Le soleil se lève - Section (7)

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Je me réveille au son des notifications de mon smartphone. Cette lumière bleue intense m'angoisse de plus en plus. Je vois ces notifications comme de véritables agressions et menace à mon équilibre mental. De toutes parts, les messages fusent : entre les demandes sérieuses et honteuses, les envies des amis et des étrangers, je ne sais plus par où commencer. Même en ne me focalisant que sur les messages reçus, il me faut pas moins de deux journées complètes pour pouvoir tous les lire. 

* Cindy vous a écrit * 

Aperçu message  : Tu as bien changé depuis Mélodie... 

* Ouvrir message  * 

Sylvie  : Tu as bien changé depuis Mélodie : depuis ta visibilité médiatique tu te fais rare et absente. J'ai tenté de te joindre et tu ne réponds pas !!! 

A la lecture de ce message, je ne peux m'empêcher de souffler de fatigue et de lassitude. Sylvie est une dame très respectable et respectée avec qui nous avons des fréquentations communes. Elle et moi ne sommes ni amies ni proches. Elle n'a jamais cherché à me parler auparavant et n'a jamais eu besoin de me contacter. Seulement voilà, depuis mon apparition TV, elle souhaitait profiter de ma visibilité pour m'inclure dans ses projets professionnels, notamment ceux dans les universités. Problème ? Elle ne voulait pas me payer sur base de notre " amitié " basée sur nos fréquentations communes. Elle s'était même permise de dire qu'il s'agissait là d'une opportunité pour moi de fréquenter des gens de la haute. 

En affirmant cela, elle oubliait que cela faisait des semaines que je ne faisais que ça; elle me vendait l'idée de pouvoir fréquenter l'espace de plusieurs un journaliste alors que je venais de passer deux jours au sein du plus grand média français fréquentant les plus grands journalistes et animateurs TV. Dans son empressement, elle était partie demander sur un groupe facebook en commun (+700 membres) mon numéro privé disant dans le post que je ne répondais pas... Une de mes connaissances lui a alors répondu que si je ne répondais pas aux messages c'est que j'étais tout simplement occupée. 

Emprise de stress, je décide de tout simplement pas répondre. Elle avait déjà montré ces derniers jours qu'elle n'avait pas du tout l'attention de respecter ni considérer ce que Dieu faisait dans ma vie. Elle voulait juste que je reste exactement comme avant : disponible, constamment, bénévole et suiveuse. Mais je sentais que ce temps touchait doucement à sa fin. Pour moi, il ne s'agit que de quelques semaines, tout au plus un ou deux mois, avant de pouvoir retourner à ma vie d'avant. Dans cette optique, il est pour moi hors de question  de permettre à qui que ce soit de m'empêcher la pleine jouissance de cette mini-saison. 

Mon Dieu m'a ouvert une courte saison de récolte, c'est le temps de la moisson pour moi : qui sont-ils pour me dire quoi ramasser et quoi laisser ? Non, avec tout l'amour que j'ai pour eux, c'est mon temps. Malgré cette vérité, je ne peux m'empêcher de culpabiliser. J'ai toujours été là pour les autres, du moins j'ai fait tout ce que j'ai pu pour l'être. Pendant plus de quatre ans, je me suis investie dans mes clubs d'apprentissage, autour de moi, dans mes assemblées. Aujourd'hui, enfin, je peux dire de sourire du temps que je passe. Je ne comprends honnêtement pas en quoi est-ce si compliqué de me laisser vivre ce que je vis ? 

Loin d'être la seule, Sylvie représente parfaitement ceux dans mon entourage qui deviennent oppressant. Ils me donnent l'impression de ne pas vouloir me laisser fermer ce chapitre sans qu'ils aient pu en profiter d'une manière ou d'une autre. Comme si ils savaient que ça n'était qu'une courte saison et que, par conséquent, il leur fallait se garantir d'un bénéfice et ce tout de suite. Paradoxalement, mes amis les plus intimes, les membres de ma famille les plus proches, se font silencieux et fort effacés. Loin d'être distants, ils m'ont écrit pour me prévenir qu'ils me laissaient profiter pleinement de ma saison. Mon père spirituel m'avait écrit ceci : 

" je suis fière de toi ma fille. Je ne parle pas beaucoup par respect pour ce que Dieu fait dans ta vie". 

Je vous parle de ces angoisses car c'est une réalité sérieuse dans cette grâce que je vis. J'avoue être impressionnée par la puissance de l'oppression ressentie par ce genre de message. De toutes parts, on a soudainement un intérêt parfois pervers à mon égard. Il y a un mois de cela, on ne me payait même pas mon transport ni mon billet d'entrée pour venir être une aide aux événements. Aujourd'hui, ils me proposent de se déplacer jusqu'à chez moi, si jamais je manque de temps, pour m'interviewer. Ils ne savent pas que mon père est malade et hospitalisée, à vrai dire ils s'en moquent. Tout ce qu'ils voient ce sont les passages sur le petit écran, les quelques articles en mon nom : voilà ce qui les intéresse. Je me sens comme un boeuf en temps de famine extrême : mise en danger par les affamées. 

Au départ je comprenais mais les demandes sont trop fortes et exigeantes. Pour eux, ça n'est pas une option. Ils ne demandent même pas mon avis. Connaissant mon envie de bien faire et de faire plaisir, ils appuient sur la culpabilité. Mais cette fois-ci, je ne céderai pas. Je sens que je dois vivre pleinement ce moment. Quelque chose est en train de se passer et j'ai la pleine responsabilité de son accomplissement. 

Je l'avoue, je suis encore choquée du volteface que Dieu a effectué dans ma vie. Malgré les anxiétés des empressements des gens, je me sens reconnaissante et bénie, hautement bénie. Je voulais vous partager cela pour vous faire comprendre ceci : le salut est individuel. Parfois, vous sentirez la pression de toutes parts venir; vous sentirez clairement la volonté de Dieu être menacée par la volonté des hommes. Parfois, vous sentirez la pression de la foule avec le désordre et le bruit que cela occasionne. Cependant, soyez radicales dans votre choix : Christ avant tout et ce quelque soit les conséquences de ce choix. 

A l'heure où je vous écris, je perds des relations, des connaissances à cause de cela mais je dois avancer car viendra le jour où mon Dieu me demandera ce que j'ai fait de ce qu'il m'a donné. Et ce jour-là, ni les profiteurs, ni les amis, ni la famille ne répondra à ma place. 


Demeurez bénis, 

Matthieu 22:37 

Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.






Confession d'une chrétienne 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant