Cela faisait maintenant deux heures que les larmes du jeune australien coulaient sur ses joues. Son seul soutien, son seul confident, celui qu'il considérait comme son meilleur ami plus que comme son grand père avait quitté ce monde.
Il se haïssait tellement. Que faisait il en Corée du Sud alors que l'enterrement aurait lieu en Australie ?
Ses parents n'avaient pas manqué de lui rappeler son absence lors de la cérémonie, fait qui rongeait le jeune homme de l'intérieur.
Du haut de ses 21 ans, Lee Felix n'était rien, n'était personne.
Quatre amis ou plutôt colocataires car il leur parlait à peine, une trentaine d'heures de cours par semaine, une dizaine d'heures de devoirs lors des semaines calmes et jusqu'à 25 heures lors des semaines d'examens ou d'autres, une quinzaine d'heures de job à mi-temps dans un bar pourri, des parents qui le détestaient pour son choix d'études dans la meilleure académie de danse et musique du monde, se trouvant malheureusement en Corée du Sud et qui ne l'avait appelé qu'une seule fois cette année pour lui annoncer le décès de la seule personne qui comptait réellement pour lui.
À cela s'ajoutaient ses insomnies, ses nuits blanches à apprendre le coréen, le harcèlement raciste dont il était souvent victime dû à sa difficulté à s'exprimer en coréen, de son accent et du fait qu'il soit, d'après les autres élèves de l'université, un PD, un homosexuel, chose totalement affreuseet monstrueuse pour des coréens.
C'est ainis que 2 ans plus tôt, Felix avait tracé son premier trait sur ses bras maigrelets et lisses. Cela l'aidait à se sentir vivant, à évacuer sa colère, sa honte et plus encore en se blessant lui-même.
Son grand-père était le seul au courant, le seul qui avait réussi à lui faire peu à peu oublier ce geste horrible qu'était l'auto mutilation. Ses mots toujours justes et honnêtes, ses plaisanteries, ses compliments.... tout cela avait aidé le jeune homme à se sortir de ce cerdle vicieux et à regagner de la confiance en lui. Et ses longs mois d'efforts venaient de se briser en quelques minute, quelques secondes, quelques mots. Son grand-père était mort, il était seul face à ce monde cruel.
Seul.
Ce mot l'effrayait tant.
Il ne pouvait pas vivre seul.
Garder ses pensées pour lui.
Souffrir en silence.
Subir et subir sans un mot.
Il était si fatigué de se battre à tout moment. Si fatigué de résister à la tentation. Si fatigué de vivre et de devoir résister à la tentation de mourir.
Des médicaments, une pendaison, une fenêtre, une voiture... il y avait tant de choses si faciles à faire pour mourir rapidement et cesser cette torture continuelle.
Mais Felix était lâche. Il se considérait comme un lâche. Il n'aurait jamais le courage de passer à l'acte.
Il sécha ses larmes et regarda l'heure sur son téléphone. 2h45. Il sortit des toilettes de l'appartement qu'il partageait avec 4 autres étudiants de l'université qu'il connaissait à peine. Il se chaussa, prit son manteau, poussa la porte de son logement partagé et descendit les marches de l'immeuble. Il marcha. 1h, 2h, 3h. Jusqu'à ce que la douleur dans ses jambes fatiguées de tous les entraînements de danse quotidiens comme ses yeux qui ne supportaient plus la fatigue et les larmes l'ayant précédée lâchent.
Il tomba là, à 6h du matin au milieu d'un parc vide avec comme seule pensée "Est-ce enfin la fin ?" Une dernière larme glissa sur sa joue, larme de tristesse destinée à son grand-père, larme de colère, destinée à ses harceleurs et à ses parents, larme de haine destinée à la vie.
Il resta là plusieurs heures avant d'être secoué par une personne qu'il ne parvenait pas à voir, ses yeux étant fermés, mais dont la voix lui était à la fois inconnue et singulière.
"Réveillez vous ! Vous m'entendez ? Hé ho !"
Un grognement répondit à la voix affolée. Un grognement qui exprimait la déception de Felix. Pourquoi son corps ne pouvait-il pas juste le laisser en finir ?
Le propriétaire de la voix qui avait causée son réveil soupira, de soulagement apparemment.
"Vous allez bien ?"
Felix ouvrit lentement un œil puis l'autre. Il passa les mains sur son visage sale. Il sentait encore les traces des larmes qui étaient passées sur sa peau quelques heures plus tôt et la poussière du sol s'était accrochée sur chaque parcelle de son corps découverte.
Sans un regard vers l'inconnu, plutôt énervé contre celui-ci, le jeune Australien se releva avec difficulté et se dirigea lentement mais décidé vers son appartement, non loin de la rivière Han. Il était décidé. Plus rien ne le retiendrait. La voix l'interpella plusieurs fois mais il ne répondit pas. Lorsque le propriétaire de la voix se décida enfin à le laisser, il était presque arriver.
Il passa une dizaine de minutes à marcher encore avant de se laisser tomber à genoux à côté de la rambarde qui le séparait de la mort. Il revit en quelques scènes sa vie, son enfance difficile, son adolescence tout autant.
Il souleva sa première jambe, prit appui dessus pour se redresser, posa ensuite sa seconde jambe. Il était là, debout sur une rambarde assez épaisse et il lui suffisait de basculer un petit peu en avant pour...
Le dernier mouvement fatal qu'il allait réaliser fut stopper lorsqu'on le tira par derrière. Il atterrit les fesses sur le trottoir, laissant échapper un gémissement de douleur. Il leva la tête vers celui qui venait de lui sauver la vie, de le forcer à continuer cette vie qu'il haïssait tant.
"Encore toi ?"
Il s'agissait du fameux garçon qui l'avait trouvé peu de temps avant dans le parc.
"Je...."
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Don't save me
Fiksi Penggemar----- Lee Felix, 21 ans, s'accroche à la vie comme il peut. Mais un jour, son monde s'écroule et plus rien ne le retient. À part peut-être.... Comment redonner le goût de vivre, la joie de vivre a quelqu'un qui a tout perdu ? C'est la mission du jeu...
