4. Home sweet home...

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Ça fait exactement une semaine que nous sommes arrivés dans cet endroit étrange. Les jours se ressemblent suivant un programme bien défini depuis notre premier jour.

Lorsque l'hélicoptère nous a déposé sur la base d'arrivée il est aussitôt repartit, nous laissant plongés dans un silence désarmant. Un homme fonce alors droit vers nous, grand sourire mais allure menaçante.. A l'image d'un faucon prêt à fondre sur sa proie.

" Chers sujets... Que dis-je.. Chers nouveaux habitants ! Je vous présente votre cité ! "

Après plusieurs longues heures de vol nous voici donc chez " nous "... Une île perdue au milieu de nul part, et face à nous des immeubles ainsi que des maisons ici ou là. On pouvait également voir quelques commerces, fermés par des grilles de fer imperturbables. Le seul truc qu'il manquait dans cette aperçue de ville c'était la vie. Il n'y avait ni chats en quête de souris, ni chiens fuyants, ni même d'oiseaux sifflotan dans l'air. Un vide sidéral envahissait cet espace.

" Alors oui c'est plutôt calme. Car nous vous attendions. "

De nouveau ce silence oppressant. Et dire qu'aucun de nous ne semble manifester la moindre envie de se rebeller. Je ne comprends pas, je peux seulement contester. Mon esprit est en ébullition constante mais l'intégralité de mon corps est comme contenu dans un état de mollesse. Je ne sais ce qui en est la cause. Les filles sont également présentes, arrivées avant nous.

A partir de ce moment là notre guide s'empresse de nous conduire dans un premier immeuble sur la gauche. Une fois encore nous sommes séparés par sexe et nous subissons une tripoté d'examens. Vue, ouïe, réflexes, poids, taille... En faire la liste serait aussi monocorde que la manière dont ça s'est passé. Et puis nous avons été mis en duo, enfin je pense que c'est pareil pour les autres car une fois que l'on me mit avec une fille nous avons été aussitôt redirigés vers une maison non loin de là. Cette ville ressemble à toutes les villes déjà existantes sur Terre : du goudron en guise de route, bitum pour le trottoir, mais par contre exclusivement de la pierre pour toutes les constructions. Pas une once de fer, de métal ou de cuivre. Plusieurs personnes en combinaisons blanches sont là pour jouer tantôt les médecins, les guides ou encore les soutiens. Ils ont tous des masques chirurgicaux et s'attelent à leur tâche sans parler plus que nécessaire. Flippant c'est un mot qui les définit parfaitement.

Le planning s'est alors mis en fonctionnement. Chaque matin, levés 8h pour deux heures de sport après le pti déj. Nous avons le choix de la discipline car le complexe sportif est vaste et propose diverses activités. Puis nous devons rejoindre le Réfectoire pour le déjeuner de midi, ensuite temps libre jusque 14h. L'après midi nous devons travailler. Car dès que l'on est arrivés on nous a attribués un commerce, notre métier à vie suivant nos prédispositions au préalable étudiées. Ils m'ont jugés bon lecteur, je tiens la bibliothèque de l'île. Simplement. À 18h retour au domicile pour la prise du repas du soir. 22h couvre feu.

Nous avons intérêts de suivre ces règles à la lettre. Un soir j'ai entendu une fille rire dans la rue, elle courrait entièrement nue et la tête levée vers les nuages. Il était passé onze heures, on l'observait à travers les rideaux sans oser bouger. Soudain son hurlement s'éloignait par échos monstrueux. Personne ne nous a rien dit mais dès le lendemain on pouvait voir son corps pendu sur la colonne de la place centrale de l'île. Nue, le vent faisait tristement voler ses cheveux. Personne ne disait toujours rien.

Au plus profond de moi je suis révolté par un tel acte de cruauté. Je suis encore enragé par ce sentiment féroce alors que cela date s'il y a trois jours maintenant. Cependant je n'arrive toujours pas à prendre le contrôle de mon corps. C'est inexplicable. Je m'installe dans le lit, m'éloignant de la fille près de moi. Elle fait la même chose, nous tâchons de vivre au quotidien sans créer d'intimité. Dans le noir complet je me souviens du premier soir dans notre " maison "...

Une fois mis ensemble on nous a guidés jusqu'à cette belle maison de pierre. C'était une des plus proches de l'aire de l'hélicoptère, et de la plage. C'est plutôt plaisant d'entendre les bruits des vagues qui s'échouent sur la terre. Je me sens un peu comme une vague, obligé d'être là où je suis et totalement échoué. La gardienne nous laisse après nous avoir tendu les clefs du bout des doigts, la main et le bras recouvert d'un gant en plastique hermétique. Toute cette ambiance d'hôpital fait froid dans le dos. Nous échangeons un regard puis je me retrouve seul avec la fille.

Une fois à l'intérieur on découvre un confort non négligeable. Du bon mobilier et - il n'a pas menti l'autre - les dernières trouvailles technologiques en terme de divertissement. Télévision, consoles de jeux et autres tablettes à usage purement graphique. Aucun outil de communication. Une bulle, nous étions dans une bulle. La fille marche vers le fauteuil et tout en caressant le rebord entame la conversation d'un ton lasse..

" Bon je suppose que nous allons vivre ensemble. Je ne sais pas ce qu'ils attendent de nous mais moi je ne veux rien de toi. "

Bien. Au moins nous avons la même vision des choses. Je ferme la porte d'entrée et la rassure aussitôt d'une voix aussi dépitée que son expression..

" Nous sommes d'accord. Aucun rapprochement aucun rapport autre que des civilités. Je m'appelle Josh Fint.

- Et moi Stacy Jinger. Je vais prendre un bain. "

Voilà. Depuis, nous ne parlons que pour échanger des banalités telles que " Bonjour ! Bon sport. Bon appétit. Je vais travailler. Bonne nuit. " Et c'est à peu près tout. Cela nous convenait. C'est en poussant un soupir de désespoir que je m'endors, perdant peu à peu espoir de ne plus jamais revoir ma famille, mes amis et surtout d'être coincé pour de bon ici. Un cauchemar...

Le jour où le vent a disparuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant