Crise

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Chan réexpliqua au plus jeune ce qu'il venait de dire. En effet, il resterait bien avec lui pendant les semaines à venir pour l'aider et évidemment le surveiller.

- Mais je ne suis qu'un inconnu pour toi ! Tu ne veux pas juste sortir d'ici et continuer ta vie normalement ? s'énervait de plus en plus le blond.

- Je ne peux pas continuer ma vie normalement comme tu dis en sachant que je vais abandonner une personne qui risque de se tuer à chaque seconde ! s'écria le brun, lui aussi énervé par les paroles du plus jeune. Imagine comment sera ma conscience durant tout le reste de ma vie ! Alors arrête de protester ! Je vais en parler avec tes colocataires ce soir un point c'est tout. Si eux ne sont pas d'accord, alors oui, je te laisserai si tu le souhaites tant mais s'ils acceptent ce n'est pas la peine de venir discuter.

Christopher reprit une respiration avant de continuer.

- Tu n'en as peut-être rien à faire de ma vie des autres mais moi si. Et je ne te laisserai pas commettre un geste insensé. Tu trouves ta vie difficile ? Tu dois te relever ! Et puis, ta vie importe pour de nombreuses personnes que tu vas briser si tu réussis un jour ce que tu as tenté ce matin...

- Tu n'en sais rien si ma vie est importante pour des personnes ! Alors ne parle pas si tu ne sais pas. Tais-toi Christopher et casse-toi ! cria le blond avec colère.

Sans se laisser bouleverser, le brun monta également le ton.

- Tu crois vraiment que ta vie n'est importante pour personne ? Tu sais que tes colocataires ne sont pas allés en cours de la matinée aujourd'hui alors qu'ils savent très bien à quel point chaque jour est important dans votre université ? Parce que je suppose qu'ils sont en classe avec toi ! Ils ont passés la matinée à te chercher. Et après tu oses te plaindre en disant que tu n'as pas d'amis ! Arrête de te prendre pour le centre du monde Felix. Tout le monde à des problèmes alors arrête un peu maintenant !

Chan s'arrêta et se rendit vite compte de la méchanceté de ses mots en voyant des larmes commencer à glisser sur le joue du blond.

Ayant déjà remarqué que le jeune homme détestait les contacts physiques, il se contenta de le regarder, regrettant ses mots prononcés par colère.

Sans un mot, Felix se leva et se dirigea vers ce qui se trouvait être sa chambre. Il entra dans la petite pièce et claqua sa porte.

N'osant pas le déranger le plus âgé resta assis sur le canapé en attendant le retour du jeune homme une minute, puis deux mais il n'entendait plus rien. Paniqué, il se jeta sur la porte et l'ouvrit avec force. Il s'attendait à trouver le blond près de sa fenêtre mais il remarqua que la pièce ne comportait qu'une minuscule fenêtre en hauteur.

Non, ce qu'il trouva était tout aussi choquant pour lui. Le blond était assis sur le sol de sa chambre, une lame à la main et plusieurs traits avaient déjà été tracés sur ses bras délicats.

Chan arracha en deux mouvements l'objet des mains du plus jeune qui le regardait depuis son entrée avec des yeux effrayés, comme un enfant pris la main dans le sac. Il prit quelques secondes pour évaluer les dégâts sur les bras pâles de Felix. Celui-ci ne semblait pas en être à la première fois, des dizaines peut-être même centaines de traits blanc ou rouges couvraient ses avant-bras. Christopher tenta de cacher au maximum son choc. Il n'avait jamais vu de bras aussi abîmés par l'auto-mutilation depuis des années !

Il fixa le plus jeune quelques secondes, se demandant s'il connaissait bien tous ses problèmes mais surtout, se sentant coupable de l'acte que le concerné venait de commettre par tristesse, colère ou honte, il ne savait pas.

Ne sachant pas quoi dire, les deux jeunes hommes baissèrent la tête, l'un pour pleurer discrètement, l'autre pour ne pas croiser le regard toujours triste et blessé du blond.

- Désolée, prononça simplement le plus âgé, toujours en regardant le sol. Je suis désolé.

Culpabilisant, il se mit à pleurer honteux et énervé contre lui-même. Ses pleurs firent relever la tête du blond qui regarda l'autre Australien, paniqué.

- C'est... C'est pas de ta faute.

Les mains du plus jeune se mirent à trembler.

- Arrête de pleurer Christopher.

- Chan, murmura simplement le concerné après un reniflement.

- Quoi ?

- Appelle moi Chan s'il te plaît.

Le blond resta bloqué quelques secondes, arrêtant de penser à ses problèmes et permettant à son corps de cesser ses tremblements. Le brun le considérait-il à présent comme son ami ? Après tout ce qu'il lui avait fait subir ? Il pleurait à cause de lui et il acceptait de devenir de son ami ? Le cœur et la personnalité du plus âgé étaient des mystères en tout point pour l'autre Australien qui se contenta de hocher la tête. Lorsqu'il la releva, il remarqua que son nouvel ami ne pleurait plus, et lui non plus. Il sourit timidement, s'attendant à une remontrance.

- Tu vois ? C'est pour ça aussi que je veux rester avec toi. Viens là on va soigner tes plaies, dit simplement Chan en prenant délicatement le poignet immaculé de Felix. Celui-ci le suivit sans protester. Sa vie commençait déjà à changer.

Don't save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant