/L0VE HAS LEFT THE CHAT

Rose

La terre commence à s'écrouler sous moi. Moi, qui avais pris si longtemps pour construire ce magnifique jardin le voit maintenant en train de se déchiqueter sous mes pied. Cela a commencé seulement par quelques brins d'herbes qui jaunissaient à vue d'œil, mais quelques minutes plus tard, quand j'ai compris la nouvelle réalité, ce sont les arbres autour de moi qui ont commencé à se ratatiner. Ce qui était avant une écorce vigoureuse et pleine de vie commençait à se tordre, à pourrir et à sécher pour ne devenir qu'un vieux bout de bois rabougri, rongé par la maladie. Dire que ça n'a pris que quelques minutes pour tout détruire. Les fleurs noires que j'avais mis tant de temps à dompter, que je croyais finalement être miennes, que j'avais rangée dans des pots les unes séparées des autres ont commencé à grandir. Leur tige, verte après tant de temps, ont repris leur couleur d'antan pour redevenir ce qu'elles étaient il y a quelques années seulement. Elles ont commencé à jaillir de leur geôle pour s'étendre partout sur mon jardin. Elle qui, il y a seulement quelques secondes se trouvaient encore perchées sur la clôture de bois peinturée de blanc sont maintenant en train de répandre leur couleur partout dans le jardin. À leur contact, chaque plante, chaque morceau de bois, chaque brindille d'herbe sont redevenues noires. Comme une maladie. Comme un parasite qui aurait rongé son hôte et en aurait pris contrôle en seulement quelques secondes. Évidemment, naïve comme je suis, j'ai osé espérer qu'il serait resté intact. Celui qui m'a pris trois ans d'attention extrême, de finesse sans pareille. Celui que je chérissais comme la prunelle de mes yeux. Celui que j'aimais. Cela n'a pris que quelques minutes de plus et il était entre leurs mains. Je voyais les racines et les tiges noires et puissantes qui se dirigeaient vers lui à pleine vitesse. Le les voyait s'approcher en corrompant tout sur leur passage, et finalement, l'atteindre. On peut au moins dire qu'elle ne l'ont pas fait rapidement, mais elles sont arrivées à leur fin. Elles se sont tordues et attachées fixement à ses racines et elles ont fait leur travail. Ce qui permettait d'alimenter cet arbre jeune et pourtant si florissant commençaient à se couvrir de noir, à se tordre et à pourrir sous mes yeux. Elles avaient pris tant de temps pour grandir. Mais comme on dit, détruire est beaucoup plus facile que détruire. Je devais m'en douter. Le tronc, gravé de tous nos souvenirs a commencé par devenir vierge. Pourtant, j'aurais presque espéré qu'il pourrisse en gardant ses dessins parfois insignifiants et futiles mais qui représentent pourtant tout. Je me rappelle, nous venions souvent ici. Pour le plaisir, ou parce que nous le devions, mais à chaque fois, en plus du dessin, l'arbre prenait quelques centimètres et les roses noires revenaient peu à peu à leur état d'il y a 13 ans. Mais bon, finalement, qu'est-ce que je pouvais espérer de la vie...
Je les aperçois, derrière moi. Elles sont toutes plus petites que moi mais ont les même cheveux, des yeux noisette et une robe blanche de soie. Elles sont venues du ciel et me regardent maintenant avec un regard compatissant mais triste. Elles savent ce qui vient d'arriver. Elles sont aussi troublées que moi. Après tout, je n'ai que profité. Ce n'est pas moi qui a bâtit cet endroit. Alors que le sol du jardin commence à craqueler, à se fendre sous nos pieds, elles semblent en plein équilibre et continuent à me regarder. Sauf qu'elles ne remplissent qu'un côté de mon champ de vision. Alors, je sais pertinemment ce qui va arriver. Alors je ferme les yeux, et je me laisse tomber dans l'abysse.

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Musiques écoutées pendant l'écriture
- Ragnarok - Witchouse 40k
- Skully - Witchouse 40k
- 4 Oceans - Witchouse 40k
- Falling Down - Lil Peep