Confession d'une chrétienne 2

CHAPITRE 1 - Le soleil se lève

Confortablement assise dans le salon de mes parents, j'attends avec impatience ceux qui devraient arriver d'un moment à l'autre. Comme pour m'assurer de ne rien avoir raté, je me remets devant le miroir mural grande taille et ajuste mon afro. 

* dring dring * 

Le son me fait sursauter tout en brisant le silence qui enveloppait la maison en ce jour. Un dernier regard vers mon reflet est jeté avant d'aller ouvrir à mes invités de marque. A distance, j'ouvre la clôture électronique et accroche le plus beau de mes sourires sur le visage. Ces fameux invités n'ont pas le temps de toquer à la porte que je l'ai déjà ouvert. Les accolades se font avec gêne car le Covid commence à être à l'esprit de tous. En refermant la porte, j'observe quelques curieux qui s'attardent sur la mini-camionnette de mes visiteurs du jour. 

Après les politesses d'usage, le caméraman installe son matériel pendant que Julie me fait le bilan de ce qu'elle souhaiterait avoir comme image pour l'interview. Journaliste pour la presse locale, elle était la seule à avoir répondu positivement à mon mail. Souvenez-vous, grâce aux encouragements de Russ, malgré ma déception, j'avais décidé d'envoyer des mails à des médias du pays dans l'espoir de faire connaître mon parcours. Dans une semaine à peine, l'émission sera diffusée et le monde saura que je n'ai pas gagné : voilà ce que je me disais. Alors, en attendant, je voulais profiter un maximum de ma participation à cette grande émission. 

Nous sommes en plein milieu de l'interview quand ma maman entre pour saluer nos invités. Pour eux, elle était montée se changer et se parfumer : elle est coquette, on ne peut lui reprocher cela. Sa venue a donné l'idée à Julie de pouvoir me filmer avec tous les membres présents lors de l'interview. En un rien de temps, je me suis retrouvée à filmer avec mes parents et mon frère présent. Si ma maman aime être au centre de l'attention, du moins pouvoir jouer avec la caméra (qui sait je tiens peut-être celà d'elle), papa était clairement mal à l'aise dans cet exercice, bien que fière de l'intérêt que sa fille suscitait. 

Le tournage ne dura pas plus d'une heure. Nous sommes désormais dans la cuisine où l'équipe goutte les beignets cuisinés par maman pour l'occasion : 

Maman - Et donc vous allez revenir ou c'est pour une fois ? 

Julie - ah ça dépend ! Si elle a gagné on revient faire un portrait plus long sur elle ! 

Julie me lance un regard curieux car elle ne connaît pas les résultats. C'est la règle : nul n'a le droit d'annoncer le résultat avant la diffusion. De toute façon, vu la place obtenue, je n'ai aucune envie d'annoncer mon échec. Mon coeur se recroqueville un peu en ce que je peux être certaine d'une chose : ils ne reviendront plus. Nous continuons notre échange amical jusqu'à leur départ. En refermant la porte, chacun retourne à ses activités, la maison reprend son atmosphère classique. 

* FLASHBACK * 

Il est 6h du matin et nous venons enfin de rentrer du lieu de tournage de la finale. Epuisés, et légèrement déçus, nous sommes tout de même heureux d'avoir pu vivre cette aventure en famille. Nous nous rejoignons d'instinct à la cuisine n'ayant pas mangé depuis plusieurs heures à cause du stress. Ayant tant de chose à nous raconter sur cette aventure à peine clôturée, nous échangeons sur nos impressions sur les prestations de mes concurrents mais également sur les résultats et le choix du jury. 

Papa - Bon ma fille, tu as vécu une belle aventure. Maintenant, il faut te reconcentrer sur tes études et obtenir ton master. C'était intéressant à vivre mais maintenant que c'est terminé, retour aux choses sérieuses. 

A ses propos les larmes se mirent à venir sur le rebord de mes yeux. Je pris la voiture prétextant le besoin d'aller acheter du pain. C'est là, devant la boulangerie, dans ma voiture, que je me mis à pleurer de toutes mes larmes sans même savoir pourquoi.. Au fond de moi, je le crois, je ne voulais pas que ça s'arrête. J'avais le sentiment que personne ne comprenait ce qui m'animait, pas même moi. Je ne voulais pas que l'aventure de ma passion s'arrête. Je ne pouvais me raisonner à l'idée d'une vie sans compétition ou sans scène pour m'exprimer. Déjà, les maux de ventre dues aux angoisses scolaires revenaient, déjà, la vie se mettait à me boxer alors que je n'étais pas encore réveillée de mon rêve. 

* FIN DU FLASHBACK *

Dans ce silence laissée par l'absence d'activité, je retrouvais à nouveau ce pincement dans le coeur, cette peur que plus jamais je ne vivrais de ma passion. 

A SUIVRE. . .