Cauchemars

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Après une nuit de sommeil, les quatre colocataires se réveillèrent en début d'après-midi, leurs cerveaux probablement fatigués par l'épreuve de la veille. Heureusement pour eux, l'université avait fermé pour le moment, laissant tous les étudiants se remettre du choc qu'était la découverte d'un de leurs camarades ensanglanté et à moitié-mort.

À peine levé, Chan marcha vers la chambre que Jeong In partageait avec Seungmin, s'inquiétant de l'état du noiraud. Celui-ci était encore endormi et semblait bien plus tranquille que ces derniers jours. Le roux quand à lui était en train de discuter avec Hyunjin et apparemment, leur échange était plus qu'animé.

Le brun passa délicatement une main dans les cheveux légers du plus jeune. Celui-ci poussa un soupir avant de se retourner dans son lit. Il devait rêver puisqu'il se tourna et retourna encore plusieurs fois tout en haletant ou en gémissant.

- Non, lâcha-t-il en un soupir, Felix.

L'Australien fronça les sourcils en voyant de une goutte perler sur le front du noiraud qui continuait son manège, apparemment profondément endormi. Après une hésitation, le brun secoua Jeong In qui grogna.

- Encore deux minutes Seungmin.

- Jeong In ? C'est moi.

Le noiraud ouvrit soudainement les yeux.

- Christopher ?

- Tu vas bien ?

L'air inquiet de son aîné rendit le plus jeune soucieux. Qu'avait-il fait pour que le brun soit dans cet état ?

- Oui t'inquiète pas pour moi.

- Depuis combien de temps tu fais des cauchemars.

Oh c'est donc ça, pensa le plus jeune, gêné que son aîné l'ait remarqué.

- Pas si longtemps.

- Une semaine je suppose, tenta Chan.

- Hmmmm, non un peu plus.

- Tu peux me le dire tu sais. Seungmin sait lui ?

- Non il a un sommeil trop profond ! Et je ne veux pas qu'il soit au cours.

- Alors explique-moi. Je dirai rien mais si tu m'en parles je vais m'inquiéter Jeong In, tu comprends ?

- Tu vas me haïr ou avoir pitié et je ne veux aucun des deux, souffla le noiraud.

- Tu sais que je sais écouter. Je ne donnerai aucun avis et ce que tu me diras n'aura aucune incidence sur notre amitié. Et je m'appelle Chan, ajouta le brun avec un clin d'œil.

- On peut sortir ? Je ne veux vraiment pas que Seungmin ou Hyunjin n'entende.

- Le parc ça te va ?

- Oui

Les deux garçons prirent leurs vestes et se chaussèrent avant de quitter l'appartement en saluant leurs deux autres colocataires, toujours en train de discuter avec énergie et grands cris.

Ils s'installèrent finalement sur un banc libre sur lequel Jeong In s'affala, ayant traîné des pieds de fatigue durant leurs pauvres minutes de marche.

Après avoir laissé quelques minutes au plus jeune pour qu'il se réveille totalement, Chan pivota vers lui.

- Alors, commença-t-il avec douceur pour ne pas donner l'impression au noiraud qu'il l'agressait, je t'écoute. Prends ton temps et si tu as besoin de faire une pause, aucun problème d'accord ?

Le concerné hocha la tête pendant qu'il regroupait les idées dans sa tête, rendant le tout un peu moins confus.

- Tu sais que je suis un ami de Felix depuis quelques années. Depuis un peu plus de deux ans pour être exact.

- Oui, sourit l'Australien pour l'encourager à continuer dans sa lancée.

- Avant que Felix n'arrive en Corée, à l'université, c'est moi qui était la victime de ses harceleurs actuels. Ne me coupe pas s'il te plaît, ajouta-t-il en voyant la bouche de son aîné s'ouvrir. Je disais donc. Tout ce qui arrive à Felix depuis deux ans, m'était arrivé 5 ans durant durant mes années de fin de collège, de lycée puis d'université puisque les personnes dont je te parle ont souvent été dans les même établissements que moi, ou, au minimum, un d'entre eux qui ralliait d'autres élèves à sa "noble cause" qu'était l'élimination du petit intello qui sautait une classe, répondait toujours juste et était bien aimé par les professeurs. Quelques mois après l'arrivée de Felix, ils ont préféré se concentrer sur une cible plus facile. Quelqu'un qui pour se faire intégrer serait prêt à tout. Sachant que j'étais son colocataire, ils m'ont demandé de faire plusieurs choses en échange d'être laissé tranquille et le lâche que je suis, a accepté.

Jeong In respira profondément avant de continuer, sachant que la suite allait le blesser ainsi que son aîné.

- Je n'ai aucune excuse et je le sais alors ne tente pas de m'en trouver. C'est sur leurs "conseils" que j'ai proposé à Felix de marcher en arrière le matin, lui disant que les étrangers en Corée avaient pour habitude cela et il m'a cru, me faisant confiance. Je lui ai également dit que des lames se trouvaient dans le tiroir de sa table de nuit s'il se sentait mal. Je ne sais même plus tous les mensonges que je lui ai sorti dans le seul but d'être enfin un étudiant normal.

Les larmes coulèrent sur le visage doux du jeune homme qui continua de son mieux.

- A.. Alors Minho a.. avait raison. J.. j'ai peut-être été l.. là pour Felix après m... mais c'est moi une d... des personnes q... qui l'ont m..mis dans cet état.

Les larmes du noiraud redoublèrent. Le brun le prit dans ses bras avec tendresse.

- Et donc c'est la raison de tes cauchemars ? Tu te sens coupable ?

L'étudiant hocha la tête.

- Et depuis combien temps ça dure tout ça ?

- Un an et demi, renifla Jeong In. Mais ç.. ça s'est aggravé c.. cette semaine.

- Merci de m'avoir fait confiance Jeong In. Même si tu m'as dit le contraire avant, tu ne dois pas te sentir coupable. Tu as été intimidé, contraint à le faire. Ton choix n'était pas égoïste. Je ne sais pas comment t'expliquer ce que je veux te dire. Je suis juste encore plus en colère contre les harceleurs de Felix et donc les tiens. Tu as bien fait. Ils auraient tout de même trouvé un moyen de blesser Felix mais ils auraient en plus continuer à te harceler. Même Felix ne t'en voudra pas Jeong In. Tu l'as beaucoup aidé. Et Minho regrette ce qu'il s'est passé hier. Il s'en veut énormément.

Le brun se tourna vers son aîné les larmes aux yeux.

- Merci Chan, tu peux même pas savoir à quel point tes mots me font du bien.

Il serra de toutes ses forces le brun contre lui.

- Merci

Le plus âgé passa une main dans les cheveux du noiraud qui, à sa grande surprise, s'endormit dans ses bras, sans aucun doute fatigué par sa nuit et ces révélations.

- Repose-toi petit ange, souffla-t-il avant de l'installer plus confortablement sur son épaule tout en le remettant en place lorsqu'il basculait, consultant son téléphone et les messages de son petit ami avec son autre main.

Il se sentait enfin bien après ces deux semaines épuisantes, il retrouvait un semblant de paix intérieur en gagnant la sensation d'être important et utile pour ses nouveaux amis.


Don't save meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant