acte m'énervait au point de vouloir éteindre cette bougie mais quelque chose m'en empêcha : je ne savais pas quelles paroles déclaratrices mon père avait pu faire par ignorance de la chose, je ne pouvais toucher à cette histoire par sentiment.
C'est donc par la prière que j'avais annulé cette histoire tout comme l'épisode où mes parents tentaient de commander des billets d'avion pour aller à Lourdes, soit-disant pour trouver la guérison. Cette religiosité m'angoissait au point d'en parler au prophète de l'assemblée qui avait fait une prière de ... 10 secondes à tout casser. Je comprenais donc qu'il s'agissait de m'accrocher à Dieu et qu'il n'avait pas eu le feu vert de rentrer dans cette histoire. J'ai donc prié pour ne pas qu'ils aillent si loin pour sois-disant rencontrer à Dieu qui était déjà ici.
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Confession d'une chrétienne 2
Non-FictionEdition 2021 d'une chrétienne dont la vie ne cesse d'être remplie de témoignages.